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ROBERT ILBOUDO, OPERATEUR CULTUREL: « Ce qui est triste au Burkina, c’est que les autorités négligent la culture »

Né dans le quartier populaire de Sarfalao de la ville de Bobo-Dioulasso où il a grandi, Robert Ilboudo est un jeune opérateur culturel originaire de la localité de Ipelcé dans le département de Saponé à quelques encablures de la capitale Ouagadougou. Fondateur du centre de formation culturelle Siniya Sigui sis à Zagtouli qui existe depuis 2006, il est également mécène, promoteur culturel et producteur d’artistes. A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, il nous parle de sa passion pour la culture le mécénat de son parcours, de ses projets, des difficultés rencontrées, jette un regard critique sur la politique culturelle, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt !

Evasion : comment allez-vous ?

           

Robert Ilboudo : Je vais très bien, que ce soit du côté de la santé que moralement.

 

D’où vient cette passion pour la culture ?

           

C’est depuis le jeune âge, j’ai commencé à participer à des concours artistiques. Ensuite, j’ai adhéré à la chorale de Sarfalao dans les années 90 et ensuite la chorale Saint Vincent de Paul de Bobo-Dioulasso. Par la suite, c’est devenu une passion.

 

Après la chorale, pourquoi n’avez-vous pas voulu être chanteur ?

 

C’est un choix. J’ai toujours voulu aider les gens et faire découvrir les jeunes talents. J’ai grandi dans un environnement chrétien avec mon papa qui m’a toujours dit que si une personne veut qu’on aide son enfant, il doit d’abord aider les enfants des autres. Je profite de l’occasion pour lui rendre un hommage. On n’aide pas parce qu’on a les moyens mais parce qu’on veut. Au niveau culturel, je soutiens les jeunes en situation difficile afin qu’ils vivent un jour de leur art.

 

Pouvez-vous nous parler de votre centre ?

                                                                                         

Siniya Sigui est un centre que j’ai créé pour venir en aide aux enfants en situation difficile, généralement des orphelins et les enfants dans la rue. On essaie de les réinsérer dans la musique, la danse, le théâtre et l’élevage. Il y a un autre volet qui prend en compte les filles-mères et les femmes démunies qu’on forme dans le tissage, la teinture et la couture. Il y a aussi le parrainage scolaire que nous faisons. Nous avons deux sortes de pensionnaires, il y a des internés et ceux qui vivent hors du centre.

 

Y a-t-il des jeunes talents de votre centre que l’on retrouve dans le marché professionnel ?

 

Le studio d’enregistrement du centre a vu le passage de plusieurs jeunes talents et de vedettes des chansons. Il y a Dez Altino, Nama Jacky, Prince Zoetaba, Elka 33, la regrettée Biba Ouassin, Awa Nadia qui sont passés dans nos studios. Comme exemple d’un transfuge de notre centre, il y a l’artiste Soke qui est même connu au plan international.

 

Quelles sont vos sources de financement ?

 

C’est vrai que je suis producteur de musique et promoteur, je me penche beaucoup sur l’auto- financement. J’ai une agence immobilière qui me permet de venir en aide aux jeunes artistes. Il y a des partenaires comme Found raising, Wil Gasen et la Commission ZWO qui nous soutiennent également. Malheureusement, nous n’avons pas un soutien au plan national.

 

Quelle est la difficulté particulière du centre ?

 

C’est la prise en charge des enfants, il y a l’hébergement, la restauration, la scolarisation, les soins sanitaires et autres. Depuis que j’ai créé ce centre, l’Etat ne m’a jamais soutenu malgré toutes les démarches d’approche.

 

Pensez-vous que la culture a de beaux jours au Burkina ?

 

Ce qui est triste pour le Burkina, c’est que les autorités négligent la culture. L’ Etat est responsable de beaucoup de fléaux que nous vivons ici au Burkina juste pour avoir abandonné la culture. J’interpelle le gouvernement à doter conséquemment le ministère de la Culture et les acteurs culturels de fonds nécessaires pour leurs activités.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Je suis très matinal, au réveil je pratique le sport notamment la marche, ensuite c’est un moment de méditation pour dire merci à mon Dieu. Le programme de la journée se fait en fonction des rendez-vous de la veille. Je suis entre mes rendez-vous et les enfants du centre.

 

Quels sont vos projets ?

 

Mes projets sont gigantesques. J’ai en projet la création d’une école de musique, de conte, de théâtre et bien d’autres filières culturelles. Le second projet est de venir en aide aux femmes pour la réalisation de leurs activités rémunératrices de revenus et le troisième est la mise en place d’une grande salle de spectacles avec un site d’hébergement conforme. C’est à travers la culture que l’on pourra changer les mentalités.

 

Et quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de trois enfants dont deux garçons et une fille.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je dis merci à votre journal d’avoir pensé à ma modeste personne. Récemment, nous avons fait un don de vivres, de savons et de cache-nez à quarante familles de Zagtouli et bientôt, nous serons à Kombissiri pour la même action. Il faut qu’on se mette ensemble pour faire évoluer notre culture.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

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