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YELWOUIERE HERMANN SOME, SPECIALISTE DU LIVRE, DG HARMATTAN BURKINA: « Sincèrement, le Burkinabè ne lit pas beaucoup »

Originaire du Sud-Ouest du Burkina Faso, plus précisément de la localité de Dano, Yelwouiré Hermann Somé est un spécialiste du livre né à Bobo-Dioulasso. Ayant fait son cursus scolaire dans la ville de Sya et à Toussiana, son engagement pour la promotion du livre prend forme à l’université de Ouagadougou. Directeur général de la maison d’édition Harmattan Burkina fondée en 2006, il a bien voulu s’évader avec nous dans le nébuleux univers de la littérature à travers cette interview exclusive. Il nous parle de sa passion pour la lecture, des difficultés rencontrées dans son domaine, fait un bilan de ses activités, revient sur son quotidien, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Yelwouieré Hermann Somé : Je vais bien.

 

D’où vient cette passion pour la littérature ?

 

Pendant qu’on était à l’université, aujourd’hui université Joseph Ky Zerbo, on se promenait de faculté en faculté pour faire des exposés sur les livres. Tout cela pour inciter à mettre en place une structure du livre.

 

Pensez-vous que le Burkinabè lit beaucoup les livres de nos jours ?

 

Sincèrement, le Burkinabè ne lit pas beaucoup. La preuve est qu’il y a des informations qui leur passent inaperçues. Souvent, ils lisent par nécessité ou parce qu’ils veulent aller vérifier une information. Cela concerne beaucoup de couches socio-professionnelles.

 

Et qu’est-ce qui peut justifier cela ?

 

A la base, nous sommes plutôt un peuple d’oralité. Nous n’avons pas été habitués dès le bas-âge, soit parce qu’il n’y a pas les moyens, soit parce qu’il n’y a pas la disponibilité des livres.

 

Quelle action doit-on mener pour inciter à la lecture ?

 

Je crois que pour inciter à la lecture, il suffit de vulgariser le livre dès le bas-âge. Il faut emmener les enfants à lire déjà à la maison. Il faut qu’on essaie souvent de s’éloigner des écrans et se rapprocher des livres, cela nous permettra d’être un peuple de lecture.

 

Qu’en est-il des éditions Harmattan Burkina ?

 

C’est une maison d’édition de droit burkinabè qui est basée au Burkina Faso avec des responsables burkinabè. Nous avons comme objectifs l’édition, la diffusion et la publication des œuvres littéraires ainsi que des manuels scolaires, des thèses, des rapports et bien d’autres.

 

Peut-on savoir la difficulté majeure d’un littéraire burkinabè ?

 

La difficulté majeure du littéraire burkinabè est déjà d’ordre financier. Pour qu’une structure d’édition fonctionne, il faut des moyens parce qu’il y a des charges incompressibles. La maison d’édition doit prendre un certain nombre d’aspects car elle est au centre du livre. C’est toute une chaîne, de l’écrivain c’est-à-dire du manuscrit, à la mise en forme, à l’édition jusqu’à l’imprimerie, il faut de l’argent pour faire sortir le bouquin, c’est ce qui cause souvent problème. Pour l’amour que nous avons du livre, nous faisions ce qu’on appelle de l’édition à compte d’éditeur c’est-à-dire que l’édition prend en charge tout le processus, et pour le rentabiliser, il faut au moins cinq ans. Maintenant nous avons décidé de partager les risques en invitant l’auteur à contribuer.

 

Etes-vous satisfait du bilan de vos activités ?

 

Oui je suis satisfait parce que c’est une satisfaction morale parce que nous avons contribué à éditer des centaines de livres. Ce qui nous a motivé à créer Harmattan Burkina, c’est que nous avons remarqué qu’il y avait beaucoup d’auteurs qui ne savaient pas comment éditer leurs ouvrages. Le fait de participer à l’édition de plusieurs manuels scolaires du Burkina adaptés à notre culture et à notre système scolaire est une fierté pour nous.

 

Pensez-vous que l’auteur burkinabè vit-il de son art ?

 

Ça dépend, il y a des auteurs qui s’en sortent bien. Mais au Burkina, c’est difficile de vivre du livre. C’est la passion qui anime les auteurs, il faut que les mentalités changent, il faut que les gens s’adonnent beaucoup à la lecture pour changer la donne. Ce n’est pas comme au niveau des artistes musiciens ou des plasticiens qui s’en sortent un peu plus.

 

Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?

 

Je les encourage beaucoup à la lecture. Lorsque les gens ne lisent pas, il y a des informations qui leur échappent. Il y a des messages très importants qui sont dans les écrits.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Quand je me lève comme tout le monde, je viens au bureau et je m’occupe essentiellement de ce qui est de l’édition. J’y reste jusqu’au soir et quand je suis fatigué, je rentre à la maison. (Il éclate de rire)…

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de cinq enfants dont deux garçons et trois filles.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans le domaine de la littérature ?

 

Ce serait vraiment un plaisir. Je vais l’accompagner dans ce sens. Mais de nos jours, ce n’est pas évident avec nos enfants qui sont plutôt accrochés aux téléphones androïdes.

 

Quels sont vos vœux pour cette année 2023 ?

 

Je souhaite la paix et la sécurité pour notre pays afin de permettre au peuple burkinabè de vaquer à ses activités. Je demande à nos autorités d’écouter le peuple et de lui faire confiance.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je tiens à dire merci à l’équipe de votre journal pour cette pensée envers ma modeste personne. Merci à votre fondateur qui est également dans le domaine du livre pour la qualité de ses ouvrages. Que Dieu bénisse le Burkina Faso.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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