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LA DENGUE AU BURKINA FASO: Quelles solutions pour réduire l’incidence de la maladie?

Face à la situation épidémiologique suscitée ces jours-ci dans notre pays par la dengue, le Dr Olivier Gnankiné, entomologiste, Maître de conférences à l’université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo, propose des solutions à court, moyen et long terme pour réduire l’incidence de la maladie.

 

Ce qu’il faut savoir sur la dengue

 

La dengue est une maladie virale causée par un virus appartenant à la famille des flaviviridae [1] et au groupe flavivirus (dans lequel nous pouvons encore citer le virus responsable de la fièvre jaune). Ce virus est transmis par la piqûre diurne (tôt le matin vers 6h et dans l’après-midi vers 16h) d’un moustique du genre Aedes ou moustique tigre qui se reconnaît par sa couleur sombre et des marques blanchâtres sur les pattes.

 

Les symptômes surviennent généralement entre 4 à 10 jours (période d’incubation) après une piqûre infectante. Le sujet ainsi infecté devient le principal réservoir du virus. Il va favoriser la prolifération du virus et devient ainsi une source de contamination pour les moustiques qui n’en sont pas encore porteurs. Les sujets infectés par le virus de la dengue peuvent transmettre l’infection (en général pendant 4 à 5 jours – quelquefois jusqu`à un maximum d’une douzaine de jours) par l’intermédiaire des moustiques.

 

Généralement, les patients présentent des symptômes comme une forte fièvre, des maux de tête, des douleurs autour des yeux, douleurs musculaires et articulaires, des éruptions cutanées, une fatigue, une faiblesse généralisée, une perte d’appétit, des nausées, des vomissements et des ganglions lymphatiques enflés, etc. Certains de ces symptômes, comme la fatigue, la faiblesse généralisée et les éruptions cutanées sur la peau, sont le résultat d’un faible taux de plaquettes sanguines qui se produit en contractant la maladie (Consulter http://sante.toutcomment.com/article/remedes-naturels-contre-la-dengue-11637.html.)

 

Quatre (4) sérotypes sont reconnus pour être responsables de la maladie (DENV-1, DENV-2 ; DENV-3 ; DENV-4). Les sérotypes DENV-2 ; DENV-3 seraient les plus pathogènes mais tous peuvent évoluer vers des formes sévères ou mortelles. A ce jour, aucun lien sérotypes-virulence n’a été mis en évidence. Ces sérotypes sont proches l’un de l’autre mais on n’observe pas de protections croisées dans la durée. Cela veut dire qu’on peut avoir une immunité contre un sérotype donné mais ce n’est pas pour autant qu’on est protégé à vie contre les autres sérotypes.

 

 

Mieux vaut prévenir que guérir

 

Le nombre de cas d’hospitalisation et le nombre de décès ne cessent d’augmenter jour après jour à Ouagadougou (les dernières statistiques en cours publiées le 10 novembre 2023 font état de 645 cas dont malheureusement 7 décès). C’est pourquoi la prévention par la lutte contre les vecteurs occupe une place de choix en termes de lutte contre cette épidémie. Le premier réflexe après déclenchement des premiers symptômes est de se rendre dans un centre de santé pour une prise en charge et non faire de l’automédication.

 

Traitement symptomatique

 

Selon le Dr Olivier Barles (http://www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur/pratique/172878-dengue-origines-symptomes-traitements-et-prevention-pour-tout-savoir-sur-la-dengue), Il n’existe pas de traitement curatif. Il s’agit simplement de contrôler les symptômes avec du paracétamol et maintenir un niveau d’hydratation de l’organisme suffisant, tout en attendant que l’infection “meure d’elle-même“ après 5-7 jours. Cependant, la dengue sévère nécessite une hospitalisation pour une surveillance rapprochée et l’instauration de perfusions pour parer à une déshydratation grave, voire de perfusions pour contrer la survenue de saignements importants.

 

Des remèdes naturels pour aider à la guérison

 

En complément aux traitements symptomatiques faits par les cliniciens, des rémèdes naturels comme les jus de fruits existent et qui ont pour rôle de renforcer le système immunitaire (système de défense de l’organisme), de réhydrater le corps, de soulager les vomissements. On peut citer parmi ces remèdes, les feuilles de papaye, l’eau de coco, le jus de goyave et de poivron rouge, le jus d’orange, le thé d’orge. Ces fruits sont reconnus pour leur teneur importante en vitamines A, B, C et de minéraux tels que le potassium, le magnésium, le phosphore, le fer et le calcium qui peuvent varier en fonction des fruits (Consulter http://sante.toutcomment.com/article/remedes-naturels-contre-la-dengue-11637.html pour plus détails pour la préparation des jus).

 

Il est important de signaler qu’il faut éviter les aliments gras, les plats épissés, charcuteries et pâtisseries. Penser à boire de l’eau régulièrement pour se réhydrater et se reposer beaucoup.

 

Propositions concrètes

 

Pour réduire l’incidence de la maladie et pour prévenir une autre épidémie dans le futur, des efforts doivent être consentis par les autorités et chacun à son niveau, pour juguler le niveau des populations des moustiques tigres à des niveaux bas. C’est pourquoi des pistes de solutions contre la prolifération du moustique sont proposées.

 

Court terme

 

A l’endroit des autorités:

 

– mettre en place des campagnes d’assainissement des villes du Burkina Faso et faciliter l’évacuation des eaux stagnantes dans les caniveaux ;

– faire des campagnes de démoustication dans les endroits pollués (surtout le long des canaux traversant la ville de Ouagadougou qui constituent des gîtes à Aedes (ex : canal de Wemtenga, canal de Kalgondé, canal de Paspanga, etc.), étendre cette action dans les autres villes du Burkina Faso ;

– utiliser de préférence les molécules chimiques appartenant aux organophosphorés pour lesquels il n’y a pas encore de résistance ; elles doivent être appliquées soit en traitements de surface à effet rémanent, soit en pulvérisations spatiales;

– détruire les gîtes potentiels de reproduction des Aedes dans les quartiers (dépôts d’ordures, pneus isolés dans les quartiers, etc. ).

 

A l’endroit des citoyens:

 

– prendre des mesures de protection par la pose des tissus moustiquaires aux entrées des maisons ;

– porter des vêtements à manches longues ;

– dormir sous moustiquaires imprégnées d’insecticides de jour comme de nuit ;

– utiliser les spirales et pulvérisateurs ;

– couvrir, vider et nettoyer toutes les semaines les conteneurs pour la conservation de l’eau domestique ;

– vider régulièrement l’eau des vases de fleurs ;

– utiliser toutes les 6h des pommades (à base de citronelle) à activité répulsive ;

– pulvériser les abris pour animaux domestiques de manière à tuer les moustiques adultes vecteurs qui se reposent sur ces surfaces;

– planter des plants de citronella dans nos habitations pour repousser les moustiques.

 

Moyen terme

A l’endroit des autorités

 

Bien qu’il n’y ait pas de traitement antiviral spécifique, il existe un vaccin élaboré par Sanofi, le Dengvaxia, recommandé par l’OMS, qui peut conférer une protection contre les différents sérotypes. Et c’est ce vaccin que l’OMS a choisi de recommander pour prévenir la dengue. Le Dengvaxia protège à 66% les individus vaccinés âgés de 9 ans et plus et évite à 80% le risque d’hospitalisation pour la dengue.

 

Par ailleurs, 93% des patients vaccinés seraient protégés de la dengue hémorragique, une complication potentiellement mortelle qui touche principalement les enfants. Cette forme de dengue tue 22 000 personnes par an, selon l’OMS.

 

L’OMS recommande aux pays d’envisager l’introduction du vaccin dans les zones géographiques où les données épidémiologiques donnent une forte charge de morbidité. Il serait intéressant aux gouvernants de prendre contact avec l’OMS, qui peut conseiller et orienter dans le choix du vaccin.

 

Long Terme

 

A l’endroit des autorités

– contrôler et surveiller activement les vecteurs pour déterminer l’efficacité des interventions de lutte, année après année.

– prioriser la lutte intégrée.

 

Dr Olivier GNANKINE

Entomologiste, Maître de Conférences,

Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO

 

 

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