Au fil des semaines

PROJET D’ANNULATION DE BAUX EN FAVEUR DE L’ETAT: Un couteau à double tranchant !

Dans le compte rendu du Conseil de ministres du mercredi 25 Janvier 2023, l’on peut lire ceci : « Le conseil a également instruit le ministre de l’Economie, des finances et de la prospective de procéder à une évaluation du taux d’occupation des bâtiments loués au profit de l’Administration et de prendre les dispositions pour lui soumettre un plan de construction de nouveaux bâtiments administratifs dans les meilleurs délais ». Même si cela n’est pas explicitement dit, l’on peut lire en filigrane dans ce bout de texte, la volonté de l’Exécutif burkinabé de mettre fin à la location de bâtiments privés au profit de l’Administration publique. Certes, cette mesure aura pour effet de tuer la poule aux œufs d’or de certains investisseurs dans le bâtiment mais elle vaut aussi son pesant d’or non seulement dans la rationalisation de la dépense publique et la bonne gouvernance mais aussi dans l’amélioration des conditions de travail des agents de l’Etat. Nul n’ignore en effet, l’immensité des sommes englouties dans la location des bâtiments privés occupés par les services de l’Etat ; une cagnotte qui aurait suffi à doter l’Etat d’infrastructures pérennes. L’on peut d’ailleurs aussi se poser des questions sur la transparence des marchés de location de ces immeubles privés qui, dans un passé récent, appartenaient, pour l’essentiel, à des caciques des régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat. Enfin, il faut le dire, beaucoup de ses bâtiments loués ne répondent pas aux normes de bâtiments publics et contraignent leurs occupants à une promiscuité nocive à leur efficacité quand tout simplement ce n’est pas leur entretien qui cause problème.

Cela dit, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Le secteur du bâtiment est un poumon essentiel du développement de nos villes. Ne dit-on pas en effet, que « quand le bâtiment va, tout va ? ». En privant le secteur du bâtiment privé du flux sanguin de l’argent de l’Etat, l’on risque donc de créer une embolie pulmonaire qui peut lui être fatale. En effet, la décision étatique pourrait décourager les investisseurs dans le bâtiment avec pour effet collatéral non seulement de mettre à mal tous les travailleurs du domaine et les tous les sous-secteurs rattachés mais aussi de nuire à la beauté des paysages urbains.

En tout état de cause donc, c’est une judicieuse alchimie qui associe le privé et le public que le gouvernement devra inventer pour préserver, dans tous les cas, l’intérêt public. Et pour cela, tout en poursuivant l’orientation prise d’ériger de nouveaux édifices publics pour diminuer le poids financier de location des bâtiments privés au profit de l’Administration, il faut édicter de nouvelles normes de construction pour ceux qui aspirent à la manne financière de l’Etat et œuvrer à la transparence financière des procédures pour y accéder. Mieux, s’il y’a un domaine où le Partenariat Public –Privé (PPP) peut prospérer, c’est bien dans le domaine de la réalisation des infrastructures. C’est donc l’une des pistes à explorer pour conjuguer les deux intérêts, tous vitaux pour l’économie nationale.

 

P.O

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