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SAINT FLORENT, REGGAE- MAKER: « Il faut que le président Damiba écoute nos messages »

Originaire de Koudougou dans le Centre-Ouest du Burkina où il est né et a grandi, Saint Florent, à l’été civil Zoma Koumenmogo Florent, est un reggae-maker auteur de deux albums « Nos cultures », sorti en 2017, « A quand l’unité de ma terre », en 2020 et un single « Ma lettre », sorti en juin 2022. Danseur, chorégraphe et percussionniste également, il s’est confié à nous à travers cette interview exclusive. L’artiste nous parle de sa passion pour la musique, des difficultés rencontrées, de son quotidien, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : comment allez-vous ?

 

Saint Florent : je vais très bien.

 

Comment vous vous êtes retrouvé dans la musique ?

                                                                                 

Tout a commencé en 1995 quand j’ai commencé en tant que danseur, chorégraphe et percussionniste dans la troupe traditionnelle de la localité de Sabou, auprès de Koudbi Koala des Nuits Atypiques de Koudougou (NAK).

 

Est-ce le fait d’avoir une mère chansonnière qui a véritablement suscité cette passion en vous ?

 

Je n’ai pas très bien connu ma maman. C’est après son décès en 1994 que ceux qui l’ont connue m’ont dit qu’elle était une grande chansonnière. Lorsque je chantais dans certaines grandes cérémonies, le public me disait que j’ai hérité ce gène de ma génitrice.

 

Et pourquoi le choix du reggae ?

 

Le reggae est une musique qui soigne, c’est la lumière et elle défend. J’ai beaucoup été impressionné par Lucky Dube.

 

Pensez-vous que les messages des reggae- makers sont perçus par nos dirigeants ?

 

Le reggae c’est la dénonciation et je pense que nos dirigeants écoutent le reggae. Lorsque j’ai sorti mon premier album, je me suis rendu à la Présidence du Faso pour le remettre à Rock Marc Christian Kaboré. Deux semaines après, j’ai reçu un appel de soutien financier pour réaliser mon clip. Donc nos dirigeants écoutent nos chansons. Le plus important dans le reggae, c’est la pertinence des messages que nous véhiculons.

 

Etes-vous un rasta aigri ou révolté ?

 

Je suis révolté suite à tout ce qui se passe en Afrique. Nos Chefs d’Etat doivent mettre les choses à leurs places et cesser d’être des marionnettes.

 

Qu’est-ce qui fait la particularité de votre reggae ?

 

Je suis différent de par ma façon de chanter. Mon reggae a une coloration traditionnelle et je suis unique dans mon genre.

 

Ne pensez-vous pas que le reggae est en perte de vitesse face à la montée des musiques dites urbaines ?

 

Non, pas du tout, le reggae se porte toujours très bien. Il est indélébile.

 

 

Quel bilan faites-vous de votre jeune carrière ?

 

C’est un bilan positif car en seulement cinq ans de carrière, cela m’a permis d’être l’initiateur du festival « La Nuit du reggae de Koudougou ». Je peux dire que ça va.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à initier ce festival ?

 

Avec mon groupe TJOB à l’époque, j’organisais des tournées dans des villes. Et comme je suis un bon rassembleur, l’idée est venue d’organiser ce cadre de rencontres et d’expressions artistiques pour la ville qui m’a vu naître. Et la prochaine édition qui sera la quatrième aura lieu en février 2023.

 

Que rencontrez-vous comme difficulté majeure en tant qu’artiste ?

 

Depuis le début de ma carrière jusqu’à nos jours, je n’ai jamais eu de producteur. Je m’autoproduis, je suis ouvert à toute collaboration et j’espère que ça ne va pas tarder. La difficulté majeure est donc le manque de moyens financiers pour la production des œuvres.

 

Mais comment s’est faite la rencontre avec l’animatrice Princess de Ouaga FM qui a intégré votre staff ?

 

C’est en 2018 à la première édition de mon festival que nous nous sommes rencontrés. Et depuis lors, tout se passe bien. Je profite de l’occasion pour lui témoigner ma reconnaissance pour sa disponibilité.

 

Peut-on savoir votre quotidien ?

 

Généralement, je passe tout mon temps libre à écrire.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis infiniment merci pour le soutien à travers leur mobilisation lors de mes concerts. C’est une marque de sympathie.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Je ne vis pas de ma chanson mais je vis de la percussion. Je suis un instrumentiste, c’est de ça que je vis.

 

Quels sont vos projets ?

 

Je souhaite ouvrir un espace culturel de live, et il y a des projets de voyages, à travers le monde, pour donner des cours de percussion. Il y a également un projet d’album de quatorze titres.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Rastafari. (Il éclate de rire)… Je suis célibataire et père d’une fille.

 

Que feriez-vous si votre fille décidait de chanter ?

 

Elle m’a dit qu’elle veut chanter et je suis même en train d’écrire une chanson pour elle. En 2023, je la ferai entrer en studio.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Franchement, ça va dans l’ensemble mais le reggae n’avance pas au Burkina Faso car nous n’avons pas assez de cadres d’expression. Il y a beaucoup de festivals qui ne nous ouvrent pas leurs portes.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Par rapport à la situation sécuritaire, ça ne va pas et il faut que le Président Damiba écoute nos messages. Nous avons une vision lointaine que lui et ses conseillers ne voient pas. A quoi ça sert de faire un coup d’Etat si on ne peut pas mieux faire que l’autre. Merci à toute l’équipe d’Evasion.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

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