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KALOUNA, L’AMAZONE DU FASO, artiste- musicienne: « Les hommes m’appellent femme Chine toc »

Clarisse Alatinga, est issue de la cour royale de Tiébélé dans la province du Nahouri où elle est née. Ayant grandi à Ouagadougou auprès de sa grande sœur, cette sublime voix de la musique burkinabè est auteure d’un album de huit titres baptisé « Renaissance » et d’un single. Elle partage sa vie entre sa carrière artistique et sa profession dans le domaine minier. Dans cette interview exclusive qu’elle a bien voulu nous accorder, Kalouna, l’Amazone du Faso, couramment appelée la fille de Sankara, nous parle de ses multiples voyages à travers l’Afrique, de ses débuts dans la musique, aborde les difficultés rencontrées, lève le voile sur sa situation matrimoniale tout en abordant d’autres sujets. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment va l’artiste ?

 

Kalouna : Je vais merveilleusement bien, ça va, je ne me plains pas. Je suis tout le temps entre Ouagadougou et à l’extérieur du pays. Je viens d’arriver il y a un mois de cela. Et je compte rester pour un bon bout de temps.

 

Etes-vous tout le temps hors du Burkina pour la musique ou les affaires ?

 

Les deux. Mais ici au Burkina, c’est plus pour la musique. Quand je reviens au pays, c’est plus pour ma promo.

 

Comment est-ce que Kalouna s’est retrouvée dans la musique ?

 

Moi, je viens de la cour royale de Tiébélé, quand nous faisons la coloration de nos cases, nous avons l’habitude de chanter et danser. C’est toujours la musique autour de moi. Depuis l’enfance, j’apprenais à chanter auprès de mes marâtres, je transmets toujours mes messages par des chansons. Ça fait trois ans de cela que je suis entrée en studio pour mon album, mais la première fois que je suis entrée en studio, c’était en 2005 en Angola pour une chanson qui malheureusement n’est pas sortie.

 

Quelle est la petite histoire de la chanson « Garçon chine toc » qui a fait couler autant d’encre que de salive et qui vous a véritablement révélée au grand public ?

 

(Eclats de rire) …  A cause de cette chanson, les hommes m’appellent également femme chine toc. C’est un peu pour relater le parcours de toute femme. Il n’y a pas une femme qui a atteint au moins 25 ans sans connaître un garçon chine toc. A l’époque, nos parents écrivaient des messages pour envoyer à leurs conquêtes et la nana disait qu’il faut attendre trois jours pour avoir sa réponse après réflexion. Et puis, nos pères vont dépenser en pagnes et autres cadeaux pour  lui montrer leur affection sans penser à la descente du caleçon. Alors que la jeunesse actuelle, c’est plutôt viens boire un verre, manger un poulet et aller au lit. Je dis non. La femme est un trésor. Je crois que le message est passé et jusqu’à Abidjan, les gens, l’ont aimé.

 

Quel bilan faites-vous de votre jeune carrière ?

 

Je jongle entre mes chantiers et la musique. Ce qui fait que ce n’est pas du tout facile de rester à l’extérieur et de travailler sur son image au pays. Ce n’est pas facile, j’ai rencontré de bonnes personnes et aussi d’autres qui m’ont torpillée. J’ai un single qui est sorti récemment et bientôt, son clip sera disponible. Le single s’appelle « Djongo choco », une manière pour moi de promouvoir la culture de chez moi qui est la culture kassena. Je pense qu’en deux ans de carrière, ça va, n’étant surtout pas régulièrement au Burkina.

 

De quels chantiers parlez-vous au juste ?

 

Il faut dire que je suis dans le domaine des mines. Je fais du semi-industriel et j’ai un chantier de 300 hectares au Ghana. J’essaie de sensibiliser mes jeunes frères à ne pas faire de l’orpaillage. Avec les petites machines, on peut ne pas creuser les trous, avoir des documents légaux et utiliser les machines dans les normes. Ça ne rapporte pas beaucoup mais c’est mieux que l’orpaillage.

 

Quelles difficultés rencontrez-vous en tant qu’une jeune artiste ?

 

Les difficultés se trouvent au niveau du showbiz. Ce n’est pas facile de trouver un manager parce qu’il a besoin d’être tout le temps avec son artiste. Moi, je me déplace beaucoup et mon souci premier est d’avoir quelqu’un qui va m’accompagner dans ma carrière.

 

Quels sont vos projets ?

 

J’ai une caravane sur quelques provinces, j’ai d’ailleurs été reçue à la Présidence du Faso pour cela. C’est une caravane qui est à la fois bénévole et éducative. Nous allons aborder des sujets sur la santé reproductive et faire des dons également. Ce sera l’occasion de promouvoir la culture burkinabè car il y a d’autres artistes qui vont m’accompagner. Il y a aussi d’autres choses que je n’ai pas envie de révéler ici, je le ferai en temps opportun.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Il y a une chose que j’adore auprès de mes fans, c’est que chacun m’aime à sa façon. Je leur demande de ne pas baisser les bras, qu’ils continuent de m’encourager, car j’ai besoin de leurs bénédictions. Chaque personne a besoin d’être soumise afin que Dieu la relève.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis célibataire sans enfant.

 

Quel est votre message pour clore cette interview ?

 

Je dis merci à ma grande sœur qui est comme une mère pour moi et m’a adoptée depuis mon enfance. Grâce à elle, j’ai connu Ouagadougou et je suis allée à l’école. Je dis merci aux Burkinabè qui ont cru en moi car rares sont les lieux où je me suis rendue et qu’on ne m’a pas ouvert les portes. Merci à tous ceux qui jouent ma musique sans me connaître. Merci aussi à Evasion qui est venu me voir pour en savoir davantage sur ma carrière.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

 

 

 

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