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Willy Pascal, artiste chanteur : « C’est à la nouvelle génération de travailler à internationaliser la musique burkinabè »

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Né au quartier populaire Yopougon en République de Côte d’Ivoire, Willy Pascal est un jeune artiste chanteur passionné de musique depuis sa tendre enfance. Il fit ses débuts au théâtre au bord de la lagune Ebrié puis à Ouaga au théâtre Le Bourgeon de Ouagadougou avant de participer à des concours de chants comme le karaoké de Ouaga Fm et Faso Académie où il se retrouve en finale en 2013. Dès 2016, il est sous les feux des projecteurs avec son premier single « Vive les mariés » avant de sortir son premier album « Miracle » six ans plus tard. Originaire de la localité de Guilma dans le département de Kayao dans la province du Bazèga, il est détenteur d’une Maîtrise en droit des affaires.

A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, l’artiste nous parle de sa passion, de son parcours, de ses projets et jette un regard critique sur la musique burkinabè, lève le voile sur son prochain album et aborde sans détour d’autres sujets. Pour lui, la mission actuelle de la nouvelle génération d’artistes, c’est de travailler à internationaliser la musique burkinabè.  Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Willy Pascal : Je vais super bien.

 

D’où vous vient cette passion pour la musique ?

C’est depuis le bas-âge ; j’ai vécu un ensemble d’expériences qui ont nourri cette envie de faire la musique. J’étais dans des troupes de théâtre depuis l’école primaire et par la suite au Bourgeon du Burkina à la maison du peuple. A partir de 2006, j’ai commencé à participer à des compétitions de musique, notamment le karaoké de Ouaga Fm, Faso Académie en 2013 où j’ai même disputé la finale. L’aventure s’est poursuivie jusqu’en 2016 où j’ai sorti le premier single « Vive les mariés » et Il y a eu l’album en 2022.

 

Avez-vous eu l’aval de vos parents pour votre choix de faire la musique ?

 

En 2009, lorsque j’ai eu mon Bac, j’avais voulu poursuivre une formation en musique au Sénégal car c’est un métier comme tout autre.  Mais la maman a souhaité que je poursuive mes études jusqu’à la Maîtrise avant de vivre ma passion. Et c’est ce que j’ai fait, j’ai obtenu une Maîtrise en droit des affaires en 2014.

 

Avez-vous rangé ce parchemin ?

 

(Eclat de rire) … Pas du tout car le droit est présent dans notre quotidien. En dehors de la musique, je fais mes petits business par-ci par-là, le droit y intervient. Cela me donne une petite idée des engagements que je prends et cela m’avantage beaucoup.

 

De quels business parlez-vous ?

 

Il y a le maquis Wayiyan qui vient de naître. En dehors de ça, j’ai un restaurant, « Chez Willy », à Pissy qui existe depuis pratiquement trois ans. En terme de projet, je m’investis dans l’agropastoral. Voilà, ce sont de petits projets à côté de la musique que je fais.

 

Et si l’on vous demandait de faire le choix entre la musique et les affaires ?

 

La musique est une passion et derrière cette passion, c’est un métier. Les affaires, c’est l’esprit entrepreneurial qui s’exprime. Il n y a pas de choix à faire.

 

D’où vient cette fibre de l’entrepreneuriat ?

 

Depuis 2011, j’ai mis en place ma première petite entreprise qui était un salon de coiffure mixte et qui est devenu par la suite une boutique de vente de vêtements. J’ai tenu jusqu’en 2016 avant de passer à autre chose. C’est dû simplement au fait que j’ai toujours voulu être indépendant. Et pour y parvenir, il faut mettre en place ses petites unités de production.

 

Quel bilan faites-vous de votre jeune carrière musicale ?

 

Il est satisfaisant même si le niveau escompté n’est pas encore atteint. Il y a un public qui apprécie favorablement mes sorties discographiques, c’est déjà une satisfaction.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je les invite à continuer de soutenir la musique burkinabè, à nous donner la force qu’il faut afin que nous leur donnions ce qu’ils méritent.

 

Et à quand la sortie du prochain album ?

 

Le prochain album est déjà en gestation, il y a des projets intermédiaires qui vont intervenir. Mais d’ici la fin de l’année, le public entendra quelque chose.

 

De quels projets intermédiaires s’agit-il ?

 

Il y a la sortie de quelques singles que nous avons préparés, Il y a le clip de « Zougsa» que nous sommes en train de propulser actuellement. Il y a « Tond’so » que nous avons présenté lors des Fama et qui est une chanson beaucoup appréciée par les mélomanes.

 

Quelle est la particularité de ces nouvelles sorties discographiques comparativement aux précédentes productions ?

 

Ça sera une suite logique ; ça va être le prolongement de ce que nous avons commencé. Dans le premier album, nous avons voyagé sur différents styles musicaux et cette fois-ci, nous réservons la surprise.

 

Le fait de voyager sur plusieurs styles musicaux sous-entend que vous êtes à la recherche de vos repères ?

 

Ce n’est pas une question de recherche de repères. Quand on parle de musique, c’est universel. Quel que soit le rythme, le plus important est de partager des émotions avec son public. L’inspiration peut venir en reggae, en dance hall, en warba et en bien d’autres styles.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Elle évolue bien, il y a ce qu’on appelle la nouvelle génération qui fait de très belles propositions.

 

Le fait d’être sous les feux des projecteurs pour un début de carrière, est-ce une chance ou un défi ?

 

Je pense que c’est plutôt un défi. Aujourd’hui, la musique burkinabè n’est pas forcément internationale, et c’est donc un défi pour les artistes de la nouvelle génération de porter haut le flambeau. La génération précédente a porté la musique burkinabè jusqu’à un certain niveau et c’est à nous de travailler pour l’internationaliser.

 

Prévoyez-vous des collaborations avec des artistes internationaux ?

 

Naturellement ! Nous sommes aujourd’hui dans un monde ouvert. La mondialisation intervient à tous les niveaux. Nous devons donc nous ouvrir à d’autres sommités internationales. En ce qui me concerne, il y a des démarches dans ce sens. Il y a quelques petites collaborations que nous sommes en train de préparer. En 2022, lors de mon voyage en France, j’ai eu la chance de prendre attache avec quelques artistes de là-bas et de la Belgique.  Et ce n’est pas exclu d’avoir des collaborations sur le prochain album.

Peut-on avoir quelques noms de ces stars ?

 

Pour le moment, je préfère taire les noms.

 

Quelles sont les scènes qui vous ont le plus marqué ?

 

Déjà « L’Afrique en scène » à Paris en 2022 ; il y a eu récemment les Fama ainsi qu’au Festival de la jeunesse à Abidjan, du frère Hugo Boss. C’était de très beaux moments.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un jeune artiste comme vous ?

 

C’est au niveau du financement parce que la musique est budgétivore. C’est comme toute autre entreprise qui a besoin d’organisation et de moyens financiers. Il faut l’habiller pour pouvoir vendre du rêve.

 

Peut-on savoir votre quotidien ?  

 

Je suis sur plusieurs fronts. Il y a la musique, les répétitions, la gestion des affaires quotidiennes et les projets annexes.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

 

Tant que ce que l’enfant a envie de faire peut l’accompagner dans la société, je vais l’accompagner à fond.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Merci au magazine Evasion pour la perche qu’elle tend à tous les artistes. Que Dieu nous donne la force de continuer et bénisse chacun dans nos activités et ce pourquoi nous sommes là.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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