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YACOUBA KABORE, CREATEUR DE MODE: « Consommer local fera notre force »

Originaire de Zorgho, ce jeune créateur de mode a sa collection à travers le monde. Très discret, Yacouba Kaboré est né à Bobo-Dioulasso où il a grandi avant de débarquer à Ouagadougou, en 2004.  Issue d’une famille de stylistes, Kaboré styl Plus comme on l’appelle communément, nous a ouvert les portes de son atelier, sis au quartier Kolg-Naaba pour cette interview exclusive, juste avant la tenue de la 15e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Dans cet entretien, il revient sur son parcours, donne sa lecture de la mode burkinabè, parle de ses projets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Yacouba Kaboré : Ça va tout doucement après une convalescence.

 

Comment êtes-vous arrivé dans le monde de l’art vestimentaire ?

 

Dans les années 93, quand j’ai quitté l’école, mon père m’a suggéré de m’orienter dans un corps de métier. Comme j’avais la passion pour la mode, je me suis retrouvé à l’atelier de mon grand frère auprès de qui j’ai appris la coupe et la couture.

 

Quelle a été la suite ?

Quand je suis arrivé à Ouagadougou, je me suis retrouvé à Yannick Couture. Ensuite, le styliste Zek a entendu parler de moi et il est venu me chercher et je suis resté auprès de lui pendant cinq ans avant d’ouvrir mon propre atelier, Kaboré Styl Plus, en 2009. Mais pendant tout ce temps, je me suis également penché sur la création de mode.

 

Comment la mode burkinabè se porte-t-elle ?

 

Je me dis que ça avance quand même bien. Il y a de jeunes stylistes qui font parler du Burkina. Comparativement à deux décennies en arrière, il y a une nette amélioration au niveau même des populations. Le Burkinabè commence à bien s’habiller, à avoir du style.

 

Avez-vous une spécialité ?

 

Je suis mixte avec un penchant pour la coupe masculine. Je crée des modèles que je propose à ceux qui viennent me voir en fonction de leur corpulence, leur teint, leur milieu professionnel et autres.

 

Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?

 

L’art vestimentaire fait partie de la culture, un peuple s’identifie aussi de par sa manière de se vêtir. C’est pourquoi il est très important de travailler avec nos produits locaux comme le Faso danfani.

 

Présentez-vous souvent vos collections à travers des défilés de mode ?

 

Mes créations dépassent déjà les frontières du Burkina et de l’Afrique depuis quelques années. J’ai des collections aux USA, en Europe, au Canada et dans des pays africains comme le Kenya et le Sénégal. En ce qui concerne les défilés, des projets sont en cours.

 

Serez-vous présent au SIAO 2018 ?

 

Oui, j’y serai à travers le stand de l’union des couturiers du Burkina. C’est la biennale de nous les artisans et il est impératif d’y prendre part afin de montrer à la face du monde et aux visiteurs, notre potentiel.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Dès le matin, quand j’arrive à l’atelier, je fais le programme de la journée avec ma secrétaire, chaque collaborateur a au moins quatre tenues à faire pour pouvoir respecter les rendez-vous. Mon quotidien est coloré par le travail à l’atelier et la recherche de la création tout en m’occupant de ma petite famille.

 

Quels sont vos projets ?

 

C’est la création d’un centre de formation pour les jeunes qui veulent se lancer dans le domaine de la mode. Au niveau de l’atelier, j’en ai déjà formé et qui sont en activité chez moi et ailleurs, mais je veux un centre spécialisé pour la formation et pour des résidences de création.

 

Et quels sont vos rapports avec les autres stylistes ?

 

Ça va, ce sont des rapports d’amitié et de travail. Il n’y a pas de problème particulier entre nous. Nous sommes complémentaires.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de trois enfants.

 

Que ferez-vous si votre enfant décide de suivre vos pas dans la mode ?

 

Je dirai que c’est une suite logique, car je suis moi-même issu d’une famille de stylistes. Donc, je vais respecter son choix.

 

Pour clore cette interview, quel est votre message ?

 

Je dirai merci à votre journal pour cette approche afin de faire connaître la mode burkinabè à travers ma modeste personne. Je demande aux populations de croire aux stylistes et créateurs de mode du Burkina Faso, car il y a de la matière à vendre et à valoriser. Il faut consommer local et c’est ce qui fera notre force. Que la paix règne dans notre chère patrie.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

 

 

 

 

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