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MARCO LE SHERIFF, ARTISTE MUSICIEN: « La musique burkinabè n’est pas sponsorisée »

Marco Le Shériff, à l’état civil Marcelin Sawadogo, est un jeune artiste- musicien transfuge des groupes musicaux Pacifics Angels et Messagers Pacifics avant d’entamer sa carrière solo en 2007 sous le label Tam-Tam Production avec son œuvre « Pougzinga ». Originaire du Burkina Faso, il est né à Cocody en république de Côte d’Ivoire.

A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’artiste et auteur de la célèbre chanson « Wakato » nous parle de son aventure avec ses deux formations qui ont marqué le début de sa carrière, des difficultés rencontrées, de son quotidien, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, présente son nouveau single « Tara daaré » qui vient juste de sortir, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale.

Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Marco Le Shériff : je vais très bien, dans l’ensemble, je ne me plains pas.

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

C’est une passion qui date depuis l’enfance. J’étais entouré d’un beau monde qui aimait la musique et j’ai été marqué par le groupe Kassav. Quand j’ai vu à l’époque Hamed Farras chanter, je me suis rendu compte qu’un jeune enfant pouvait chanter car ce dernier était très jeune quand il débutait sa carrière musicale en Côte d’Ivoire à l’âge de 17 ans. Et c’est à partir de là que j’ai eu le goût de faire la musique. Mais comme j’étais avec des amis qui aimaient le hip hop au moment du succès des artistes comme Almighty et stezo, j’ai commencé ma carrière par le rap au sein du groupe Pacific Angels en 1999.

 

Pouvez-vous nous parler de l’aventure Pacific Angels ?

 

J’ai formé ce groupe ici à Ouagadougou avec un ami d’enfance du nom de  Alassane Nombré qui est présentement en France. Les studios étaient très rares en ce moment au Burkina Faso, nous avons commencé à faire des maquettes à Abidjan en 1999. Je peux dire qu’après Basic Soul, c’est nous les toutes premières formations de rap au Burkina Faso. Nous avons sorti notre premier album en 1999, l’œuvre a été produite par Abou Jack Love.

 

Mais qu’est-ce qui a entraîné la dislocation du groupe ?

 

Ce projet a été mal piloté, il y a eu un problème managérial. Ça n’a pas été comme nous l’avons voulu. Abou Jack Love venait de commencer la production, il n’avait pas de l’expérience dans ce domaine. Mais il avait la bonne volonté de nous aider.

Et le groupe Massagers Pacifics

 

C’est après la dislocation du premier groupe en 2000 que j’ai créé Messagers Pacifics trois ans plus tard. Nous avons sorti l’album « Wakato » qui a été produit par Ver Miel Production, c’est un album qui a connu un véritable succès.

 

Ce groupe a également été dissous, que s’est-il réellement passé à ce niveau ?

 

(Il éclate de rire) … Je pense que c’est venu naturellement. Chacun a eu le désir de faire sa carrière solo. Donc chacun est allé de son côté.

 

N’est-ce pas un problème de leadership, d’argent ou de femmes qui vous a séparés ?

 

Ni l’un ni l’autre. Il n’y a pas eu un problème d’argent ou de femmes entre nous. J’étais lead-vocal, cela a été convenu avec mon binôme.

 

Quel bilan faites-vous de votre aventure au sein de ces deux formations musicales ?

 

Je dirai que le bilan est positif. Cette aventure m’a permis d’être très connu au plan national et hors de nos frontières. Beaucoup de mélomanes se repèrent à cela pour me reconnaitre. C’est devenu une identité pour moi et je suis facilement accepté. Les groupes ne nous ont pas permis d’avoir assez d’argent mais nous ont rendus assez célèbres. Je pense que je pourrai me servir de ça pour réussir ma carrière solo.

Pour le choix du style musical ancré au cœur des sonorités traditionnelles au lieu de faire la musique urbaine comme bon nombre de jeunes chanteurs ?

 

Chacun est libre du choix de son style musical. Moi, j’ai décidé de rester fidèle aux rythmes du terroir de mon pays car je veux faire voyager ma culture. J’aimerais que lorsque je suis hors des frontières du Burkina, que l’on me reconnaisse à travers ma musique, que l’on sache d’où je viens, raison pour laquelle je suis focalisé sur ma tradition.

 

Quelle est votre source d’inspiration ?

 

Moi, je m’inspire des faits de la société. Ma musique parle beaucoup d’espoir. C’est pour donner le goût de vivre à ceux qui ont perdu l’espoir.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Je vis à moitié de ma musique. J’exerce un autre métier que je préfère ne pas me prononcer là-dessus. Ces deux activités se complètent et me permettent de vivre décemment.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Mes fans me demandent de ne pas les oublier, ils me permettent de me maintenir sur la scène musicale. Et pour leur témoigner ma reconnaissance, me voilà de retour avec un nouveau single baptisé « Tara daaré ».

 

 

Pouvez-vous nous parler de cette nouvelle sortie discographique ?

 

En 2013, lorsque j’ai sorti l’album « Sababo », le public a beaucoup aimé. C’est un single qui parle encore d’espoir. « Tara daaré » veut dire en mooré, Le jour viendra. C’est pour dire qu’il y aura un jour où tous ceux qui t’ont abandonné ou rejeté vont te chercher parce que tu auras réussi une vie meilleure.

 

Est-ce votre propre histoire ?

 

Ce n’est pas ma propre histoire mais je constate cela autour de moi. C’est une triste réalité car les gens sont considérés en fonction de leur pouvoir financier.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un jeune artiste comme vous ?

 

La difficulté majeure est le problème de la production. Donc les artistes s’autoproduisent, ce qui fait qu’on rencontre beaucoup de difficultés. La musique burkinabè n’est pas sponsorisée.

 

Et quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Je peux dire que la musique burkinabè se porte mieux de nos jours. A une certaine époque, il était difficile d’entendre nos œuvres dans les maquis, aujourd’hui c’est un terrain conquis. Et même au niveau des médias, nous sommes beaucoup joués.

 

 

 

Peut-on savoir votre quotidien ?

 

Il y a le boulot et les soirs et les jours libres sont consacrés à la musique qui est ma passion. Il y a les résidences de créations, les répétitions et les scènes. J’ai un home-studio, j’y travaille beaucoup. C’est là-bas que je conçois mes maquettes avant d’aller finaliser ailleurs chez d’autres arrangeurs.

 

Peut-on connaître votre situation matrimoniale ?

 

Je suis fiancé et père de trois enfants.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décide de suivre vos pas dans la musique ?

 

Il sera le bienvenu. C’est Dieu qui l’aura voulu. Si c’est sa passion, je vais l’accompagner car la musique est un métier noble.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je prie pour la stabilité de notre pays. Tant qu’il n’y aura pas la stabilité, ce serait difficile que les activités prospèrent. Que la paix revienne au Faso et merci au journal Evasion pour votre combat pour la promotion de notre culture.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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