Au fil des semaines

LE BURKINA CLASSE 182E SUR 189 PAYS: Le rang de la honte

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a publié son rapport 2019 sur le classement mondial des pays selon l’indice de développement humain (IDH). En rappel, le classement se base sur plusieurs données liées, entre autres, au niveau d’éducation de la population, à la santé et au revenu par habitant. En Afrique, le pays dont l’IDH est le plus élevé est les  Seychelles, suivi de l’île Maurice. Au bas du tableau, en Afrique, on retrouve respectivement le Burkina (46e) ; l’Erythrée (46e) ; le Mali (48e) ; le Burundi (49e) ; le Soudan du Sud (50e) ; le Tchad (51e) ; la République centrafricaine (52e) ; le Niger (53e). A l’échelle du monde, notre pays est classé 182e sur 189 pays. En 2018, le rang était pratiquement le même. Le Burkina fait donc du surplace. Il n’y a donc pas de quoi pavoiser. Bien au contraire, ce score interpelle l’ensemble des Burkinabè en général et les gouvernants en particulier, sur l’urgence d’extirper le pays d’une telle situation. Pour ce faire, il faut absolument opter pour une gouvernance qui repose sur la vertu et la vision. Les Seychelles qui sont le pays africain dont l’IDH est le plus élevé, sont un exemple à imiter. En effet, en matière de gouvernance politique, économique et sociale, ce pays de l’océan indien  fait la fierté de l’Afrique. Et chaque année que Dieu fait, il met un point d’honneur à faire mieux. Et ce qui fait que le pays mérite davantage des lauriers, c’est qu’il fait reposer sa politique éducative et sanitaire sur des ressources endogènes. Au Burkina, c’est tout le contraire. En effet, notre système éducatif, tout comme le système de santé, sont maintenus en vie grâce aux  subsides des fameux Partenaires techniques et financiers (PTF). Et  très souvent, quand ces derniers décident de cracher au bassinet, ils se préoccupent beaucoup plus de la quantité que de la qualité des résultats. Ainsi, dans le domaine de l’éducation, c’est beaucoup plus le nombre d’écoles construites qui les intéresse que la qualité de l’enseignement qui y est dispensé. Résultats : le système éducatif produit des apprenants qui, au bout du cycle primaire, traînent de graves  lacunes cumulées en matière de connaissances fondamentales.

 

L’exemple du Rwanda  est la preuve que le développement est d’abord une question de volonté politique

 

Mais de cela, les gouvernants n’en ont cure. Car, ils adorent les chiffres. Et les politiciens en sont davantage friands puisque les chiffres  leur servent d’arguments pour séduire les populations à l’effet de se faire réélire. C’est pareil dans le domaine de la santé. Le gouvernement est prompt à brandir des chiffres pour se glorifier par rapport à sa politique de gratuité de soins en faveur de la mère et de l’enfant. Mais ce que les uns et les autres oublient, c’est que ces chiffres manquent très souvent de crédibilité et de fiabilité. Et cette façon de faire est le sport favori de l’ensemble de l’administration. La conséquence immédiate de cette manière de se chatouiller pour rire aux éclats, est le bonnet d’âne que le pays porte systématiquement dans tous les classements que le PNUD dresse chaque année. Et les pays qui se disputent chaque année le titre de la honte sont toujours les mêmes. Il s’agit généralement et par ordre de décroissance du Burkina, du Mali, du Burundi, du Soudan du Sud, du Tchad, de la République centrafricaine et du Niger. Certes, le fait que le Burkina connaît une situation sécuritaire difficile liée aux attaques terroristes, explique en partie le mauvais rang mais la vérité est que cet état des choses est beaucoup dû à des facteurs plus structurels que  conjoncturels. Et tant que l’on ne va pas travailler à inverser les tendances, l’on peut parier que le rang qui est le nôtre en matière d’Indice de développement humain, ne changera pas. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les archives du PNUD des dix dernières années. Au lieu de vouloir chercher à cacher le soleil avec son doigt, ce rang doit plutôt semer la révolte pour plus d’actions réfléchies et osées en faveur du développement  humain durable. Un pays comme le Rwanda qui, naguère, avait l’indice de développement humain pratiquement le plus faible d’Afrique, s’en est servi comme source de motivation pour remonter considérablement la pente. L’exemple de ce pays est la preuve que le développement est d’abord une question de volonté politique. Tous les partis politiques qui ambitionnent de diriger le Burkina, ne doivent pas oublier dans leur projet de société, d’apporter des éléments de réponse aux maux qui plombent le développement du Burkina Faso et qui offrent de la matière au PNUD pour classer notre pays au rang des plus pauvres de la planète. Et venant de la part de cette institution, nul ne peut dire que ce classement ne reflète pas la réalité.

 

P.K

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