L’histoire de Wendy avec la musique pourrait se résumer en quatre phases toutes aussi importantes les unes que les autres. Au commencement se trouve un rêve d’enfant. Naturellement, Stéphanie Sid-beninwendé Nikiéma n’est pas encore Wendy mais son parcours ne nous ramène pas aux histoires classiques d’enfants nés de familles musiciennes ou qui se découvrent une vocation à force de côtoyer un parent musicien. C’est une vocation qui s’exprime et se découvre toute seule. Elle voit le jour dans le 13e arrondissement de Paris, carrefour culturel et artistique. Ses premières influences musicales ne connaissent pas de frontières même si Stéphanie avoue avoir un penchant beaucoup plus poussé pour la soul, le blues, les shows. Elle écoute tout et s’abreuve à toutes les sources. Son « moi culturel » se construit donc de la synthèse de toute création musicale qu’elle rencontre. A l’école primaire, elle montre une attention particulière pour les ballets et autres play-back organisés dans le cadre des matinées culturelles. C’est toute heureuse, qu’elle participe aux cours de chant dispensés par l’inspecteur Chante-clair (du nom donné par les élèves à l’instituteur proposé à ce cours). Ces moments de joie et de bonheur nourrissent en elle, le rêve de devenir vedette de la chanson quand elle sera plus grande. Mais c’est un rêve dont la réalisation nécessite du labeur et de la patience. Stéphanie Sid-beninwendé en a conscience et ne se résigne pas. Puis, viennent les années collèges et la prise de conscience qu’être artiste a des exigences. A force d’apprentissage, Stéphanie a acquis un bagage suffisant pour monter et diriger des chorégraphies au sein de son école. Mais, l’adolescente a aussi conscience des difficultés et ne se sent pas prête pour une carrière musicale de premier plan. Des lacunes, elle en a et il lui faut œuvrer à les combler. Elle se met alors au travail pour peaufiner sa technique vocale et travaille sa présence scénique. Voici venue la décennie go, le rap burkinabè connaît un certain printemps. Des groupes de virtuoses se forment et laissent exprimer leurs talents. C’est aussi l’époque de la floraison des sound-systems et free style dans les underground. Au cours de l’une de ces manifestations, Stéphanie, devenue entre-temps Fanny pour coller à la tendance du moment, monte sur scène. Sa prestation est fort remarquée et son chemin croise celui du groupe Attentat. Elle intègre le groupe comme chanteuse et rappeuse. Quelques années de collaboration plus tard, le groupe vole en éclats et disparaît de la circulation. Fanny aussi. Mais malgré l’expérience acquise, elle ne se sent toujours pas prête pour une carrière solo. Elle décide de retourner pour travailler les fondamentaux (techniques vocales et techniques d’écriture) de la musique. Elle disparaît de la scène pour une dizaine d’années, le temps de participer à des ateliers de perfectionnement de voix organisés par le Centre Culturel Français (CCF), de faire des scènes en play-back pour ne pas perdre l’habitude de la scène et de trouver sa voie. En une dizaine d’années, elle acquiert un certain bagage tout en restant consciente que tout n’est pas parfait. Les efforts fournis la satisfont tout de même. Mais, il lui faut trouver une voie d’expérience. Elle se souvient alors que des années auparavant, elle avait rencontré un jeune producteur qui avait montré un grand intérêt pour sa musique. Avec ses compositions, Stéphanie retourne le voir pour lui proposer une collaboration. Ensemble, ils trouvent la voie appropriée pour mettre son talent en exergue sous le label « Merveilles », ils définissent la coloration de son album et retravaillent ses compositions et les parois des chansons. La métamorphose est totale. Elle arrive dans l’arène du showbiz avec un style urbain fait d’influence rap, Rnb, soul qu’elle gardera mais sa musique aura désormais pour socle les valeurs du terroir pour coller à cette nouvelle orientation. Fanny se rebaptise Wendy, tiré de son nom mooré Sid-beninwendé. Ce processus de dé-baptême/ré-baptême participe de sa renaissance musicale et confirme que Wendé (Dieu) est l’Alpha et l’Oméga. Elle entre en studio sous la conduite d’arrangeurs confirmés. Sa nouvelle voie lui sied comme un gant et elle compile les sonorités. Au final, elle enregistre 18 chansons qu’elle propose sur l’album « Gal yam ».
Evariste Télesphore NIKIEMA