Grand Silga, à l’état civil Silga Richard Adams, est un reggae maker burkinabè hors du commun. Originaire de la province du Kouritenga dans le Centre-Est du Burkina Faso, il est né dans le département de Kombestenga à quelques encablures de Koupèla. Auteur de cinq albums, cet artiste qui n’a pas la langue dans la poche a été révélé au grand public grâce à sa toute première discographique « Biiga » en 2005 sous le pseudonyme de Nubean Eagle. En 2013, il sort son second opus « Sonr poukri » et se fait appeler desormais Grand Silga. Après « Yiki » et « Guetho fighter », l’artiste est de retour avec un nouvel album baptisé « Faso vaincra », une œuvre de dix titres enregistrée en live. Sur le plateau de tournage du clip du titre éponyme de cette nouvelle œuvre, il s’est confié à nous à travers cette interview. Grand Silga nous parle de ses projets, du nouvel opus, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, revient sur son quotidien, aborde, sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.
Evasion : Comment allez-vous ?
Grand Silga : Je vais très bien par la grâce de Dieu.
Pourquoi cinq ans après ce nouvel album ?
Je peux sortir un album chaque année et ce n’est ni une course de vitesse ni un manque d’inspiration. Il faut juste le temps de bien travailler et proposer une œuvre spirituelle de qualité aux mélomanes qui sont exigeants en la matière. J’ai pris du temps pour la création en me rendant au Ghana afin d’acquérir d’autres expériences. Ce qui a été bénéfique pour moi. Je me suis mis au live. On ne finit jamais d’apprendre.
Quel bilan faites-vous de votre carrière ?
C’est un bilan satisfaisant. En si peu de temps, j’ai vécu de belles expériences que certaines vedettes qui ont un long parcours n’ont pas connues. Le public m’a adopté et c’est positif.
Peut-on savoir la particularité de ce nouvel album ?
Je pourrais dire que c’est l’album de la maturité. Il a été entièrement enregistré en live avec des thèmes poignants. Dans cet opus, j’aborde la victoire du Faso qui appelle à l’unité et à la résilience. Je chante aussi la renaissance qui accompagne les trois luttes de Thomas Sankara, l’amour, la rétribution, l’unité et la justice et je magnifie la femme.
Quels sont vos projets ?
Je nourris de grandes ambitions pour ce nouvel album pour atteindre la dimension internationale. Je souhaite acquérir du matériel pour le live et publier également un recueil de contes pour enrichir notre patrimoine culturel.
Pensez-vous que le reggae burkinabè se porte bien ?
Je pense que le reggae burkinabè se porte à merveille. Le peuple burkinabè est un peuple révolutionnaire mais la question est de savoir comment les artistes abordent les chansons sur la révolution.
Quel est ton regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?
Je ne suis pas optimiste sur son évolution. C’est une musique qui est devenue plus sexiste. Au lieu de magnifier la femme, elle magnifie la sensualité et c’est dépravant. La musique burkinabè manque de quintessence. J’ai sillonné quelques pays africains et j’ai observé leurs artistes. Si je dois faire une comparaison, je dirais que nos artistes sont paresseux.
Vivez-vous de votre art ?
Mon art contribue à me permettre une vie assez stable. Je ne mendie pas en tout cas
Qu’avez-vous à dire à vos fans ?
Je leur dis que le Grand Silga est là, je suis de retour et cette fois c’est pour de bon. Les grands rendez-vous viennent et nous allons montrer que l’Afrique est réveillée par le Burkina Faso. Nous sommes conscients de notre défi et nous sommes aussi conscients de notre victoire. Nous sommes un peuple de convaincus et non de vaincus.
Quel est votre quotidien ?
Le matin, je fais des exercices de technique vocale après avoir vérifié bien-sûr si tout va dans la famille. Il y a d’autres activités que je mène comme la production de l’arthemesia. Je suis toujours actif et je pense que le temps me manque. Les après-midis sont réservés au sport et ensuite il y a les contrats de spectacles à honorer.
Pouvez-vous nous dévoiler votre situation matrimoniale ?
(Il éclate de rire)… Généralement, je n’aime pas en parler parce que c’est ma vie privée. Mais mon cœur n’est pas libre.
Et si nous voulons en savoir davantage ?
Sachez simplement que je suis un polygame avec des enfants.
Quel est votre mot de la fin ?
Je demande aux autorités de ce pays de financer la culture. Si notre culture avait été bien diffusée, nous ne connaîtrions pas la crise que nous vivons actuellement. Les Burkinabè ne se connaissent pas. On ne peut pas atteindre un développement national sans un développement de la culture. Je remercie le fondateur des éditions « Le Pays » et toute votre équipe de rédaction pour votre effort de promotion culturelle. Bonne et heureuse année 2022.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON