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PETIT JEANNOT, ARRANGEUR DE MUSIQUE: « Je suis comptable de formation, mais on ne m’a pas empêché de chanter »

Petit Jeannot, à l’état civil Jean Marc Kiswendsida Guébré, est l’un des arrangeurs burkinabè les plus cotés de la sous-région. Né à Pouytenga et ayant grandi à Ouagadougou, ce jeune génie des studios originaire de Niaogho dans la province du Boulgou au Centre-Est du Burkina Faso  est un passionné de musique depuis la tendre enfance. C’est par le rap qu’il fit ses premiers pas avant de basculer dans cet univers des arrangements de musique. Ayant débuté sa carrière professionnelle en 2010, il fut révélé  au grand public entre 2012 et 2013 avec sa touche sur les chansons « Aminata » et « I love my baby » de Floby qui le rencontre sur un projet musical d’une société de téléphonie mobile.

A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, ce comptable de formation nous parle de sa passion, de son quotidien, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, revient sur les difficultés rencontrées, aborde sans détours d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Petit Jeanot : Je vais très bien, je suis dans une dynamique pour améliorer notre touche à la musique burkinabè afin qu’elle soit encore plus exportable.

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

C’était déjà au lycée dans les années 2000 au moment où le hip hop battait son plein et on faisait du rap. Au départ, c’était pour s’amuser, je ne pensais pas faire une carrière dans la musique jusqu’à ce que je rencontre Ghislain Kiéma lors d’une programmation et cela m’a poussé à m’intéresser aux arrangements. Et depuis lors je m’y épanouis.

 

Pourquoi avoir choisi d’être dans l’ombre au lieu d’être sous les feux des projecteurs en tant qu’artiste-chanteur comme la plupart des jeunes ?

 

Je n’ai jamais voulu être sous les feux des projecteurs. Je ne peux pas expliquer cet état de fait. Même quand j’ai commencé les arrangements, je n’avais pas imaginé que ce serait mon gagne-pain un jour. Tout est parti de façon naturelle. J’ai également d’autres activités parallèles qui vont dans ce sens. C’est la passion qui m’a beaucoup guidé ; quand on aime ce qu’on fait, on ne sent pas l’effort ou l’énergie qu’on fournit.

 

Quelles sont les activités parallèles en question ?

 

C’est au sein de ma structure dénommée Harmony Production où je fais de la production, du management d’artistes ; il y a le studio d’enregistrement et j’essaie d’accompagner des promoteurs dans leurs évènements. Il y’a un certain nombre d’artistes qui sont sortis sous notre label. Actuellement on a Awa Boussim qui est sous notre coupole avec une œuvre qui est sortie en 2022.

 

Comment s’est faite votre rencontre avec Floby qui a été votre premier gros succès ?

 

On avait auparavant travaillé sur un projet musical d’une société de téléphonie mobile. Il a apprécié mon travail et c’est là qu’il a pris mon contact et m’a approché sur ses titres « Aminata » et « I love my baby » que j’ai arrangés et qui ont connu un véritable succès entre 2012 et 2013. Ensuite, il a créé un collectif où il chantait mon nom et cela m’a beaucoup fait connaître.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

C’est une évolution très satisfaisante. Et je suis encore heureux de savoir que j’ai participé à cette évolution de notre musique. Nos artistes n’ont plus besoin de voyager pour aller enregistrer leurs albums ailleurs. De plus en plus nous avons des studios ici sur place qui réalisent des œuvres de qualité. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut dormir sur ses lauriers. Ce que j’ai à dire aux artistes, c’est qu’ils doivent avoir une formation au préalable, il ne suffit pas de vouloir chanter.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un jeune arrangeur comme vous ?

 

Moi je suis un autodidacte. A la base, nous avons des écoles de musique mais pas d’écoles de formation d’arrangeurs. Je me suis formé sur le tas et à travers Internet. La difficulté majeure est la formation au plan technique et l’accès au matériel de travail. C’est difficile de mettre un studio en place car lorsqu’on commande du matériel, c’est classé dans la catégorie de matériels de luxe.

 

Qu’avez-vous comme message particulier à l’endroit de nos lecteurs ?

 

Mon message particulier va à l’endroit de tous ceux qui soutiennent notre musique et les artistes. Nous avons besoin de l’accompagnement de chacun afin de donner le meilleur de nous-même. J’invite le public à acheter nos œuvres et à aller à nos concerts, c’est ce qui peut susciter une dynamique de développement de notre industrie culturelle.

 

Peut-on savoir votre quotidien ?

 

Je ne suis pas matinal car je me couche tard. Je me lève vers 11h, (Eclats de rire)… En cours de journée, après le déjeuner, je passe un bout de temps devant la télé pour m’informer et me distraire afin de décompresser. Ensuite, je vais au studio où je reste jusqu’au petit matin ; c’est un peu la routine.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père d’un garçon.

 

Que feriez-vous si votre enfant décide de suivre vos pas dans l’arrangement de musiques ?

 

L’essentiel est qu’il fasse ce qui lui plait, moi je n’ai pas été canalisé dans le choix d’un métier. Moi je suis comptable de formation, mais on ne m’a pas empêché de faire ce que j’aime.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Oui, je vis très bien de mon art.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je profite souhaiter mes vœux de nouvel an à tous vos lecteurs, la paix et la stabilité pour notre chère patrie. Merci à toute l’équipe de votre magazine.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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