Né à Imiga, une localité située à quelques encablures de la ville de Zorgho dans la province du Ganzourgou d’où il est originaire, c’est en terre ivoirienne qu’Iwaoga Simporé va grandir avant de regagner le bercail à l’âge de 18 ans. Titulaire d’une licence en Droit, ce passionné du monde culturel et artistique fait partie de nos jours, des producteurs et promoteurs culturels ayant le vent en poupe. PDG de la structure Simo Services International, il s’est confié à nous à travers une interview exclusive. Cet acteur du monde du show-biz nous parle de son parcours, de sa passion, de son quotidien, revient sur son festival Ouid Toghin et des artistes qu’il a produits, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.
Evasion : Comment allez-vous ?
Iwaoga Simporé : Je vais très bien. Merci pour la visite et cet honneur que vous me faites.
D’où vient cette passion pour les arts ?
Je pense que c’est inné. Une passion est quelque chose qu’on n’invente pas, elle est en nous.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
Avant d’avoir Simpo Services International, après l’université, j’ai fait de petits boulots. J’ai passé sept ans dans un centre de service clients d’une société de téléphonie mobile, de 2013 à 2020. Et c’est à partir de cette date que j’ai décidé de créer ma propre structure.
Et pourquoi cette option de vous investir dans le domaine de la sonorisation, le management artistique, la production d’artistes- chanteurs et l’organisation d’évènementiels ?
Tout a commencé au sein de ma structure qui est spécialisée dans les jeux de hasard et par la suite, il y a eu le volet des artistes. Ces derniers sont les plus vus au niveau médiatique et voilà pourquoi on en parle le plus souvent. Tout est parti des bonnes relations que j’entretiens avec les artistes, je considère qu’on se soutient. Le domaine culturel a besoin de beaucoup de communication. C’est ma façon d’apporter ma contribution à la promotion de ce secteur.
Peut-on savoir les artistes qui sont sous votre coupe ?
Il y a des artistes avec qui je cause tous les jours. Actuellement sous ma coupe, il y a Queenzy que le grand public connaît déjà, il y a Kader Champion qui vient juste de sortir son œuvre. Il y a également Ninja qui est un membre du groupe Players, également Mavoh pour ne citer que ceux-là. C’est une vingtaine d’artistes.
Vu le style des artistes que vous produisez, n’avez-vous pas un faible pour le hip hop ?
(Eclat de rire) … Pas forcément un faible pour le hip hop. Moi, j’appartiens à une tranche d’âge qui a été bercée par ce style musical. Donc, c’est bien normal que le hip hop soit un point de départ mais j’aime tous les styles musicaux. La musique c’est comme une communication et si une communication te pénètre, on aime.
Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?
Pour être réaliste, elle ne se porte pas bien. Il y a beaucoup d’artistes qui tournent et qui font des sorties discographiques, mais sans mentir, ils ne rentabilisent pas par rapport à la musique nigériane, congolaise ou ivoirienne.
Si cette musique burkinabè ne rentabilise pas, êtes-vous un philanthrope ? Puisque que vous y injectez de l’argent.
La musique, c’est de l’art comme un poète qui écrit ses vers, de la même manière qu’un dessinateur qui fait ses tableaux. Quand on y investit, ça ne veut pas dire qu’on doit récolter rapidement. Et on peut récolter comme ne jamais récolter. J’emprunte les dires du Directeur général du BBDA qui dit que lorsqu’on investit un franc dans le domaine de la culture, les retombées au niveau de la population s’évaluent à quatre francs. Donc investir dans ce domaine, ce n’est pas évident de récolter.
Pouvez-vous nous parler de votre festival Ouid Toghin qui draine des milliers de personnes ?
C’est un festival que j’organise depuis deux ans. Nous sommes donc à notre deuxième édition et nous sommes retrouvés avec plus de cinq mille festivaliers. L’objectif est de permettre aux habitants de ce quartier de découvrir notre culture et nos artistes. C’est de permettre aux populations de Ouagadougou et du Burkina Faso en général de connaître le quartier Ouid Toghin. Et de ce pas, cela pourra susciter la découverte de l’arsenal culturel de notre pays par l’Afrique tout entière.
Avez-vous rangé votre licence en Droit dans les tiroirs au profit de la culture ?
Non, je ne dirai pas que j’ai rangé ma licence en Droit, parce que dans tout ce que je fais, ça m’aide beaucoup. Quand je fais quelque chose, je réfléchis au droit. Quand on est juriste, ça ne veut pas dire qu’il faut être forcément un fonctionnaire ou un avocat ou un magistrat. On ne va pas à l’école pour être forcément un salarié de l’Etat. Ce sont des connaissances qui vous servent dans la vie active.
Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans le domaine culturel ?
Je vais lui dire de ne pas voir ce que papa fait et suivre. Mais s’il est convaincu que ce chemin l’arrange, il n’y pas de problème. Il ne faut pas qu’il croie que papa y gagne de l’argent.
Quelle est votre situation matrimoniale ?
Je suis marié et père de trois enfants. J’ai une charmante épouse Fati que je salue au passage.
Et qu’en est-il de votre quotidien ?
J’ai un quotidien assez chargé. Autour de 6h, je suis déjà réveillé et je viens au bureau autour de 10h 30mn sauf si j’ai des courses urgentes dans la journée. J’y reste jusqu’à 22h, mais ça peut atteindre minuit, voire 1h du matin. Je peux sortir également à tout moment pour mes activités culturelles et artistiques.
Avec le regard dans le rétroviseur, regrettez-vous d’avoir choisi ce domaine du show-biz assez complexe ?
C’est un peu mitigé. Il y a certaines personnes qui viennent vous voir parce qu’elles ont besoin d’aide et d’autres parce qu’elles ont entendu parler de vous. Ce n’est pas forcément honnête. On peut être déçu de certaines personnes et être satisfait d’autres personnes.
Comment arrivez-vous à détecter les jeunes talents avec qui vous collaborez ?
En réalité, on ne peut pas détecter. Ce sont des artistes qui viennent et nous collaborons. A un certain moment si nous constatons que la collaboration n’est pas franche, il faut dire la vérité à la personne et on se libère.
Qu’avez-vous à dire pour conclure ?
Merci aux Editions « Le Pays » pour cette opportunité offerte, merci également pour la considération. Que Dieu aide ceux qui sont honnêtes et sincères.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON