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ISMO VITALO, artiste-musicien : « Le reggae burkinabè a légèrement sombré »

Ismo Vitalo, à l’état civil Ismaël Yoda, est originaire de Bourma dans la province du Boulgou au Centre-Est du Burkina. Né à Bingerville en Côte d’Ivoire et fils de commerçant, il a grandi entre San-Pedro, Bouaké et Daloa. Transfuge du groupe Vitalo avec lequel il a réalisé trois albums, l’artiste évolue désormais en solo depuis la dislocation du groupe. Avec deux albums et des singles à son actif, il prépare la sortie de son nouvel opus. Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, Ismo revient sur la vie du groupe, sa nouvelle aventure solo, parle de ses projets, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè et le reggae en particulier et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Ismo Vitalo : Dieu merci, je me porte à merveille. Tout va très bien.

 

Quelle est la cause de la dislocation du groupe Vitalo?

 

Au départ, cette séparation pesait sur moi et les fans également. C’est une longue histoire, je ne veux pas rentrer dans les détails. Mais je peux dire que je me suis entretemps rendu compte qu’Abass n’était plus prêt pour continuer l’aventure du groupe. Actuellement, il travaille au port d’Abidjan et moi, je poursuis ma carrière dans la musique.

Avez-vous gardé le contact ?

 

Oui, on s’appelle régulièrement et quand on se rencontre, on partage un verre ensemble et on discute. On a gardé de bons rapports.

 

Est-ce vrai que vous vous êtes rencontrés en prison ?

 

Oui, c’est en prison que nous nous sommes rencontrés. Au départ, nous étions trois. La 3e personne s’appelle Sessegnon Anidier qui est actuellement au Gabon.

 

Quels souvenirs gardez-vous des années de gloire avec le groupe Vitalo ?

 

Ce sont de bons souvenirs car le Burkina nous a bien accueillis. Quand nous y sommes arrivés de la Côte d’Ivoire, c’était juste pour trois mois, le temps de sortir l’album avec Seydoni production et puis, repartir. Mais voilà, cela fait 18 ans que je suis là au Burkina. Je dis merci à toute la population burkinabè pour cette adoption.

 

Quels sont vos projets pour cette carrière solo ?

 

Je sortirai cette année un nouvel album et j’entamerai une tournée nationale.  Il faut rappeler que mon premier album solo est « Souvenirs d’Afrique » sorti en 2009. Ensuite, il y a eu des singles et un second opus, « Fatimata », qui a suivi. C’est la sortie du nouvel album que je prépare.

 

Qu’en est-il de votre nouveau single qui vient à peine de sortir ?

 

C’est une reprise de la chanson « Bi fourou » d’Oumou Sangaré que j’ai retravaillée pour lui donner un autre style. C’est une chanson qui m’a beaucoup marqué quand j’étais tout petit. A travers cette chanson, j’invite les jeunes à se marier, surtout les jeunes filles.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Très bien, je vis de ma musique. Je n’ai pas une autre activité à part la musique. Souvent, on nous demande ce qu’on fait à part la musique, comme si la musique n’est pas un métier comme tout autre.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Elle est en pleine évolution. Je suis persuadé que cette musique a de beaux jours devant elle. Nous avons beaucoup de talents qui sont dans l’ombre, et leur jour viendra.

 

Et le reggae burkinabè ?

 

Le reggae burkinabè a légèrement sombré. Mais il y a certains artistes qui tiennent le coup. Ce sont les festivals qui s’intéressent beaucoup à nous, certains évènements ne nous programment pas, j’espère que ça va changer.

 

Cela ne vous donne-t-il pas l’envie de changer de genre musical ?

 

Je fais du reggae, c’est vrai, mais je fais également de la variété. Je fais un peu de tout. J’ai eu par exemple un featuring avec Dicko Fils qui a bien marché. Le nouveau single s’inscrit dans cette tendance.

 

Quel est ton message à l’endroit de tes fans ?

 

A tous les « bramogos » du ghetto, que Dieu vous bénisse, beaucoup d’espoirs et moins de soucis. Je prie pour que la paix et la cohésion reviennent au Burkina.

 

Que pensez-vous du fait que certains soutiennent que la drogue et le reggae sont liés ?

 

Je ne soutiens pas cette idée. C’est un jugement qui ne tient pas.

 

En consommez-vous ?

 

Cela fait 17 ans que j’ai arrêté de fumer.

 

Quel conseil prodiguez-vous aux jeunes qui veulent vous emboîter le pas ?

 

Il faut les inciter à aller d’abord à l’école. Un artiste qui n’est pas instruit, est à moitié limité.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je ne suis pas marié mais j’ai deux enfants. Le mariage ne saurait tarder.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Généralement, je me réveille à 10h, après le déjeuner, je répète entre 15h et 18h. Ensuite, je vais au studio quand je ne suis pas en voyage.

 

Pour terminer, un mot à l’endroit de nos lecteurs ?

 

Tout d’abord, je souhaite mes vœux de santé, de succès et de prospérité à tout le monde. Que les âmes des disparus reposent en paix. Je vous remercie pour cette occasion que vous m’accordez. Merci à vous qui faites beaucoup de choses pour la culture.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

 

 

 

 

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