Au fil des semaines

DRAME DE LA BASE AERIENNE: La nécessité de délocaliser les camps militaires

Des coups de feu entendus au centre-ville de Ouagadougou dans la nuit du mardi 21 juin 2022, ont créé la panique dans la capitale burkinabè où il faut le reconnaitre, il règne une forte psychose depuis que le pays s’est installé dans l’œil du cyclone des terroristes. L’on apprendra plus tard comme l’indique un communiqué émanant du parquet militaire, qu’il s’agit de tirs destinés à stopper un véhicule engagé dans le périmètre de sécurité de la Base aérienne 511,  jouxtant l’aéroport international de Ouagadougou. L’incident a malheureusement coûté la vie à deux femmes. Une troisième victime a été admise à l’hôpital pour des soins. Dans la foulée, l’on a appris qu’une enquête a été ouverte pour élucider les circonstances de ce drame qui comporte encore de nombreuses zones d’ombres. En attendant donc les conclusions des fins limiers de la Justice militaire, l’on ne peut qu’avoir une pensée émue pour les victimes dont l’identité permet aujourd’hui de dire qu’il s’agit d’innocentes personnes dont le seul tort est de s’être retrouvées au mauvais endroit au mauvais moment, et de la compassion pour leur  famille qui a vu arracher à son affection, et de façon aussi brutale qu’inattendue,  des êtres chers.

Cela dit, cet incident qui n’est d’ailleurs pas le premier du genre, vient poser la problématique de la présence des camps militaires dans les centres urbains. Le débat n’est pas nouveau et les risques sont bien connus. Hormis les incidents mortels comme celui du 21 juin dernier, il plane toujours sur la tête des habitants des villes qui abritent les camps militaires,  la menace d’une catastrophe liée à l’explosion d’un dépôt d’armes ou d’une poudrière.

 

 

En attendant que les lignes bougent, l’on ne peut qu’appeler les populations à la prudence

 

 

Et l’on ne le souhaite pas, des tirs d’obus en temps de guerre comme ceux que nous vivons aujourd’hui,  visant des installations militaires sises au sein des habitations,  peuvent entrainer de nombreuses victimes civiles collatérales. A côté de tels risques, les nombreuses altercations avec les populations riveraines des camps avec en sus des cas de violences physiques sur les civils comme il a été donné de le constater à plusieurs reprises dans les villes abritant des garnisons militaires, peuvent paraître mineures.

Au-delà de tous ces risques supposés ou réels, il faut dire que les barricades érigées dans nos villes par les Forces de défense et de sécurité (FDS) pour, dit-on, protéger des zones sensibles, n’améliorent pas l’image de notre armée déjà fortement écornée par ses intrusions violentes dans l’arène politique et ses difficultés à apporter la réponse attendue à la menace sécuritaire. En effet, elles donnent l’impression d’être une armée qui, au lieu de protéger les populations civiles, se méfie et se protège  en se réfugiant dans des abris « bunkarisés ». Une telle attitude n’est pas de nature à favoriser la collaboration tant attendue avec les civils et porte nécessairement atteinte à la confiance qui devrait prévaloir entre une armée et son peuple. Car, ce n’est un secret pour personne, dans l’imaginaire de bien des Burkinabè, les camps militaires, au lieu d’inspirer la confiance et la sécurité, sont plutôt redoutés et perçus parfois comme de hauts lieux de tortures.

En tout état de cause, il faut corriger cette vision et l’une des solutions est la  délocalisation des camps militaires des villes pour les extraire, comme cela se fait ailleurs, du champ des habitations et des activités des populations civiles. Il y va de la sécurité de tous et de l’image de notre armée. Mais en attendant que les lignes bougent dans ce sens, l’on ne peut qu’appeler les populations à la prudence et au strict respect des barrières de sécurité établies par les FDS qui, on le comprend, sont sur les dents par ces temps qui courent, en raison de la situation sécuritaire qui a fauché la vie à bien de leurs frères et compagnons d’armes. Car, comme le dit le proverbe, « quand on a déjà été mordu par un serpent, même du ver de terre, on se méfie ».   

 

P.K

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