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MAMADOU MARE, PRODUCTEUR (BURKINA-FRANCE): « La musique burkinabè a du mal à décoller en France »

Originaire de la province du Boulgou dans le Centre-Est du Burkina Faso, Mamadou Maré réside en France depuis plusieurs années. Ce passionné de culture est en service à la direction de la propreté et de l’eau à la mairie de la ville de Paris. Producteur de musique, il s’est ouvert à nous à travers cette interview via le net. Dans cet entretien, il nous parle de sa passion pour la musique, de ses productions et de ses projets, jette un regard critique sur le positionnement de la musique burkinabè en Europe, revient sur son quotidien, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt. 

 

Evasion : Comment allez-vous ?

Mamadou Maré : Je vais très bien, merci.

 

D’où vient cette passion pour la culture ?

La culture et moi est une histoire qui date de très loin, elle est innée. La chance de côtoyer certains ainés dans le domaine m’a guidé dans la production d’œuvres musicales.

 

Pouvez-vous nous présenter les compilations burkinabè que vous avez produites et sorties en France ?

Il y a trois compilations que j’ai produites. C’est le projet « Sons et Images du Burkina Faso ». La première est sortie en 2008 comprenant dix artistes. La seconde en 2011 avec seize artistes et la troisième en 2018 qui a concerné onze artistes de mon pays. Ce sont des compilations qui regroupent uniquement des artistes du Burkina Faso.

 

Et quel bilan faites-vous de ce projet ?

C’est un bilan de satisfaction. Ce projet m’a ouvert des portes et m’a permis de voyager et de participer à de grandes cérémonies culturelles comme les Tamani au Mali, le Massa en Côte d’Ivoire (trois fois), les Kundé (cinq fois), au Fony à New-York, le Fespaco, le Siao et les NAK. Tout cela a été couronné par une médaille en 2015 à l’Ambassade du Burkina Faso à Paris.

 

Peut-on s’attendre à la production d’autres compilations ?

Pour l’instant, je ne peux pas me prononcer. Les données ont changé, les CD se raréfient. Si je dois continuer, je dois le faire en tenant compte des nouvelles exigences.

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans ce projet ?

Merci pour la question. C’est à chaque peuple de promouvoir sa propre culture, personne ne le fera à notre place. C’est une manière pour moi d’apporter ma modeste contribution à la valorisation et à la promotion de nos artistes sur le marché international.

 

La musique burkinabè se porte-t-elle bien en Europe ?

La musique burkinabè a du mal à décoller en France, un pays qui est la plaque tournante du show-biz mondial.

 

Selon vous, que doit-on faire pour positionner cette musique en Europe ?

Il y a plusieurs facteurs à mon avis. En première ligne, il faut des entrepreneurs culturels qui osent. Oser, c’est avoir des ressources financières ou des sponsors pour se faire accompagner dans l’organisation de spectacles pour mettre en lumière nos artistes qui ont une certaine expérience et dimension. Je peux citer des artistes comme Floby, Alif Naaba ou Maï  Lingani qui ont du potentiel. On en voit dans d’autres communautés ici en France, mais du Burkina, je n’en connais pas. Il faut des spectacles, il faut de la visibilité, c’est ce qui nous manque.

 

Quel est votre quotidien ?

Je travaille à la direction de la propreté et de l’eau à la mairie de Paris. Je commence ma journée à 5h 30mn du matin pour finir à 16h. Une fois à la maison, je me détends en écoutant de la musique ou en regardant des films à la télé.

 

Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?

Avant tout propos, je souhaite de tout cœur que mon pays retrouve la paix et la quiétude. Je souhaite un bon vent au show-biz burkinabè. Je souhaite plein succès au magazine Evasion qui nous met au diapason en temps et en heure.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

(Il éclate de rire)… Je suis marié et père de deux enfants.

 

En tant qu’acteur culturel, quel est votre message face à la situation sécuritaire que traverse le Burkina Faso ?

Je suis sans voix par rapport à la situation sécuritaire du pays. C’est l’armée qui est formée pour ces genres de situations mais n’arrive pas à neutraliser ces bandits. Franchement, j’ai la peur au ventre. Seul Dieu décidera de notre sort.

 

Quel est votre mot de la fin ?

Encore merci à toute l’équipe de la rédaction pour le travail de promotion culturelle que vous faites au quotidien depuis plusieurs années. A bientôt pour d’autres projets culturels.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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