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WAHABOU BARA, Directeur Général du BBDA: « Le BBDA fait partie des cinq meilleurs bureaux de droit d’auteur dans la sous-région »

Directeur Général (DG) du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA), Wahabou Bara communément appelé Walib est un acteur culturel depuis plusieurs années. Juste avant d’occuper ce poste de responsabilité, il a été producteur et manager d’artistes. Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, le DG du BBDA revient sur l’état des lieux du droit d’auteur au Burkina, son quotidien, lève le voile sur sa situation matrimoniale et parle de ses rapports avec Tahirou Barry et le nouveau ministre Sango.

 

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Wahabou Bara : Je vais bien par la grâce de Dieu. Je vous remercie ainsi que tous les lecteurs d’Evasion.

 

Quel est votre état d’esprit depuis que vous êtes à la tête du BBDA ?

 

Je trouve que ça va, même si je suis assez débordé parce qu’il y a du boulot, beaucoup d’enjeux, beaucoup d’attentes. Je n’ai pas encore deux ans à la tête du BBDA mais j’ai l’impression que j’ai duré là-bas. On essaie d’être utile à la communauté des créateurs. Pour nous, le droit d’auteur, c’est l’équilibre entre les intérêts des créateurs, des utilisateurs d’œuvres et du public.

 

Vous qui avez été acteur dans la production et la distribution des œuvres discographiques ainsi que le management des artistes, quel est votre regard aujourd’hui en tant qu’autorité culturelle ?

 

L’administratif n’est pas du tout aisé pour quelqu’un qui avait une approche beaucoup plus pragmatique, étant en contact sur le terrain avec les artistes et autres acteurs.

 

Qu’est-ce qui justifie le fait que vous soyez un DG assez ouvert ?

 

Moi, je me considère comme un chargé de mission au niveau du Bureau burkinabè du droit d’auteur. J’appréhende cette responsabilité avec beaucoup de simplicité. J’ai envie aussi qu’on ait une approche pragmatique de la question du droit d’auteur, qu’on l’aborde dans un français assez limpide pour que la masse puisse comprendre les enjeux liés à la sécurisation du droit d’auteur.

 

Pensez-vous avoir réellement changé quelque chose ?

 

Je pense qu’il appartiendra certainement aux créateurs de faire ce bilan. Ce que je peux dire, c’est qu’il y a la volonté de faire bouger les lignes. Nous avons procédé à un audit organisationnel et institutionnel, ce qui nous a permis de régler la question du déficit statutaire. C’est ce que nous avons fait six mois après notre arrivée, cette assemblée générale qui parachève le processus d’implication des créateurs a 76 pour cent dans les instances décisionnelles. Il était important de mettre cela en place, ensuite adopter notre plan stratégique de développement qui est articulé sur trois axes. Le premier axe est l’augmentation de la collecte des droits, le deuxième axe est l’amélioration de la qualité de la répartition et enfin le troisième axe porte sur le soutien à la promotion culturelle.

 

Quel était l’état des lieux lorsque vous arriviez à la tête du BBDA ?

 

Il faut saluer le travail de nos prédécesseurs, le BBDA quoi qu’on dise fait partie des cinq meilleurs bureaux de droit d’auteur dans la sous-région pour la constance de son organisation. A cela, il faut allier le sang neuf des jeunes qui ont envie de faire bouger les choses à leur façon. Avec le numérique, les artistes voyagent beaucoup et le niveau de redevabilité est assez élevé.

 

Comment vous est venue l’idée de l’aide aux membres âgés (AMA) ?

 

C’est partie d’une histoire assez banale. Je crois que j’étais à la cantine de l’aéroport, lorsque je sortais, j’ai vu un de nos illustres artistes et j’ai eu presque les larmes aux yeux. Alors, quand je suis arrivé au bureau, j’ai convoqué mon équipe pour partager mon idée avec elle pour voir comment mettre un mécanisme d’accompagnement de ces artistes. C’est ainsi qu’à la rentrée du droit d’auteur, nous avons pu lever les fonds. A la première année, nous avons pu mobiliser une vingtaine de millions de francs CFA, la deuxième année, le Président du Faso nous a fait la surprise en injectant vingt millions. C’est l’occasion pour nous de lui dire encore merci, il est à l’écoute des artistes : vous avez vu à la dernière SNC, il a joué au balafon, c’est donc lui le chef d’orchestre.

 

Au niveau de la répartition des droits, pourquoi ce sont les musiciens qui se plaignent le plus alors qu’il y a plusieurs catégories de créateurs ?

 

Ce sont les plus nombreux, au niveau de la gestion collective de nos perceptions, la musique représente 72 pour cent des perceptions et c’est presqu’identique dans tous les bureaux, que ce soit en Afrique ou en Europe. Et puis, les musiciens sont plus communicants.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Je me lève généralement à 5h30, je fais le sport car cela me permet de durcir mon organisme et d’avoir une approche très constructive de l’adversité et à 7h30 au plus tard, je suis au bureau. Je m’occupe des dossiers avec le secrétaire général pour le conseil de direction de façon hebdomadaire, la rencontre avec les chefs de services de façon mensuelle et les rencontres avec les différentes parties prenantes. J’ai des aînés auprès desquels je vais prendre des conseils de temps en temps. Je suis resté moi-même.

 

Que devient votre structure de production ?

 

C’est une société à responsabilité limitée (SARL), elle est passée aux mains d’un autre gérant qui s’en occupe.

 

Quels sont vos rapports actuellement avec l’ancien ministre Tahirou Barry ?

 

C’est un ami de longue date, il reste toujours un ami pour moi. Il a été mon supérieur hiérarchique étant ministre de la Culture, des arts et du tourisme. Ce ne sont pas des amitiés qu’il faut renier.

 

Et avec l’actuel ministre Sango ?

 

C’est mon supérieur hiérarchique, je le connaissais et je crois qu’il me connaissait dans le secteur culturel. Ce sont toujours des rapports de travail. Nous sommes appelés à l’accompagner pour l’atteinte de ses objectifs.

 

Votre cœur ne fait-il pas des ratés chaque mercredi de peur d’être éjecté à la suite d’un conseil des ministres ?

 

Non, pas du tout. Nous sommes venus remplacer des gens. Donc, des gens viendront nous remplacer aussi. Maintenant, il faut travailler de telle sorte qu’on puisse retenir de votre passage des actes que vous avez posés et des actions qui ont été utiles à la communauté.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié depuis 2010, je suis père d’un garçon de sept ans et d’une fille d’un an et quatre mois.

 

Quels sont vos rapports avec les Bureaux de droit d’auteur d’autres pays ?

 

Ce sont de bons rapports, notamment avec le Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA) qui est notre voisin immédiat. Il y a aussi l’Office national du droit algérien d’où je reviens et qui a reçu trois de nos collaborateurs pour des voyages d’études dont les frais  ont été pris en charge par l’Algérie. Il noter que l’Algérie est le deuxième pays en terme de collecte après l’Afrique du Sud. Nous avons aussi des rapports intéressants avec des organismes internationaux.

 

Quel est votre mot pour clore cette interview ?

 

Dans notre mission de tous les jours, il n’est pas facile d’être équitable, nous cherchons toujours l’équité et s’il arrive qu’on fruste certaines personnes, quelles sachent que ce n’est pas fait sciemment. Je reste l’être humain avec grand H. Le droit d’auteur est pour l’auteur ce que le sang est pour le corps humain. Je souhaite bon vent à Evasion.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

 

 

 

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