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ABSIKO KOTE, PROMOTEUR CULTUREL, REGISSEUR DIRECTEUR DE FESTIVAL: « Nous devons soutenir notre culture et la valorise »

Jeune promoteur culturel, régisseur général et directeur de festivals, Aboubacar Sidi Koté plus connu sous le pseudonyme d’Absiko Koté, né à Ouagadougou. Originaire de la localité de Dorola dans la région de la Boucle du Mouhoun, il a grandi entre Dédougou et Bobo-Dioulasso. Amoureux de culture et des arts du spectacle depuis le lycée, il vit pleinement sa passion a travers ses différents projets après un cursus professionnel à la radio.

A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder lors de notre séjour à Boromo, Absiko Koté revient sur son parcours, sa passion, nous parle des difficultés rencontrées, de son quotidien, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale.

 

Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Absiko Koté : Je vais hyper bien.

 

D’où vient cette passion pour la culture et les arts du spectacle ?

 

C’est une passion qui m’anime depuis le lycée. Au début, je voulais faire la musique et à un certain moment, je me suis posé la question de savoir si j’étais véritablement fait pour embrasser une carrière d’artiste chanteur. Et puis les réalités de la vie m’ont poussé à aller à l’école de la vie. Donc très tôt, il fallait s’y mettre pour joindre les deux bouts. J’ai commencé par l’animation radio à Horizon Fm Dédougou avant de me retrouver à Ouagadougou. Et là, j’ai fait un passage à Radio Nostalgie et Optima tout en me formant dans le domaine de la régie générale et le management culturel.

 

Quelle a été la suite ?

 

Après ce parcours, j’ai travaillé sur plusieurs projets culturels. Ensuite, je me suis décidé à créer mon propre projet.

 

Qu’en est-il de ce projet ?

 

Il s’agit de Mouhoun Festival des Arts qui se tient dans la ville de Dédougou. C’est une initiative qui tire son nom du fleuve Mouhoun. La première édition s’est déroulée en 2017 et chaque année, nous l’organisons. C’est une région qui a pratiquement la même culture. Toutes les éditions précédentes se sont tenues à Dédougou et c’est en 2023 pour la septième édition que nous l’avons délocalisée à Boromo., histoire de faire plaisir aux populations d’autres villes de la région. Au départ, on a voulu faire deux ou trois villes avant de venir à Dédougou pour le bouquet final mais faute de moyens financiers, nous nous contentons de faire ce que nous pouvons. Mais pour la prochaine édition, nous allons organiser le festival à Boromo, Dédougou et dans une troisième ville, c’est le défi que nous nous sommes lancé.

 

Peut-on savoir la difficulté majeure d’un jeune promoteur culturel comme vous ?

 

C’est la même difficulté comme tous les autres jeunes promoteurs et directeurs de festivals même si nous ne vivons pas tous les mêmes réalités. Par exemple, moi, je suis à Ouagadougou, pour organiser un festival à Dédougou, il y a la logistique et tout le matériel à déplacer, les artistes, le staff et autres détails, ça fait vraiment très lourd dans le budget. La difficulté majeure réside au niveau du manque de moyens financiers et la rareté des mécènes. C’est l’occasion pour moi d’inviter tous ceux qui aiment la culture et qui ont les moyens, à aider les initiatives privées. Il faut promouvoir la culture pour les générations futures.

 

Avez-vous voulu, à un moment, abandonner ?

 

(Il éclate de rire) … A un moment oui. Tu te demandes qui t’a mis dans un projet de ce genre, tellement, c’est compliqué, tout se résume à l’argent. Mais après chaque édition, quand on lit le bonheur sur les visages des populations, cela nous donne la force et nous motive à continuer le combat. Nous avons des échos qui nous parviennent au-delà de nos frontières et pour ce faire, il est difficile d’abandonner quelles que soient les difficultés. C’est vraiment par amour pour la culture, sinon on aurait jeté l’éponge.

A combien de francs CFA estimez-vous le budget d’une édition de votre festival ?

 

C’est difficile d’estimer notre budget en termes d’argent. Tous les fils et filles de la région de la Boucle du Mouhoun ne ménagent aucun effort pour se mobiliser pour la réussite du festival. Chacun apporte sa contribution, il y en a qui nous offrent des artistes et troupes traditionnelles, d’autres contribuent au niveau de la logistique. Pour parler de chiffre, nous tournons autour d’une dizaine de millions. C’est l’occasion pour moi de dire merci aux autorités locales et à tous les partenaires qui m’accompagnent depuis le début de cette belle aventure.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Je dirais que je vis de ma passion. Au-delà-du monde du show-biz, je suis dans l’imprimerie, l’infographie et d’autres activités.

 

Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?

 

Nous devons soutenir notre culture et la valoriser davantage. Consommons notre culture. Malgré le contexte sécuritaire difficile, nous devons nous battre afin que chaque province tire profit des activités culturelles. Merci à ceux que je ne connais pas au départ et qui m’appellent par surprise au téléphone pour m’encourager dans mes projets.

 

 

 

 

Quels sont vos rapports avec les autres directeurs de festivals ?

 

Ce sont de beaux rapports, je travaille avec la majeure partie des promoteurs culturels. Dans l’ombre, j’accompagne beaucoup de projets car, l’un dans l’autre, c’est le Burkina Faso qui gagne. On ne peut pas aller en rangs dispersés et faire des merveilles.

 

 Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de deux enfants.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décide de suivre vos pas dans le monde de la culture ?

 

Je vais l’accompagner en lui permettant de bénéficier de mon expérience. J’aimerais que mon fils soit un médecin ou un pilote mais si tel est son choix, c’est à lui de l’assumer.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Merci à toute l’équipe d’Evasion pour ce travail minutieux que vous faites au quotidien sur le terrain. Comme le dit l’adage, les paroles s’envolent et les écrits restent, donc vous faites un travail formidable. Merci aux artistes qui nous accompagnent malgré nos moyens financiers limités. Et vivement que la paix revienne au Faso

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

 

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