Originaire de Pô dans la province du Nahouri, Mr HB, à l’état civil Hamidou Balora, est un jeune rappeur et Directeur du festival « After School ». Il a grandi à Ouagadougou et a passé du temps au Ghana. Avec deux albums, « Life » sorti en 2001, « Never give up » en 2013 et un single « Kounibamou » en 2022, il a su s’octroyer une place de choix dans la sphère du hip hop ouest- africain. Depuis quelques mois, le chouchou des jeunes est à cheval entre l’Angleterre, la Corée du Sud et la Chine.
A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, via le net, l’artiste nous parle de sa passion pour le hip hop, de son parcours, de ses projets, dresse un bilan de sa carrière, jette un regard critique sur l’évolution du rap au Burkina Faso, lève le voile sur sa prochaine sortie discographique avec une star de l’afro-trap anglais et aborde sans détour d’autres sujets croustillants, notamment l’organisation du FESPACO qu’il souhaite voir améliorée. Lisez plutôt.
Evasion : Comment allez-vous ?
Mr HB : je vais très bien.
D’où vient cette passion pour la musique ?
Au début, j’étais passionné par le football mais j’ai fini par être influencé par le rap quand j’étais de passage au Ghana. Et par la suite, j’ai opté pour la musique.
Quelle est votre petite histoire avec le hip hop ?
Depuis le bas-âge, je n’écoutais que le hip hop. Quand je quittais Ouagadougou pour les vacances à Pô, je soutirais l’argent de papa pour traverser la frontière ghanéenne plus précisément à Paga pour acheter des CD que j’écoutais une fois de retour à Ouagadougou. J’aimais beaucoup écouter le rap, cela a influencé mes études et j’ai quitté l’école pour la rue. Dans les clips américains, le rap c’était la rue.
Pensez-vous que le hip hop se porte bien au Burkina Faso ?
C’est bien visible que le hip hop se porte bien au Burkina Faso. Mais il se dénature de plus en plus avec la nouvelle génération de rappeurs. Il faut savoir que même d’autres styles musicaux subissent également des mutations.
Quel bilan faites-vous de votre carrière musicale ?
Ce n’est pas le bon moment de dresser un bilan car j’estime que ma carrière musicale ne fait que commencer. Mais le petit parcours est déjà prometteur.
Que pensez-vous de l’organisation de la 29e édition du FESPACO ?
Je pense que l’organisation du FESPACO est à revoir. Elle est monotone. C’est toujours la même chose. Il n’y a pas d’innovations majeures surtout au niveau de la communication. Elle est plate, Le comité d’organisation doit revoir les choses afin de changer cette méthode d’organisation des années 45.
Pensez-vous que les cinéastes burkinabè ont des chances de remporter l’Etalon d’or du Yennenga?
Pourquoi pas ? Je pense que nos cinéastes sont les favoris de cette 29e édition du FESPACO. Je profite lancer un cri de colère à l’endroit des autorités pour qu’elles accompagnent nos cinéastes avec les moyens conséquents pour leur permettre de vivre de leur art. Si non, c’est la misère totale dans le cinéma burkinabè. Voir que le Burkina est un pays du cinéma et que les cinéastes vivent dans la misère, c’est honteux.
Vous êtes le promoteur du concours artistique « After School ». Pouvez-vous nous parler de ce projet culturel ?
C’est une compétition internationale qui est une tribune d’expression et de valorisation des jeunes talents artistiques. L’idée m’est venue en 2014 afin de donner la chance aux jeunes de s’exprimer et de les mettre en lumière. Aujourd’hui, je suis plus qu’heureux de constater que plus de 60% des jeunes artistes qui font la fierté de la musique burkinabè ont tous commencé par cette compétition.
Qu’avez-vous à dire à vos fans ?
Je m’excuse auprès d’eux pour ce silence car cela fait deux ans que je n’ai pas fait de sortie discographique. Je travaille actuellement en Angleterre sur de gros projets pour leur plaisir. Et je prépare une collaboration avec une grosse pointure de l’afro-trap anglais.
Justement vous êtes hors du pays depuis quelques mois, qu’en est-il exactement ?
Je suis entre l’Angleterre, la Corée du Sud et la Chine pour d’autres projets. Il y a la musique et l’industrie automobile comme l’importation de véhicules vers l’Afrique. C’est un projet qui me tenait à cœur depuis maintenant 15 ans et qui vient de se réaliser. Mes commandes sont centrées sur le Burkina, le Niger et le Mali. Je fais également des faveurs aux artistes qui peuvent payer à tempérament.
Votre carrière musicale ne prendra-t-il pas un coup de frein ?
(Il éclate de rire) … Non pas du tout. Au contraire, c’est pour pouvoir bien financer ma carrière musicale. Vu que j’évolue dans l’autoproduction, c’est pour éviter la mendicité. Tout artiste doit créer une source de revenus en dehors de la musique.
Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?
Aucun de mes enfants ne fera la musique parce qu’ils ne supporteront pas ce que j’ai traversé comme difficultés. C’est un travail très difficile et très risqué où les chances sont minimes.
Vivez-vous de la musique ?
Pas à 100%, mais elle contribue à mes revenus.
Qu’avez-vous à dire pour conclure ?
Je tiens à remercier les initiateurs du journal Evasion qui, depuis des années, valorise nous les acteurs culturels. Merci également aux lecteurs qui jouent un rôle important en achetant ce magazine car sans cela, la production va s’arrêter, je tiens donc à saluer chacun d’entre eux. Que la paix revienne au Faso.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON