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JEAN LUC BADOLO, ARTISTE CHANTEUR-INSTRUMENTISTE: « Nous pouvons être fiers de nos artistes »

Originaire de la province du Sanguié, plus précisément de la commune rurale de Kyon où il est né et a grandi, Jean Luc Badolo n’a pas connu une enfance rose. Orphelin de père des l’âge de six ans, il intègre la chorale de son village natal auprès du pasteur Modeste Bado. Berger et engagé dans des travaux champêtres, il va braver les aléas de la vie pour se faire une place au soleil. Il ne parvint pas à réaliser son premier rêve qui est de devenir militaire. De fil en aiguille, il se retrouve au sein de la grande chorale, et plus tard, en 2010, dans l’orchestre de l’église avec lequel il joue dans plusieurs localités du Burkina Faso et au Mali.

C’est en 2018 qu’il décide d’embrasser une carrière solo et réalise la même année son premier album « Yineshono », et suivront d’autres œuvres musicales. A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, l’artiste nous parle de son parcours, des difficultés rencontrées, de sa discographie, décortique son nouvel album, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, présente son concert du 24 novembre à Réo dénommé « Résistance »,  aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale.

 

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Jean Luc Badolo: Je vais bien. Malgré la situation que nous traversons, chacun essaie de tenir le coup.

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

Cette passion pour la musique est née depuis tout petit, quand j’ai intégré la chorale et ensuite l’orchestre de mon église à Kyon. Je me suis formé à la basse et ensuite au chant. Mais au départ, mon rêve était de devenir un militaire mais j’ai échoué trois fois au recrutement. C’est ainsi que mon pasteur m’a dit que je n’étais pas fait pour ce corps professionnel.

 

Et comment s’est véritablement opérée votre formation ?

 

Le fait d’être vocaliste au sein de la chorale est une véritable école de formation pour la technique vocale. Et l’apprentissage de la guitare basse a suivi. Après la période d’apprentissage, l’orchestre commence en 2011 à jouer dans des cérémonies et autres campagnes d’évangélisation. En 2013, nous avons commencé à nous produire hors du Burkina Faso. Mais malheureusement, l’orchestre n’a pas pu continuer de fonctionner normalement, et c’est ainsi qu’en 2018, j’ai décidé de me lancer dans une carrière solo.

 

Pouvez-vous nous parler de votre tout premier album ?

 

C’est un album de sept titres qui a été enregistré dans les studios de Drissa Dembélé qui en a assuré la direction artistique ; il est sorti le 1er septembre 2018. Cette œuvre a été baptisée « Yineshono » et qui veut dire obéissance en lyelé. Elle a tracé la voie de ma carrière même si elle n’a pas connu le succès escompté.

 

Quelle a été la suite des productions discographiques ?

 

Une année après le premier album, j’ai réalisé le second qui est « Courage » et qui m’a véritablement révélé au grand public, malgré que la thématique générale évoque la parole du Seigneur. Il a traversé plusieurs frontières et a touché divers mélomanes de toutes religions confondues. En 2020, j’ai sorti « Union » et j’ai par la suite entamé une tournée en république de Côte d’Ivoire en 2021, et enchaîné avec des concerts dans le Centre-Ouest dans mon fief, le Sud-Ouest et l’Ouest du Burkina.

 

Que représentent les différents trophées remportés lors des Tunnels ?

 

Les Tunnels, c’est une cérémonie de récompense des meilleurs artistes de la région du Centre-Ouest. J’ai eu le trophée du meilleur artiste tradimoderne, du prix du public, du meilleur album 2020-2022 et le trophée le plus convoité qui est le meilleur artiste 2022. Ces différentes récompenses me galvanisent et me donnent la force de continuer. C’est aussi la reconnaissance d’un travail bien fait. Et je dédie tous ces prix à mes nombreux fans.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

C’est l’occasion pour moi de leur dire merci pour leurs soutiens indéfectibles depuis le début de ma carrière. Ma source d’inspiration ce sont eux. Je profite leur dire que le nouvel album est sorti en octobre dernier, ils peuvent s’en procurer chez les revendeurs habituels et sur les différentes plateformes de téléchargement.

 

Quelle est la particularité de ce nouvel opus ?

 

C’est l’album de la maturité avec des thèmes variés à travers une fusion de sonorités, le tout saupoudré du binon. Il est sorti en octobre dernier à Koudougou et est baptisé  « Destin ».

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Oui, je vis de mon art.

 

Qu’avez-vous comme projet à court terme ?

 

C’est le grand concert que j’organise le vendredi 24 novembre prochain dans mon fief à Réo dans la province du Sanguié. Il est baptisé « Résistance » et va se dérouler au Comptoir des Cocktails sous le coup de 19h30 mn. Ce sera un moment de communion avec mes fans en live, et l’occasion d’égrainer les chansons du nouvel album et d’autres titres qui ont marqué le grand public. Une occasion également de rendre un vibrant hommage à nos vaillants FDS et VDP engagés sur le théâtre des opérations pour la reconquête de l’intégrité territoriale.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un jeune artiste comme vous ?

 

Les artistes burkinabè rencontrent pratiquement les mêmes difficultés qui sont liées à la rareté des producteurs, de mécènes, la mévente des œuvres musicales et les scènes qui se font rares.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Je crois que nous pouvons être fiers de nos artistes qui proposent des productions de qualité et qui côtoient les mêmes scènes au niveau international, avec d’autres stars de la musique africaine. Mais je crois également qu’il va falloir mettre à leur disposition encore plus de moyens financiers et techniques pour une véritable émergence de notre musique.

 

Peut-on savoir votre quotidien ?

 

Mes journées sont occupées par la création, les répétitions et la signature de contrats. Il y a les rencontres avec la presse et les week-ends, je suis en scène pour des spectacles.

 

Qu’en est-il de votre situation  matrimoniale?

 

(Eclat de rire) … Je suis célibataire mais j’ai des enfants.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je dis merci à Ricko Manadja qui fait partie de mon staff et qui essaie à sa manière de guider ma carrière dans le bon sens. Merci à toute l’équipe de votre magazine. Vivement que la paix revienne au Faso et rendez-vous le vendredi 24 novembre prochain pour le concert  « Résistance ».

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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