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YVES DE BIMBOULA, ARRANGEUR: « Il y a des artistes qui ont peur de mettre l’argent dans la communication, alors que la musique c’est du business »

A l’état civil Yves Toupko, ce jeune arrangeur d’origine ivoirienne communément appelé Yves De Bimboula est né à Divo dans le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire où il a grandi avant de se retrouver à Abidjan pour les études. Ayant découvert le Burkina Faso en 2008, il décide de s’y installer en 2010. Frère du célèbre arrangeur David Tayorault, il a réalisé plusieurs œuvres à succès. A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, Yves nous parle de sa passion pour les arrangements, jette un regard critique sur le showbiz burkinabè, parle de la situation sécuritaire que traverse le Burkina, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Yves De Bimboula : Je vais bien par la grâce de Dieu.

 

Comment vous est venue cette passion pour les arrangements de musique ?

 

C’est inné en fait. J’ai commencé à jouer à la batterie depuis l’âge de six ans. Après, je suis entré dans une chorale où j’étais chantre soliste. Et j’ai voulu créer ma touche, comme quelqu’un qui est un modèle pour moi et qui est mon grand frère à savoir David Tayorault. C’est de là que tout est parti.

 

Etes-vous issu d’une famille de chanteurs ?

 

A part David Tayorault qui est artiste-chanteur, mon père, lui  est instrumentiste-percussionniste.

 

Beaucoup de jeunes veulent chanter pour être vus alors que vous décidez d’être arrangeur et de rester dans l’ombre. Pourquoi ?

 

Moi, j’aime les challenges et je préfère fabriquer. Chanter offre beaucoup de la visibilité mais moi ce n’est pas mon objectif ; j’aime rester en arrière-plan pour faire le gros boulot. L’arrangeur est celui qui fabrique l’artiste-chanteur.

 

Pourquoi êtes-vous aussi discret ?

 

Moi, j’ai toujours été discret. Je préfère être discret, car cela évite beaucoup de soucis. Je préfère rester dans mon coin et faire le gros boulot.

 

Pourquoi avoir choisi le Burkina pour vous installer ?

 

J’ai commencé à fréquenter le Burkina depuis 2008 et j’ai décidé de m’y installer en 2010. Quand Yacou Keita a contacté David Tayorault afin qu’il lui trouve quelqu’un pour relancer son studio, David lui a dit que la personne qui sied, est moi. Voilà la petite histoire.

 

Comment trouvez-vous les arrangeurs du Burkina comparativement aux Ivoiriens basés en Côte d’Ivoire ?

 

Chacun a sa manière d’arranger, chaque arrangeur a son style. Moi, je suis venu avec mon style qui a plu à beaucoup d’artistes burkinabè. Je n’ai pas de critique particulière à leur égard.

 

Selon vous, pourquoi la musique burkinabè n’est-elle pas bien positionnée à l’international ?

 

Je pense qu’il y a un problème. Le véritable problème est que chacun veut faire comme l’autre au lieu de créer son propre style. Chaque pays a sa culture et son identité en termes de musique. Et c’est cette identité que chaque pays prend et développe. Les artistes burkinabè gagneraient à travailler la musique de chez eux. Ils ont besoin aussi d’un accompagnement consistant. Il ne suffit pas d’entrer en studio, c’est l’après studio qui nécessite le maximum de moyens financiers.

 

Et c’est quoi l’après studio ?

 

C’est la communication. Il y a ici des artistes qui ont peur de mettre l’argent dans la communication. Je m’excuse mais il faut comprendre que la musique est comme le commerce. C’est du business. Voilà pourquoi on parle de showbiz. Plus tu y investis, plus tu gagnes.

 

Quels sont les artistes que vous avez arrangés et qui ont connu beaucoup de succès ?

 

Il y a Floby, Tiness, Belissa, Daizy Bofola. Mais, il y en a qui ne sont plus de ce monde dont Tify’s et Safoura Delta.

 

Parlant de promotion des artistes, peut-on accuser le ministère de la Culture de ne rien faire dans ce sens ?

 

Il faut que les artistes sachent que la promotion de leur musique n’est pas du ressort du ministère de la Culture. C’est plutôt le travail du peuple burkinabè lui-même. Les politiques viennent après comme les mécènes. Je ne pense pas véritablement que les artistes burkinabè aient compris que la musique est un business.

 

Quel est votre regard sur la crise sécuritaire que traverse le Burkina actuellement ?

 

Je demande au peuple burkinabè d’être très courageux. C’est très triste de voir le Burkina dans une situation pareille. Je souhaite qu’on se mette ensemble pour faire face à cela, peu importe les divergences. Cette situation n’est pas bonne pour le Burkina et j’en sais quelque chose pour avoir vécu la crise ivoirienne. Le Burkina est mon pays et je ne souhaite pas qu’une situation pareille arrive ici.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Si je ne suis pas au studio, c’est que je suis à la maison. Je ne suis pas de ce genre d’hommes qui aiment sortir, cela ne va pas avec mon métier. Par moments, mon épouse se plaint de ce côté casanier, mais c’est ma nature.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de trois enfants dont deux garçons et une fille.

 

Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs pour terminer ?

 

D’abord, je dis merci au peuple burkinabè pour m’avoir adopté et je voudrais que notre Dieu étende sa main de protection sur le Burkina Faso afin que nous ayons la paix pour construire ensemble ce beau pays. Grand merci à Evasion pour cette interview qui est l’un des rares entretiens que j’ai accordés à la presse, car j’aime la discrétion. Merci à vous Kerson qui me suivez depuis ma venue dans ce pays.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

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