Dans le domaine de la photographie à Dédougou, il y a des jeunes qui se démarquent par la puissance de leurs clichés. Des clichés qui dégagent une certaine aura indescriptible, capable d’effleurer la sensibilité des cœurs endurcis. Mamadou Nao s’illustre parfaitement dans cette catégorie de chasseurs d’images de la cité de Bankuy. La technique photographique et les créations fantastiques, originales et personnelles de ce « paparasi » au grand talent ont inspiré ce portrait.
C’est en 2000 que Mamadou Nao, communément appelé Nao photo vidéo, va s’essayer à la photographie. Avec un appareil photo amateur, il s’amuse à faire des clichés et à réaliser des films. A l’époque, il était loin de se douter que cette passion à laquelle il s’adonnait allait devenir son métier qui lui fera voyager à travers la région de la Boucle du Mouhoun et du Burkina tout entier. 3e d’une fratrie de 12 enfants, Mamadou Nao se voit contraindre d’abandonner l’école pour cause de décès de son frère aîné. 
Un souvenir douloureux qui, jusqu’à nos jours, lui colle à la peau. « Lorsque mon grand frère est décédé, il n’y avait personne pour s’occuper de nous. Mon père n’ayant pas les moyens pour faire face à mes frais de scolarité, j’étais obligé d’abandonner l’école en classe de 1ère » se rappelle Mamadou Nao. 
En 2022, il se révèle au grand public à travers des photos illustrées dans un texte sur un proxénète dans le journal « Le Pays ». La qualité des images a impressionné plus d’un. « C’est un moment inoubliable. Les photos créditées Mamadou Nao, ont été un adjuvant, une véritable source de motivation et d’inspiration pour le néophyte que j’étais à partir de ce moment, j’ai réalisé que je pouvais faire mieux ». Depuis lors, Mamadou Nao est devenu le photographe attitré de tous les journalistes et correspondants de la place et de toute l’administration publique. Il avait également le monopole des constats de police, les mariages, baptêmes, ordinations sacerdotales et toutes autres manifestations. Dès lors, Nao prend un tournant décisif de sa vie. Son seul objectif est désormais celui de son appareil photo.
Il enchaine avec d’autres projets à savoir le reportage des films de cérémonies de mariages et baptêmes, de même que la réalisation de films documentaires et publicitaires. Cette nouvelle dimension devient pour lui un jeu, grâce à une formation reçue de Gaston Kaboré. Les enseignements reçus vont couronner le succès d’une carrière. Il incarne alors, le temps d’une photo, des vestiges et des sites célèbres parfois oubliés à l’image de Toma île. Dans une série de clichés à l’esthétisme très soigné, Nao met en parallèle la relation entre choses que tout oppose. D’ailleurs, cette initiative va lui valoir d’énormes satisfactions. Il va remporter 5 prix de la photographie du concours du ministère de la culture. Parallèlement, 5 de ses images ont été primées au plan national. La consécration est sans doute son 1er prix d’or et celui du bronze au concours de focal d’Afrique. Malgré cette performance, Mamadou Nao refuse de se mettre dans la peau d’un expert. « La perfection n’est jamais de ce monde. Chaque jour que Dieu fait, j’essaye toujours d’apporter une amélioration dans les gestes. Je voudrais remercier du fond du cœur, Gaston Kaboré, qui est un père à moi. Il reste une idole et chacun souhaite s’identifier à lui », a confié Mamadou Nao. Agé de 43 ans, ce dernier avoue ne pas avoir du secret dans son travail. Il n’y a pas de sous métier. « Si vous voulez faire un travail, il faut mettre tout le sérieux qu’il faut de sorte à ce que ça rapporte à terme. Certains jeunes commencent un travail qu’ils abandonnent en chemin. Le seul secret d’une réussite n’est autre que la persévérance. Je voudrais dire à mes jeunes frères de ne pas avoir peur d’entreprendre », a confié M Nao. Il confesse que ses revenus lui permettent de prendre en charge sa femme et ses 5 enfants, mais aussi d’assurer les charges de sa grande famille.
Loban Henry POPPY