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Paul B.NI, reggae-maker :« Ce sont les circonstances auxquelles nous sommes confrontés qui nous révoltent »

Paul B.Ni, à l’état civil Paulin Ilboudo, est un jeune reggae-maker burkinabè qui monte en puissance dans les discothèques de la place. Né à Soubré en République de Côte d’Ivoire où il a grandi, il passa une partie de son adolescence à Abidjan avant de regagner le bercail en 2014. Fils de pasteur et d’une mère choriste, c’est à l’église qu’il va se former au sein des chorales. Mécanicien auto de formation, ce passionné de musique depuis la tendre enfance se fera découvrir par le grand public en 2019 grâce à son maxi à succès baptisé « Coup de cœur ». A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, l’artiste sans langue de bois revient sur son parcours, son choix pour le reggae, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, évoque les difficultés rencontrées, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Paul B.Ni : Je vais très bien, je tiens un nouveau single que je viens à peine de réaliser.

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

La musique est venue de par la chorale à l’église. C’est vrai que je suis passionné de musique depuis la petite enfance mais je ne nourrissais pas en tant que tel de me lancer dans une carrière professionnelle. En 2014, quand je suis arrivé au Burkina, l’inspiration venait au fil du temps et il me fallait donc sortir un album. C’est ainsi que je me suis retrouvé en studio pour réaliser mon premier maxi « Coup de cœur » en 2019.

 

Pourquoi le choix du reggae pour un artiste qui est un fils de pasteur, issu d’une mère choriste et vous-même transfuge des chorales à l’église ?

 

(Il éclate de rire)… Selon moi, le reggae est la meilleure musique pour faire passer des messages de notre vécu quotidien et des tares de la société.

 

Quel bilan faites-vous de votre jeune carrière dans la musique ?

 

C’est un bilan assez acceptable. C’est vrai qu’au début ça n’a pas été facile surtout en matière de promotion mais au fur et à mesure que je me suis véritablement intégré dans le monde du show-biz, les choses ont commencé à s’améliorer.

 

Et quelle est la difficulté majeure d’un reggae-maker de votre trempe ?

 

La difficulté majeure réside dans la rareté des mécènes. Alors que c’est un maillon assez important dans la filière musicale afin de permettre aux artistes de mieux se positionner tant sur le marché national qu’international. Je suis en autoproduction et quand on évolue dans le reggae avec des thèmes très poignants, les producteurs ont peur de s’y investir. C’est un choix, je l’assume tout en espérant rencontrer un producteur qui ose face à certains défis.

 

Comment voyez-vous l’évolution de la musique burkinabè ?

 

C’est une musique en pleine évolution positive, elle commence à s’exporter et je pense qu’il faut des hommes pour donner une véritable dynamique afin que les artistes burkinabè soient concurrentiels sur le marché international.

 

Pouvez-vous nous parler de votre nouveau single qui vient de sortir ?

 

C’est le single « Injustice », c’est un coup de gueule face à un système de justice deux poids deux mesures. On observe une justice pour les pauvres et une justice pour les riches. Celui qui vole un milliard de francs n’est pas sanctionné au même titre que le voleur de poulet. Celui qui vole le poulet c’est lui qu’on emprisonne. Je n’encourage ni l’un ni l’autre, le vol n’est pas bien quel que soit le degré de l’acte. Ce single a été conçu au studio Wend Konta de l’artiste Bilgo avec les meilleurs instrumentistes de la place, mon staff et moi sommes en train de mettre les bouchées doubles pour une véritable campagne promotionnelle avec l’appui d’un clip savamment réalisé avec du matériel de la haute technologie. C’est du reggae pur et dur qui fait appel à des instruments traditionnels pour une fusion de rêve.

 

Quels sont vos projets ?

 

Le projet imminent c’est la finalisation du prochain album de dix titres prévu pour sortir d’ici la fin de cette année. Quand nous allons finir de mettre la stratégie de communication du single en place, nous allons mettre le cap sur l’album à venir. Pour cette nouvelle aventure, je reste ouvert à toute proposition de collaboration.

 

En décortiquant vos chansons, pouvons-nous vous considérer comme un artiste révolté ?

 

Ce sont les circonstances auxquelles nous sommes confrontés qui nous révoltent. Donc, c’est la situation qui nous oblige à être des révoltés.

 

Pensez-vous que vos messages sont perçus par les dirigeants et autres hommes politiques?

Nous sommes écoutés par nos dirigeants. Il suffit simplement d’observer les récentes évolutions des évènements socio-politiques un peu partout en Afrique.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Mon art permet d’améliorer ma condition de vie car je ne vis pas uniquement de la musique.

 

Comment arrivez-vous à concilier la mécanique auto et la musique ?

 

Ce sont deux passions et quand on est passionné, on y arrive. C’est une question d’organisation tout simplement.

 

Quel est votre quotidien ?

Du matin au soir, je suis au boulot, c’est à la descente que j’ouvre les portes de ma carrière musicale. Quand je ne suis pas de service, il y a les séances de studio, les spectacles et les interviews.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis merci pour leur mobilisation autour de ma musique, je leur demande de découvrir le nouveau single qui est une merveille. Le nouvel album est en cours. Je serai toujours là pour leur faire plaisir.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis père de deux enfants, je ne suis pas encore marié mais ça ne saurait tarder.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

 

Mes enfants auront le choix de faire ce qu’ils veulent comme boulot mais je leur dirai qu’il faut les études avant toute option.

 

Quel est votre mot de la fin ?

Merci à vous pour cet entretien, c’est une marque de sympathie envers nous les artistes. Je souhaite vivement le retour de la paix au Faso.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

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