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ARAAZO, ARTISTE MUSICIEN: « La situation sécuritaire a freiné l’élan de la musique burkinabè »

Araazo, à l’état civil Abdoul Rasmané Zongo, est un jeune artiste musicien qui est né et a grandi dans la capitale burkinabè. Originaire de la localité de Thyou dans la région du Centre-Ouest, il est issu d’une famille de chansonniers et sa grand-mère, une cantatrice de renom de la région, va marquer sa petite enfance. Il est auteur de trois albums dont « Zoodo »,  sorti en 2008, «  Waaga », en 2013 et le dernier opus en date « Pang Ya Wendé », réalisé en 2017. Et c’est cette œuvre qui va marquer le tournant décisif de sa carrière en le propulsant au-devant de la scène.

A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder à quelques semaines de la sortie de son prochain album, il nous parle de son parcours, de sa passion, des difficultés que peut rencontrer un jeune artiste de sa trempe, de son quotidien, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Araazo: Je me porte très bien.

 

Est-ce le fait d’être issu d’une famille où la grand-mère était une cantatrice qui a guidé vos pas dans la musique ?

 

Il faut savoir que mon père était un El Hadj, paix à son âme, donc il était catégoriquement opposé à la musique au sein de la famille. C’est donc en cachette que j’ai commencé à chanter car j’aime la musique du fond du cœur. Une nuit, vers 23h, je suis venu en cachette avec une guitare, mais mon père m’a surpris avec cette guitare et bizarrement, il n’a rien dit et j’ai trouvé cela étrange. Le lendemain matin, il m’a appelé et m’a dit qu’il s’attendait à cela. Je me suis vraiment posé beaucoup de questions face à cette attitude du papa. Il m’a expliqué que ma grand-mère était une artiste et que ma mère voulait également chanter mais il s’est opposé à ce choix. Et c’est de là que je me suis finalement engagé à réaliser mon rêve et vivre de ma passion.

 

Quel bilan faites-vous de vos trois albums ?

 

C’est un bilan positif puisque moi-même, je suis satisfait de mon parcours. Les deux premiers albums n’ont pas connu le succès escompté mais le troisième m’a véritablement révélé au grand public et a connu un grand succès.

 

Quel est le secret de ce troisième album «  Pang Ya Wendé » qui continue de cartonner ?

 

Il faut dire que le succès de ce troisième album m’a vraiment surpris, je ne m’attendais vraiment pas à cela. Dans cet album, je comptais beaucoup sur le titre «  Biiga » mais c’est le titre «  Pang ya Wendé » qui a plu aux mélomanes. L’inspiration de ce titre m’est venue de façon mystérieuse. Tout est Dieu car je parle du pouvoir divin dans cette chanson.

 

Pouvez-vous nous parler de votre quatrième album qui est en cours de finition en studio ?

 

Effectivement, je suis en studio pour le nouvel album qui sera une œuvre très mélodieuse. C’est un concentré de douze titres et j’ai travaillé avec des arrangeurs comme Yacou 3 Gigas et Hamdify. Il y aura la collaboration d’autres artistes mais pour l’instant, je préfère taire les noms afin de créer l’effet de surprise.

 

Et à quand la sortie de cette œuvre musicale ?

 

Cela ne saurait tarder, je suis à la phase de bouclage et je vous informerai au moment opportun.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

A l’endroit de tous mes fans, je leur dis merci de m’avoir adopté depuis le début de cette belle aventure. C’est grâce à eux que je vis ce succès tant escompté. Que Dieu les bénisse.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un jeune artiste comme vous ?

 

La difficulté majeure est le fait d’être en autoproduction. Il faut savoir qu’il est très difficile pour un jeune artiste de s’épanouir sans un producteur.

 

 

 

Peut-on savoir votre quotidien ?

 

Je me suis lancé dans l’entrepreneuriat culturel en créant une maison de production. Je suis en train de vouloir produire une jeune artiste humoriste du nom de Mouizindo. Pour ce volet, je préfère travailler dans l’ombre pour apporter ma contribution à la promotion de la culture de mon pays. Du matin au soir, je suis dans mon propre studio.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

(Il éclate de rire) … Oui, je vis de mon art. Si je ne vivais pas de mon art, je n’allais pas être sur le point de produire d’autres jeunes talents artistiques.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

La musique burkinabè se porte très bien. La situation sécuritaire que traverse notre pays a freiné son élan mais nous prions Dieu que les choses se normalisent. En ce qui concerne les différentes productions, il y a des œuvres de qualité qui sont proposées aux mélomanes.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je ne suis pas encore marié mais j’ai une fille.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décide de suivre vos pas dans la musique ?

 

Il n’y a pas de souci à ce niveau mais comme le milieu n’est pas facile, il va falloir que je le suive de près et l’encadrer. Je vais lui permettre d’éviter certaines erreurs que j’ai commises dans ma carrière.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Il faudrait que tous les Burkinabè aient le pardon dans leur cœur. Nous devons nous mettre ensemble et unir nos forces afin de sortir de cette crise sécuritaire. Je dis merci aux Editons « Le Pays » pour tout ce que son hebdomadaire Evasion fait pour nous les artistes.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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