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ABIBOU SAWADOGO, ARTISTE MUSICIENNE ET CANTATRICE: « J’ai un mari qui me comprend »

Abibou Sawadogo est une artiste musicienne burkinabè, originaire de la ville de Kaya dans la province du Sanmatenga au Centre-Nord. Née à Bobo-Dioulasso où elle a débuté sa carrière, elle a aujourd’hui huit albums au compteur. Depuis son premier opus « Rogm mik reem », sa carrière est couronnée de succès avec ses differents albums comme « Baba yelamam », « Koamba école » ou « Mam soré ». L’artiste a raflé plusieurs trophées et effectué des tournées un peu partout dans le monde. A l’occasion de la sortie de son nouvel album « Barka » en mai dernier, et la célébration de ses 20 ans de carrière, elle s’est confiée à nous à travers une interview exclusive. Elle revient sur sa passion pour la musique, les difficultés rencontrées, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, décortique les grandes articulations des festivités de ses 20 ans de musique, parle de son quotidien, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

Abibou Sawadogo : Je vais très bien.

 

D’où vient cette passion pour la chanson ?

C’est une passion depuis la tendre enfance. Moi, je ne suis pas issue d’une famille d’artistes. Bien avant d’embrasser la carrière artistique, quand j’entendais une chanson, j’essayais de l’interpréter. Tout est parti progressivement, et au fil du temps, je m’y suis retrouvée dedans.

 

Avez-vous eu l’aval des parents quand vous avez décidé d’embrasser la carrière d’artiste ?

Au début, les parents n’étaient pas d’accord mais quand Dieu trace un chemin pour quelqu’un, c’est ce qui va arriver. Surtout, mon père et ma mère n’étaient pas pour cette option pour la musique (elle éclate de rire).

Mais comme tout est lié à la volonté de Dieu, ils ont fini par accepter.

 

Pourquoi le choix de la musique traditionnelle comme style ?

Ce choix de la musique traditionnelle et tradimoderne se justifie par le fait que c’est un engagement personnel pour sauvegarder notre identité culturelle, car si nous ne prenons pas garde, elle va disparaître un jour. Il nous faut impérativement préserver notre culture pour les générations futures.

 

Vous enchaînez des succès depuis votre premier album « Rogom mik reem » jusqu’à nos jours, quel est votre secret ?

(Elle éclate de rire)… Il n’y a pas de secret. C’est l’amour du travail bien fait.

 

Quelle est votre source d’inspiration ?

C’est le vécu quotidien qui m’inspire, c’est-à-dire tout ce qui se passe autour de moi. Mes chansons donnent des conseils et interpellent. Je chante l’amour, le respect envers les parents, l’éducation, la protection de l’environnement, la lutte contre l’excision, la paix, le vivre-ensemble et bien d’autres thèmes.

 

Pensez-vous que vos messages interpellateurs sont-ils perçus par nos dirigeants ?

Je ne saurai vous dire oui ou non. Il y a un proverbe qui dit que les bonnes actions du pauvre n’atteignent pas les chefs mais ce sont ces mauvaises actions qui leur parviennent. Mais il y a certains qui me disent qu’ils apprécient favorablement mes chansons, c’est déjà un signe de satisfaction pour moi.

 

Quels sont les souvenirs qui vous ont marquée suite à vos multiples concerts à travers le Burkina, l’Afrique, l’Europe et les USA ?

C’est vrai que j’ai beaucoup voyagé à travers le monde mais ce qui m’a le plus marquée fut mon concert à New-Jersey aux Etats-Unis d’Amérique, il y a à peu près quatre années de cela. Ce sont des souvenirs que je ne pourrai pas oublier pendant toute ma carrière. Ce fut un beau spectacle, un accueil chaleureux avec tous les honneurs dédiés au Burkina Faso.

 

Que rencontrez-vous comme difficulté particulière dans votre carrière professionnelle ?

Les difficultés sont nombreuses. Quand on n’a pas de soutien, ce n’est vraiment pas évident de faire illuminer sa carrière musicale. La production d’album qui coûte chère ainsi que la réalisation des clips. Tu peux finir une chanson et te dire que dans deux ou trois jours tu vas tourner le clip, mais vers la fin, cela peut durer des mois. Les artistes ont vraiment besoin de soutien financier.

 

Vous avez personnellement produit vous-même vos différents albums. Qu’est-ce qui justifie votre collaboration avec la structure Artistes Distribution comme producteur de votre nouvel opus « Barka » qui marque les 20 ans de votre carrière ?

Le producteur est Télesphore Bationo, il m’a dit qu’il apprécie ce que je fais et souhaiterait une collaboration. Cela a coïncidé avec la célébration de mes 20 ans de carrière. Je n’ai pas trouvé d’inconvénient, je lui ai confié ma carrière et ça suit son cours normal. A travers cet album « Barka », je dis merci à tous ceux qui me soutiennent depuis le début de ma carrière. C’est pour dire merci à mes fans, aux chefs coutumiers, au grand public, à mes proches collaborateurs et à tous les journalistes.

 

Cet album est-il différent des autres ?

C’est une œuvre très particulière car elle est assez variée. On y retrouve des styles de musique que je n’ai jamais abordé. Il y a également des featurings.

 

Quelles seront les grandes articulations de la célébration de ces 20 ans de carrière ?

Il y aura beaucoup d’activités. Il y a déjà eu le grand concert gratuit de remerciement le 5 juin dernier à Kaya et qui a réuni des milliers de spectateurs. Il est prévu des dons en faveurs des personnes déplacées internes, un hommage aux chefs coutumiers sans oublier un autre grand concert de remerciement le 24 septembre prochain à Canal Olympia de Ouaga 2000.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

Elle évolue très bien. Je suggère une solidarité entre les artistes car c’est ensemble qu’il est facile d’atteindre ses objectifs.

 

D’où puisez-vous votre humilité ?

Dans la vie, il faut être humble et Dieu et les hommes vont t’élever.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

Je leur dis merci pour tout. J’ai besoin de leurs bénédictions pour la réussite de ma carrière et des activités de mes 20 ans de musique. Je suis très satisfaite pour ce qu’ils font déjà pour ma modeste personne.

 

Peut-on savoir votre quotidien ?

Mon quotidien est marqué par mes concerts et le reste du temps je le consacre à ma petite famille.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

Je suis mariée et mère de deux enfants.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

Je vais respecter son choix et je vais l’encadrer.

 

Votre époux n’est-il pas jaloux de vos multiples voyages ?

Non, j’ai un mari qui me comprend et je remercie le Seigneur pour cette grâce. Il me soutient dans tout ce que je fais. Il y a des moments où je suis hors de la maison pendant un ou deux mois. La musique est un boulot comme tout autre.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

Vivement que la paix revienne au Faso. Merci à mon producteur Telesphore Bationo pour son soutien inestimable et que Dieu lui donne la force d’aider d’autres artistes. Merci à Evasion et à tous les journalistes.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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