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ARTHUR OUEDRAOGO, promoteur culturel et mécène: « L’artiste est ingrat dans son monde clos »

Coordonnateur de Kings-way production et fiscaliste d’entreprise, Arthur Ouédraogo est un jeune promoteur culturel qui figure parmi les rares mécènes que compte le Burkina Faso. Né à Ouagadougou et originaire de Kombissiri, il a voyagé dans plusieurs pays de la sous-région. Ce passionné de culture a bien voulu nous accorder cette interview exclusive à travers laquelle il revient sur sa passion pour la culture, parle de son quotidien, de ses projets, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Arthur Ouédraogo : Je vais bien, malgré les difficultés que traverse le pays. Il faut le reconnaître, le Burkina n’est plus le même d’avant, car les différentes attaques terroristes affectent le milieu de la culture.

 

D’où vous vient cette passion pour la culture ?

 

Moi, j’ai commencé à chanter depuis l’enfance. La culture, c’est l’amour de la patrie. Quand on aime son pays, on doit aimer sa culture et la promouvoir est un acte patriotique. Ma passion pour la culture est venue du fait que j’ai essayé dans ma tendre enfance d’arborer quelques scènes musicales avec l’influence du hip hop jusqu’au zouglou et quelques rythmes traditionnels. 

 

Pensez-vous avoir fait un bon choix dans la dynamique d’accompagner les jeunes talents ?

 

Il y a des talents que nous avons accompagnés et qui font la fierté de notre culture. Cependant, il y a des artistes que nous avons soutenus mais qui ne font pas de l’art musical leur profession, c’est vraiment du gâchis. Il y a plein de noms que je ne voudrais pas citer. Dans le milieu du show-biz, on sait que l’artiste est ingrat parce qu’il vit dans son monde clos et quand il a besoin d’accompagnement, il sait à quelle porte taper. Quand il franchit un palier, il change d’amis. Mais, je n’ai aucun regret de soutenir les artistes. Ainsi va la vie.

 

Pouvez-vous nous présenter votre structure qui est Kings-way production ?

 

Au départ du projet, nous avons pensé trouver un espace culturel où les artistes burkinabè et d’ailleurs pourront venir faire leur promotion. C’est ce qui a abouti à la création du maquis Kings-way. La structure de production essaie de soutenir les réalisations des projets des artistes, nous sommes plus dans le mécénat.

Avez-vous l’accompagnement de certains partenaires ?

 

Votre question est la bienvenue, nous produisons 82 emplois directs et 72 emplois indirects. Nous avons été approchés par certains ministères mais, malheureusement nous n’avons jusque-là pas bénéficié de soutien.

 

A un moment, avez-vous voulu jeter l’éponge ?

 

Il nous arrive souvent d’y penser. La promotion de la culture n’est pas une priorité pour le Burkina, je m’excuse de le dire, mais c’est comparativement à certains pays. Souvent, on est découragé et on se demande à quoi bon continuer. On a souvent des déceptions mais pas de regret. Nous avons accueilli plus de 600 artistes de divers horizons.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Elle évolue à son rythme mais difficilement. Si nous étions beaucoup de promoteurs et mécènes, si le gouvernement en faisait une priorité, la musique burkinabè irait loin. Il va falloir que nos artistes aillent à la conquête des scènes internationales au lieu de chercher à ouvrir des bars et créer des festivals.

 

Ne pensez-vous pas que les patrons de maquis sont complices de la diffusion excessive de la musique étrangère ?

Je ne pense pas. Il incombe à nos artistes de produire des œuvres de qualité. Il y a des exemples comme Abibou Sawadogo dont les œuvres sont bien diffusées. Un artiste burkinabè ne peut pas faire du zouglou et être meilleur que les zougloumen ivoiriens, il faut valoriser nos rythmes.

 

Quel est votre quotidien ?

 

C’est d’aller au boulot et de partager de bons moments entre amis. Il faut toujours travailler à créer de nouveaux projets et ouvrir son agenda à des relations publiques, culturelles et au monde des affaires.

 

Quels sont vos projets dans le domaine culturel ?

 

Il y en a beaucoup. Nous avons déjà pris contact avec Shamar Empire de Jonathan Pitroipa pour que le Burkina Faso musical, à l’image de celui du cinéma, devienne la plaque tournante de la musique. Il faut mettre les moyens.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de trois enfants dont deux filles et un garçon.

 

Quels souvenirs gardez-vous de votre passage au magazine « La voix du financier » ?

 

Cela fera bientôt deux décennies que nous avons participé à la création de ce journal qui est un magazine de L’ENAREF. Ensuite, il y a eu une expérience au journal « La république ». Ce sont de beaux souvenirs.

 

Pour terminer, qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?

 

Je remercie ceux qui auront la patience de lire cette interview, les gens ne sont plus trop des lecteurs de journaux, tout le monde est scotché sur son téléphone. Quel que soit le développement, le journal sur papier demeure le moyen de communication le plus fiable et le plus résistant. Merci à votre équipe de rédaction.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

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