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NEYA BABOU DIT MICHOU, HUMORISTE (Génération 2000): « Il nous faut la cohésion sociale et le vivre-ensemble »

Originaire de la province du Sanguié dans le Centre-Ouest du Burkina Faso, c’est à Yamoussoukro en République de Côte d’Ivoire que naquit Neya Babou dit Michou, l’un des pionniers de l’humour contemporain burkinabè. Ayant commencé sa carrière en tant que danseur dans les lycées et collèges, il finit par être chorégraphe et encadre plusieurs groupes qui s’engagent dans les compétitions culturelles. Membre fondateur du mythique groupe Génération 2000, il a également dansé auprès de plusieurs vedettes de la musique burkinabè, que ce soit sur les scènes ou dans les clips. Enseignant l’humour, la danse et la chorégraphie dans plusieurs établissements scolaire de la capitale burkinabè, il s’est prêté à nos questions à travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder. L’artiste nous parle de sa passion pour l’humour, des difficultés du métier, de ses projets, jette un regard critique sur l’état de santé de l’humour, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?       

 

Neya Babou : Je vais bien dans l’ensemble. Après le décès de la Gaonrette, il nous fallait faire notre deuil, la séparation a été brutale. Nous sommes en Afrique, les gens n’auraient pas compris si nous avions repris nos activités dans un bref délai.

 

D’où vient cette passion pour l’humour ?     

 

Au début, nous étions des danseurs dans les lycées et collèges et nous avons décidé de nous mettre ensembles. Nous avons été inspirés par le groupe congolais Trio d’Assofa qui faisait la danse humoristique. La particularité de Génération 2000 est d’avoir ajouté les sketchs de sensibilisation.

 

Pensez-vous avoir inculqué une dynamique dans l’humour au Burkina Faso ?

 

Bien sûr que oui, et nous en sommes fiers pour avoir tracé le chemin pour les jeunes qui en ont fait un métier. Nous sommes le fer de lance de l’humour au Faso à travers les différents centres de formation. L’humour est aujourd’hui le tremplin qui apporte beaucoup de récompenses à travers plusieurs jeunes qui nous ramènent des trophées internationaux.

 

Nous avons l’impression que les humoristes ivoiriens sont sur les hauts podiums comparativement à ceux du Burkina, c’est quoi exactement le problème ?

 

C’est votre impression, sinon je pense qu’on reconnait les mérites de l’humoriste burkinabè. Nous jouons sur les mêmes scènes et la nouvelle génération frappe fort à l’extérieur. Je peux citer Moussa Petit Sergent qui a reçu le prix RFI, il y a également Philomène Nanema qui a décroché le prix CEDEAO, Momo l’intellectuel et bien d’autres. Parlant de la génération d’avant, il y a Son Excellence Gérard, Gombo.Com, Anatole Koama, Génération 2000…

 

Comment s’est faite la formation de Génération 2000 ?

 

Au début, c’était une concurrence entre nous. On se croisait dans les nuits culturelles et les compétitions interscolaires. Par la suite, on faisait presque la même chose. Et comme l’union fait la force, on a décidé de sécuriser nos gombos car ensemble on est plus fort et c’est ce qui fait notre force depuis belle lurette.

 

Après le décès de la Gaonrette, continuez-vous à deux ou allez-vous recruter un troisième élément ?

 

C’est un coup dur mais la vie doit continuer car si nous baissons les bras, la Gaonrette d’où elle se trouve nous en voudra. Nous travaillons avec deux catégories de personnes. Il y a ceux que nous avons formés et la première Gaonrette.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Je dirai oui, je vis de mon art car cela m’a permis de reconnaître plusieurs talents dont celui de l’écriture et de la réalisation. Je donne aussi des cours de danse. J’enseigne l’art dans différentes écoles et cela me permet d’arrondir la fin du mois. (Il éclate de rire)…

 

Quels sont vos grands projets ?

 

Hormis la création de la Fondation Génération 2000 qui est un projet du groupe, je compte créer une école de danse, d’humour et de chorégraphie. Il y a la sortie de mon premier roman. J’ai déjà sorti deux nouvelles et vous verrez bientôt le lancement de deux séries télévisées qui sont déjà prêtes. Le groupe compte aussi lancer son festival.

 

A quand exactement le lancement de ces projets ?  

 

C’est Dieu qui décide. Suite à la crise sanitaire, ce n’est pas simple. Et je profite de l’occasion pour lancer un appel à tous ceux qui peuvent nous aider à la concrétisation de ces projets, de ne pas hésiter.

 

Pouvez-vous nous parler de votre quotidien ?

 

Je suis toujours en résidence de création et en attente des personnes de bonne volonté pour réaliser mes projets. Il y a aussi les spectacles à honorer. Ce sont des programmes assez chargés.

 

Quelle est actuellement la difficulté majeure d’un humoriste burkinabè ?

 

Le problème ne réside plus au niveau des plateaux  d’expressions, mais plutôt la précipitation pour l’organisation des « One Man Show ». Si nous ne prenons garde, nous risquons de tuer la poule aux œufs d’or quand on confond vitesse et précipitation. Il n’ y a pas de honte à demander d’être assisté par quelqu’un de plus avisé.

 

Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?            

 

Je leur dis mille fois merci pour leur soutien indéfectible et multiforme car si l’humour a atteint ce niveau, c’est grâce à eux. Je leur demande de continuer de nous soutenir malgré nos défauts car c’est la plus jeune des corporations. Le rire c’est la santé et est fédérateur.

 

Quels sont vos vœux pour cette année nouvelle ?

 

Je souhaite que la paix revienne au Faso, la santé, la prospérité et la véritable reprise des activités culturelles.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

(Il éclate de rire)… Je suis en couple et père de trois enfants dont deux garçons et une fille.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Merci à Evasion qui nous a toujours soutenus depuis le début de l’aventure. Il nous faut la cohésion sociale et le vivre-ensemble, le ciment de notre société léguée par nos ancêtres.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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