Au fil des semaines

REPONSE DU BURKINA A LA FRANCE A PROPOS DES MUTATIONS RELATIVES AUX PASSEPORTS DIPLOMATIQUES ET DE SERVICE: Un signe des temps !

Par lettre datée du 27 décembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a instruit la ministre burkinabè des Affaires étrangères, d’appliquer strictement le principe de réciprocité suite à la décision du consulat général de France à Ouagadougou, d’introduire des changements dans le traitement des demandes de visas pour les passeports diplomatiques et de service. Désormais, pour entrer au Burkina Faso, tout détenteur de passeport diplomatique et de service français doit présenter un visa acquis selon les normes burkinabè. Cette réaction du président du Faso fait suite à une note verbale du consulat général de France à Ouagadougou, datée du 24 octobre 2022, faisant part au gouvernement burkinabè et aux missions diplomatiques et consulaires ainsi qu’aux organisations internationales et interafricaines accréditées au Burkina Faso, de changements qu’il allait introduire à compter du 2 novembre 2022, dans la procédure de traitement des demandes de visas pour les passeports diplomatiques et de service.

Il faut tout de suite saluer le courage du Chef de l’Etat burkinabè qui n’a pas porté de gants pour donner ce coup de machette inattendu dans le nœud des liens coloniaux et néocoloniaux avec la France. C’est un signe des temps ! Car, il y a encore quelques années en arrière, une telle réaction d’un Chef d’Etat du pré-carré français, était inimaginable. Une telle attitude aurait été jugée irrévérencieuse par Paris et aurait suffi à déclencher ainsi le courroux du grand chef blanc qui trône au palais de l’Elysée avec en sus, une avalanche de sanctions politiques, diplomatiques et économiques.

 

On se demande si la France ne donne pas des verges pour se faire flageller

 

Mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts des relations entre l’ancienne puissance coloniale si jalouse de son mariage avec ses anciennes colonies et le Burkina Faso happé par les nouveaux vents de liberté et de souveraineté.

Cela dit, dans le fond, il faut le dire, cette mesure, sans parti pris, n’est que justice même si d’aucuns peuvent y voir du populisme et un appel du pied aux partisans de la mise à mort des relations avec l’ancienne puissance coloniale. C’est une réaction tout à fait égale à la décision de la France qui, comme on le sait, fait misère aux demandeurs de visas pour l’Hexagone. La situation s’est aggravée avec les récents évènements intervenus au Burkina Faso, notamment les manifestations anti-françaises qui ont abouti au saccage des locaux de l’Ambassade de France et qui, du reste, ne sont pas étrangères aux mutations décidées par le consulat général. Il est donc tout à normal que le principe de réciprocité soit appliqué surtout que la France, fidèle à son attitude de condescendance née de la colonisation, n’a pas daigné associer les autorités du Burkina Faso à la décision de changer les règles en matière d’octroi de visas. C’est donc la réponse du berger à la bergère. La question que l’on peut cependant se poser suite à ce ping-pong diplomatique, est la suivante : quel sera l’impact de cette nouvelle donne dans les relations entre les deux Etats ?

Seul l’avenir nous le dira. Mais, pour l’instant, l’on ne peut que faire le constat que ces décisions aux relents de mesures de rétorsions des deux côtés, viennent confirmer le désamour grandissant entre Ouagadougou et Paris sur fond de sentiment anti-français. Dans ce contexte, l’on se demande si la France ne donne pas des verges pour se faire flageller. Apparemment, la France n’a pas encore pris conscience, malgré son expulsion du Mali et de la République centrafricaine, du fait qu’elle ne fait plus beaucoup rêver en Afrique dans un contexte où de nouveaux séducteurs font les yeux doux au continent noir. Son réveil tardif n’en sera que plus douloureux.

 

P.K

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