Au fil des semaines

LANGAGE DE FERMETE DU MAIRE DE OUAGA AUX ENTREPRISES DEFAILLANTES: De l’eau sur les plumes d’un canard ?

Le 25 octobre dernier, le maire de la commune de Ouagadougou, Armand Béouindé, accompagné de ses services techniques, a visité les chantiers en cours dans le cadre du projet de développement des quartiers périphériques de Ouagadougou. Cette visite est à saluer à sa juste valeur. Car, le maire veut toucher du doigt la réalité de l’évolution des chantiers dans sa commune. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la population trépigne d’impatience de voir leur réalisation dans les délais, tant elles souffrent aujourd’hui du piteux état des routes dans presque tous les quartiers périphériques de Ouagadougou. De cette visite, l’on peut retenir que presque toutes les entreprises accusent un retard dans l’exécution des travaux. Et le maire n’a pas manqué de leur tenir un langage de fermeté. A l’une d’entre elles, il a martelé ceci : «Où est l’entreprise ?  Je vous mets face à vos responsabilités. Mobilisez ce qui doit l’être ». Et devant les tentatives de justification des entreprises défaillantes, le maire est resté droit dans ses bottes en arguant ceci : « De toutes les raisons avancées, il n’y a aucun cas de force majeure ». L’édile de Ouagadougou est bel et bien dans son rôle mais l’on peut se demander si son langage de fermeté tenu aux entrepreneurs défaillants, ne s’apparente pas à une tempête dans un verre d’eau. L’on peut malheureusement y répondre par l’affirmative. Et pour cause. Dans ce pays, l’on peut avoir l’impression que derrière chaque entreprise de travaux publics, se cache un homme politique d’envergure. On aimerait être démenti mais bien des Burkinabè, à tort ou à raison, ont cette conviction.

 

Il faut craindre que le coup de gueule de l’édile de Ouaga à l’encontre des entrepreneurs défaillants, ne produise aucun effet sur ces derniers

 

Et cette pratique n’a pas commencé aujourd’hui. Elle a pris naissance avec le régime de Blaise Compaoré et se perpétue avec celui de Roch Marc Christian Kaboré. Et elle a encore de beaux jours devant elle, puisque la plupart de ces entreprises, à ce que l’on dit, se montrent très souvent généreuses lorsqu’il s’agit de délier les cordons de la bourse pour financer les campagnes électorales des partis politiques majeurs du pays. Le parti au pouvoir est celui qui bénéficie le plus de cette générosité. En réalité, il s’agit d’une forme d’investissement qui ne dit pas son nom.

Dans ces conditions, l’on ne voit pas comment ces mêmes hommes politiques peuvent sincèrement remonter les bretelles aux entrepreneurs défaillants qui n’ont pas hésité à cracher au bassinet pour leur permettre d’être rois. C’est pour cette raison essentielle que ces entrepreneurs peuvent s’offrir le luxe de ne pas exécuter les chantiers à eux confiés. Car, ils sont convaincus que, pour cela, le ciel ne va jamais leur tomber sur la tête. Cette collusion du sommet de l’Etat avec certaines entreprises de travaux publics, installe les techniciens chargés du suivi des chantiers dans une sorte d’impuissance à jouer leur partition dans les règles de l’art. En réalité, tous les actes de corruption qui entourent la mise en œuvre correcte des chantiers de la République, tirent leur origine du fait de la convergence mafieuse d’intérêts entre les acteurs politiques et les acteurs du monde des affaires. Norbert Zongo n’avait eu de cesse de dénoncer cette collusion. Plus de 20 ans après son assassinat, l’on peut être tenté de dire que la pratique se porte encore très bien. De ce point de vue, il faut craindre que le coup de gueule de l’édile de Ouaga à l’encontre des entrepreneurs défaillants, ne produise aucun effet sur ces derniers. Car, ils sont coutumiers de cette sorte de comédie de la part des hommes politiques. Et les populations en ont été témoins, lorsque le Premier ministre, Christophe Dabiré, à la suite d’une visite de chantiers en souffrance à Ouagadougou, s’était fendu de menaces de ce genre face aux entrepreneurs défaillants. Plusieurs mois après ces menaces, c’est pratiquement le statu quo. C’est pourquoi il faut souhaiter l’implication des citoyens dans l’exécution des contrats qui lient l’Etat aux entrepreneurs, dans le cadre de l’exécution des marchés publics. Car, ce sont les populations qui paient au prix fort leurs mauvaises réalisations.

 

PP

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