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SIDIKI YOUGBARE, COMEDIEN, ACTEUR DE CINEMA ET METTEUR EN SCENE « Il nous faut l’union au Burkina »

Né à Poemtenga dans le département de Diabo, à  l’Est du Burkina où il a grandi avant de se retrouver à Ouagadougou en 1997, Sidiki Yougbaré est depuis pratiquement deux décennies sur les planches. Comédien, acteur de cinéma et metteur en scène, il a joué dans six films et a déjà mis en scène sept pièces théâtrales. A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, il nous parle de ses débuts dans le théâtre, du déclic de sa carrière dans le cinéma, jette un regard critique sur l’évolution du théâtre burkinabè, nous parle de ses projets, lève le voile sur sa situation matrimoniale et aborde sans détour d’autres sujets. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Sidiki Yougbaré : Je me porte très bien par la grâce de Dieu.

 

Comment vous êtes-vous  retrouvé dans le monde des arts vivants ?

 

Disons que tout a commencé à l’école comme chez beaucoup d’artistes. On avait un instituteur qui aimait l’art et c’était même un guitariste. Il nous faisait monter des sketchs et nous emmenait jouer avec des élèves d’autres écoles dans les villages voisins. Après l’école, je me suis retrouvé à Ouagadougou et un ami m’a proposé de faire le théâtre. Et c’est comme ça que je me suis retrouvé à Gambidi. Ensuite, on a essayé de créer notre compagnie, la compagnie kala kala théâtre, en 2004, et depuis lors, je travaille avec cette compagnie. J’ai rencontré beaucoup de gens dans mon parcours et avec Eudoxie Gnoula, on a mis en place un centre à Saaba qui est le centre culturel Pamtaabo dont elle est la fondatrice. Mais ça ne m’empêche pas de travailler avec d’autres associations. A ce propos, avec des amis Béninois, Belges et Guyanais, on a mis en place le CRAC international qui regroupe presque cinq compagnies de cinq pays.

 

Vous êtes également dans le cinéma, comment s’est-il opéré le déclic ?

 

Le cinéma est venu plus tard. J’ai commencé avec Aboubacar Diallo qui m’a pris dans son film « Mogo Puissant » où j’ai joué mon premier grand rôle.

 

Ensuite, quels sont les films qui ont suivi ?

 

Il y a eu « Ali le millionaire » avec Inoussa Kaboré. Après, j’ai joué avec Aziz Nikiéma dans son film « Filtre d’amour » qui a remporté le meilleur prix de l’interprétation masculine à Clap Ivoir 2010. Puis, Aboubacar Diallo m’a fait encore appel pour « Omar et Charlie », il y a eu « La fugitive », « Femme au foyer » de Kady Traoré, « Duga les charognards » d’Abdoulaye Dao et Eric Lingani.

 

Vivez-vous plus du cinéma ou du théâtre ?

 

Je vis plus du théâtre et ces derniers temps, j’ai fait plus de mises en scène au point que je n’ai pas joué en tant que comédien.

 

Quelles sont les pièces théâtrales que vous avez mises en scène ?

 

Ça a commencé avec « Zitba » avec Eudoxie Gnoula en 2010 et deux ans plus tard, il y a eu « Nak nak », « Zom maasé », « Trois prétendants, un mari » qui était une commande du CITO ; « Mademoiselle Frankenstein », une commande de l’espace culturel Gambidi pour le compte du FITMO et « Une hyène à jeun » tout récemment en juin 2019.

 

Peut-on dire que vous vivez de votre art ?

 

Ce serait mentir que de dire que je ne vis pas de mon art parce que je ne fais que ça. Maintenant, ça dépend de quelle vie tu veux vivre, (il éclate de rire)… Si tu veux vivre comme un enfant d’Ali Bongo alors que ton père ne l’est pas, ça va être compliqué. Mais avec les petits revenus que je gagne par-ci par-là, j’arrive à m’organiser.

 

Quelle est la difficulté majeure qu’un jeune acteur comme vous rencontre ?

 

Les difficultés sont les mêmes. Quand les projets s’enchaînent, on ne sent pas la disette. Mais quand on doit attendre, c’est compliqué. Il y a des gens qui entreprennent et il y a ceux-là qui attendent qu’on les appelle et là, ce n’est pas évident. Plus on travaille, plus on s’en sort. Plus on ne travaille même pas, plus on a des difficultés.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Quand je ne répète pas, je suis à la maison et je lis, c’est la seule chose que je sais faire. Souvent, le soir, je fais du sport ou bien je vais danser avec les danseurs.

 

Quels sont vos projets ?

 

On est en train de lancer les rencontres internationales de théâtre en langues vernaculaires, ça va se tenir en 2020, c’est ça notre grand projet. On vient de réaliser le week-end écoulé, un projet qui me tenait à cœur, c’est « Duni la nature crie », une pièce sur la thématique du changement climatique et de la migration. La pièce a été co-écrite avec Marie Vayana de la Belgique, elle l’a écrite en français et moi, en mooré. Une chose est de créer et une autre est de vendre après.

 

Comment jugez-vous l’évolution du théâtre burkinabè ?

 

Le théâtre burkinabè évolue très bien.  Il y a des choses qui bougent. On n’a pas les moyens mais chacun se bat à son niveau pour que son art avance. Et tout cas, c’est l’effort individuel qu’il faut saluer parce qu’après, le résultat est collectif.

 

Vous êtes tout le temps jovial, est-ce votre vrai visage en famille ?

 

(Eclats de rire)…  Oui, mais je me fâche aussi souvent.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis célibataire et père d’un enfant.

 

Si votre enfant décidait de suivre vos traces dans l’art, que feriez-vous ?

 

C’est son choix, il n’y a pas de soucis. Souvent, tu peux vouloir que ton enfant soit pilote mais dans sa destination, ce n’est pas ce qui l’intéresse, il peut faire ce qu’il veut.

 

Quel a été votre voyage mémorable ?

 

C’est mon premier voyage en Europe, c’était en 2008 en France, mais pas dans le cadre du théâtre. Ensuite, je suis reparti en France pour une tournée avec Mahamadi Nana avec le « Le crépuscule des temps anciens », « Le songe d’une nuit d’été ». Aussi, je me suis retrouvé en Allemagne en 2012 avec « Zitba ». Après, il y a eu « Legs suite » avec Eudoxie Gnoula qui a remporté un prix en Belgique cette année. Un autre voyage mémorable, c’était en 2012 quand on est allé en tournée à Charleville-Mézières en France.

 

Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?

 

Il faut d’abord souhaiter la paix au Burkina Faso. Il nous faut l’union.

 

Sidiki Yougbaré est comédien, acteur de cinéma et metteur en scène. Si on vous demandait de faire un choix parmi ces casquettes, ce serait laquelle ?

 

Comédien. C’est ça ma formation de base. Après, je me suis mis aussi à l’écriture en langue moorée. C’est tout un travail de recherche autour de la langue.

 

Vous êtes célèbre de par les films et célibataire également. Comment vous en sortez-vous auprès des filles qui vous draguent ?

 

Moi, je m’en sors très bien. Je ne suis pas un dragueur.

 

Un mot en guise de conclusion ?

 

Je vous dis merci d’être venu à l’écoute de mon travail. Merci à Evasion de donner la parole aux artistes.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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