Originaire de la province du Nahouri, fief de la djongo music, Ka Cora à l’état civil Reine Ka Cora Alobou, est née à Po où elle a grandi. Fille d’une famille de six enfants, cette jeune espoir de la musique burkinabè a été nominée dans trois catégories des Kundé 2018 à savoir les catégories Espoir, Révélation et Meilleur featuring. Dans cette interview qu’elle a bien voulu nous accorder, l’artiste qui est une enseignante de formation, nous fait vivre son modeste parcours, parle de sa situation matrimoniale, de ses projets et bien d’autres choses.
Evasion : Comment allez-vous ?
Ka Cora : Je vais très bien. Depuis la sortie de mon album en fin janvier dernier, tout semble bien aller et je remercie Dieu pour cela.
En tant qu’une fille de chansonnière et proche de Bil Aka Kora, peut-on dire que ces éléments ont favorisé votre entrée dans l’arène musicale ?
Au niveau professionnel, on peut dire oui. Sinon que la musique est chez nous une histoire de famille. C’est Bil Aka Kora qui m’a ouvert les portes de cette aventure au niveau professionnel et c’est l’occasion pour moi de lui témoigner ma reconnaissance. Il m’a appris la technique vocale.
Quel a été votre parcours depuis l’enfance ?
Il faut savoir que ma petite enfance a été très difficile, car j’ai perdu très tôt mon père, il était un militaire et c’est suite à l’assassinat du Président Thomas Sankara qu’il a été tué. C’est ma mère qui a souffert pour s’occuper de nous et malheureusement, elle est décédée quand j’avais sept ans. Je suis allée à l’école de la vie pour pouvoir nourrir mes petits frères. En ce qui concerne le parcours musical, lors des mariages, kermesses et autres cérémonies religieuses, c’est nous qui animions et c’est ce qui m’a permis d’avoir une certaine popularité dans la province du Nahouri.
Quatre mois après la sortie de votre tout premier album, êtes-vous déjà satisfaite des résultats ?
C’est trop tôt pour parler de bilan mais je peux dire qu’il y a de la satisfaction. Je suis tout le temps en concert à travers les différentes régions du pays. J’ai eu la chance de faire une tournée nationale avec le tour cycliste du Faso. Je viens même de rentrer d’une tournée de 27 jours et j’ai également été nominée dans trois catégories au Kundé 2018.
Bien avant le premier album, vous avez réalisé un single avec Dicko Fils en 2016, quelle est la petite histoire de ce single ?
Pour marquer mon entrée dans la sphère musicale au niveau professionnel, je me suis dit qu’il fallait rendre un vibrant hommage à Djata Ilebou et à Agathe Denise. Je ne voulais pas faire une musique typiquement moderne, je voulais m’orienter vers une musique d’inspiration traditionnelle. J’ai ainsi voulu travailler avec un aîné en featuring, j’avais le choix entre Awa Boussim et Dicko Fils mais il était difficile pour moi à cette période d’approcher Awa Boussim. Et c’est ainsi que j’ai rencontré Dicko Fils qui a bien voulu s’associer à ce projet. Mais ça n’a pas été aussi facile, car j’ai attendu pratiquement neuf mois avant de pouvoir réaliser le clip, car il était tout le temps parti pour des concerts. C’est la chanson qui m’a révélée au grand public.
Vous avez été nominée dans les catégories Espoir, Révélation et Meilleur featuring au Kundé 2018 mais malheureusement vous n’avez pas eu de trophée, quel est votre état d’esprit ?
Mon album est baptisé « Anou wooro » qui veut dire en langue kassena « l’ombre de ma mère ». Je me suis dit que c’est l’ombre de ma mère qui est en train de faire ses effets. C’est déjà un grand pas pour un artiste de sortir un album et juste quatre mois après, être nominé dans trois différentes catégories au Kundé. C’est une satisfaction pour moi mais ce sont les résultats qui m’ont un peu déçue.
Vous êtes en pleine répétition avec vos musiciens, quel est le projet qui se profile à l’horizon ?
J’ai intégré l’école de musique de l’INAFAC où j’apprends à jouer la guitare. Il y a un projet de formation des élèves en France plus précisément à Grenoble, je fais partie du groupe bénéficiaire et voilà pourquoi depuis ce matin, je suis en répétition et en séance de création.
Quelle est la difficulté particulière que vous rencontrez en tant que femme dans ce milieu du showbiz ?
Il y a toujours des préjugés sur nous les femmes artistes. Nous sommes comme toute femme ordinaire exerçant un quelconque métier. Ce n’est pas facile mais nous assumons notre choix.
Vous êtes institutrice de formation, mais il semble que vous avez jeté l’éponge à ce niveau, est-ce vrai?
Oui, je suis une enseignante du primaire mais j’ai raccroché à ce niveau depuis pratiquement une année pour me consacrer à la musique.
Pourquoi ?
Je veux vivre une grande carrière musicale. Chez nous, la musique est une question de tradition et même comme une coutume. Je suis destinée à vivre de la musique.
Quelle est votre situation matrimoniale ?
Je suis célibataire sans enfant.
Votre cœur est-il libre ?
(Eclats de rire ….) Oui, mon cœur est à prendre.
Quels sont vos projets ?
Il y a des featurings à l’international en vue avec des artistes du Ghana qui est mon deuxième pays, j’y ai passé six ans et régulièrement j’y vais.
Quel est votre message pour clore cette interview ?
Je remercie tous mes fans pour leurs soutiens multiformes. Je dis merci au journal Evasion d’avoir pensé à ma petite personne. Un enfant a toujours besoin des encouragements et c’est ce que nous avons besoin de notre public.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON