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IRON BIBY, CHAMPION DU MONDE DE LOG LIFT: « Je mange actuellement cinq poulets par jours »

Originaire de la belle cité de Sya, à l’ouest du Burkina Faso, Iron Biby, à l’état civil Cheick Ahmed Al-Hassan Sanou, est le champion du monde du Log Lift et a également brisé le record du monde en soulevant 229 kilos en 2021 en Ecosse.  Titulaire de plusieurs records du monde en sport de force, il détient également un master en administration des affaires, obtenu au Canada.

Nous l’avons rejoint dans son fief à Bobo-Dioulasso pour cette interview exclusive. Il nous parle de son parcours, des difficultés rencontrées, aborde sans détour plusieurs sujets, nous dévoile son prochain défi et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Allons sur les traces de ce champion hors norme.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Iron Biby : Je vais bien. Physiquement, il y a de petites blessures et cela fait partie de la vie d’un athlète. Et malgré tout, on doit rester toujours  et fort.

 

D’où vient ce sobriquet de Biby ?

 

(Il éclate de rire)… C’est mon petit surnom depuis l’enfance. C’est mon grand frère qui m’a expliqué que quand j’étais tout petit, j’aimais prononcer « Biby », et que c’est ainsi que tout le monde m’appelle Biby. Et ce petit surnom m’a suivi et grâce à Dieu ce surnom est devenu international. A Bobo-Dioulasso, beaucoup ne connaissent pas mon vrai nom. Et j’ai ajouté Iron quand j’ai commencé à soulever le fer. J’ai combiné les deux noms et ça donne Iron Biby.

 

Tout petit vous étiez passionné par le football et le basket-ball, est-ce que vous avez pensé un jour être un champion de l’haltérophilie ?

 

Depuis tout petit, j’ai rêvé d’être un grand sportif, quelle que soit la discipline. Raison pour laquelle j’ai essayé le football, le basket-ball, le hand-ball et les arts martiaux. Mais si on me demande le sport dans lequel j’allais exceller, je n’allais pas pouvoir vous répondre. C’est l’envie d’être un grand sportif qui m’a emmené à découvrir ce sport de force quand j’étais au Canada, en 2009, pour les études. En étant étudiant, j’ai commencé à soulever les alters dans les salles de sport. Et des bonnes personnes m’ont invité à intégrer leur équipe. J’ai commencé avec la dynamophilie et j’ai remporté une médaille lors de ma première compétition.

 

Et c’était combien de kilos ?

 

En soulevée de terre, j’ai soulevé 300 kilos et j’étais très jeune. Mon équipe a remarqué que j’avais du potentiel et ma famille m’a soutenu. Petit à petit, j’ai compéti au niveau national et aujourd’hui je suis au plan international en commençant par le strong man où on doit être en mesure de tirer un bus, un train ou un avion.

 

Que devient votre diplôme de Master en administration des affaires, obtenu au Canada ?

 

L’apprentissage reçu à l’université doit rester dans le cerveau et on doit l’utiliser. Actuellement, je suis un produit que je dois commercialiser, savoir comment me vendre. Le diplôme m’aide dans mes décisions stratégiques. En règle générale, souvent l’athlète est exploité et tout le monde le sait. Et il faut savoir que ce n’est pas n’importe qui qu’on exploite, quand on t’exploite, c’est que tu as du potentiel. Donc ce diplôme m’aide beaucoup dans ces situations.

 

Vous avez parcouru plusieurs disciplines avant d’être le champion du monde du log lift, comment s’est fait le processus ?

 

J’ai fait plusieurs championnats au Canada et je crois que le grand tournant de ma vie, c’était en 2015. J’étais aussi joueur de football américain de la ville de Moncton et j’étais un peu confus car je ne savais pas s’il fallait continuer dans cette discipline ou en sport de force. Un jour, je suis allé en salle de sport et je ne sais pas si je peux dire heureusement ou malheureusement, il y a une charge qui est tombée sur mon pied causant une fracture. Je pensais que mon rêve de sportif était tombé à l’eau. J’ai appelé mon papa et il m’a dit de revenir tranquillement au pays. Et en 2016, il y avait une compétition mondiale de Strong Man. Le promoteur m’a appelé pour me dire qu’il avait besoin d’un athlète pour compétir. J’ai décliné l’offre et mon papa m’a dit comme il insiste, d’aller essayer. J’ai pris mon vol, je suis allé à Moncton et j’ai conduit tout seul mille kilomètres. Dans ces situations, on a toujours besoin de l’assistance et j’ai demandé à mon grand frère de venir auprès de moi. Grâce à Dieu, j’ai terminé à la 3e place sur le podium. Et depuis lors, on me réclame sur les podiums mondiaux. Et c’est de là que j’ai pris la décision d’être l’homme le plus fort du monde. Les autres athlètes pensaient que c’était du jeu et que je ne pouvais pas briser le record. On peut être champion du monde sans briser le record. Mon objectif c’était de briser les deux records du monde en act ptress et log lift. J’ai commencé en 2018 et j’ai eu la 1re place ex-aco avec un Britannique. En 2019, je me retrouve 1er sans briser le record. En 2020, il n’y a pas eu de compétition, à cause du Covid-19. Et 2021 a touché ma vie, j’ai dit à mon papa que c’est l’occasion, il m’a donné ses bénédictions. Et je brise le record. Et ils ont un appareil pour mesurer le bruit de cette mythique salle, ils ont ressorti que j’ai également brisé le record de bruit fait dans cette salle. Deux ans après je devais briser le record du log lift et malheureusement mon papa décède. Ce qui m’avait fait mal, il m’a dit de fêter cette victoire et je lui ai dit non, je dois fêter les deux records. C’est comme s’il savait qu’il ne verrait pas le sacre du log lift. Malgré la douleur en moi, suite à son décès, j’’ai remporté ce titre mondial en Ecosse. C’est  une manière pour moi de lui rendre un vibrant hommage. En 2022, j’ai eu mon 4e titre mondial en log lift. Je détiens toujours le meilleur record du monde qui de 229 kilos et j’ai voulu briser mon propre record en faisant 230 kilos mais je n’ai pas pu.

 

Quel est votre prochain challenge ?

 

Mon prochain challenge est de briser mon propre record et ce sera 235 kilos sur un territoire sans danger.

 

Avez-vous un petit mot doux à l’endroit de vos fans et du peuple burkinabè ?

 

Je leur dis merci pour tous leurs soutiens. C’est grâce à eux que je suis toujours debout et que j’ai encore le courage de continuer. Je vais toujours me battre pour le Burkina et l’Afrique car mes supporters vont au-delà des frontières du Burkina.

 

Quel est la vision du centre de gym que vous venez de créer ?

 

Le centre est dénommé LS VIP SPORT CENTER, il porte le nom de mon papa. C’est mon premier centre et il mérite de porter son nom. La vision est de former des athlètes dans toutes les disciplines de force. Tous les athlètes ont besoin de puissance musculaire. C’est ici que je fais mes préparations. Ce centre est un temple et est le secret du sport burkinabè. Je veux qu’il y ait beaucoup de champions au Burkina Faso car c’est un pays de champions.

 

Vivez-vous de votre sport ?

 

Je vis de mon sport. Quand on est à un niveau international et mondial, c’est à nous de savoir vous vendre.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis célibataire et père d’une fille. Je compte me marier très bientôt.

 

Que feriez-vous si votre enfant décide de suivre vos pas dans le sport ?

 

(Il éclate de rire)… Elle a le droit de faire ce qu’elle veut mais elle a le devoir de m’écouter. Si mon papa m’avait interdit de faire ce sport, le Burkina n’aurait pas cette gloire. Si elle décide de chanter, cela me ferait plaisir car j’adore énormément la musique.

 

Quel genre de musique aimez-vous écouter ?

 

J’aime écouter la musique douce, cette musique guérit le cœur.

 

Combien de poulets mangez-vous par jour actuellement ?

 

(Il éclate de rire)… Comme j’ai perdu près de 40 kilos, les poulets peuvent respirer. Je suis descendu à cinq poulets par jour.

 

Plus les années passent, plus les muscles ne répondent plus. A quand la retraite ?

 

Je vais écouter mon corps, mon médecin et mon équipe. Mais en attendant, j’ai encore du jus et le reste c’est Dieu qui va décider.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Merci mon frère Kerson pour le déplacement jusqu’à chez moi, à Bobo-Dioulasso. Cela fait un moment qu’on avait programmé cette interview, mais c’est le temps qui a sonné. Merci au journal Evasion et à tous vos lecteurs. Vivement que la paix revienne au Burkina, je me battrai toujours pour satisfaire mon pays.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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