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JIMAS SANDWIDI, REGGAE MAKER: « Je suis très attristé par ce qui se passe au pays »

Originaire de la localité de Gounghin à quelques encablure de la ville de Koupèla, dans le Centre-Est du Burkina Faso, le reggae maker Jimas Sandwidi qui a déjà été révélé au grand public au début des années 2000 grâce à son titre culte « Sakda Naaba », un extrait de son tout premier Album, signe son retour après seize années d’absence. Résidant en Allemagne, il est auteur de trois albums à succès dont le dernier en date « Nagui taaba » a été mis sur le marché discographique en 2006. A travers cette interview réalisée via le net, l’artiste lève le voile sur ce long silence, annonce sa venue au bercail en novembre prochain, parle de son nouvel album, de son quotidien, aborde sans détour d’autres sujets et jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè. Lisez surtout.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Jimas Sandwidi : Je vais très bien. Je suis à Bonn en Allemagne, je vaque à mes occupations. J’ai survécu à la pandémie du Covid-19 et je passe mon temps dans mon studio.

 

Entre 2006 et 2022, voilà 16 ans que le troisième album est sorti. Que se passe-t-il ?

 

Pour répondre honnêtement à votre question, beaucoup de choses ont changé dans ma vie. J’ai traversé pas mal de difficultés mais ceci a été une source d’inspiration pour moi. Ce ne sont pas les thèmes et la musicalité qui manquent, si c’est ma mission de continuer dans la musique, quel que soit ce qui va arriver, quelque chose arrivera au moment opportun. Dans la vie, il y a le physique et le spirituel je ne voudrais donc pas écrire une chanson que je vais regretter. J’ai eu des hauts et des bas et chaque fois que je suis en bas, j’essaie de me relever. La rareté des contrats fait qu’on ne peut pas vivre de la musique en Europe, il faut qu’on se dise la vérité. Donc, je me consacre à d’autres tâches pour que la famille puisse vivre. Si j’étais au Burkina Faso, il y a longtemps que j’aurais produit d’autres albums. Mais je reviendrai au moment opportun.

 

Vous parlez d’un retour au bercail au moment opportun, peut-on savoir exactement la date ?

 

La date approximative serait la fin de 2022 qui correspondra au 75e anniversaire (jubilé) de l’école de mon village qui est Gounghin dans le Kourritenga. Il y a d’autres surprises mais je préfère ne pas le dire maintenant. Je fais une musique qui a une fonction, je ne fais pas de l’art pour l’art.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

La musique burkinabè a beaucoup évolué de par la profusion d’artistes. Plus on est nombreux plus on exige la qualité. Il y a un très grand nombre de musiciens très talentueux. Et compte tenu des moyens, il y a beaucoup de studios sur place, les moyens de productions y sont, il y a beaucoup de festivals qui se mettent en place et qui sont des cadres d’expression et c’est ça qui colore la société. La musique se développe avec des écoles de musique qui sont en place. Et la diaspora a beaucoup enrichi la sphère musicale. La musique burkinabè est en train de s’industrialiser et il faut saluer l’effort de certaines structures comme le BBDA à travers sa structuration sous Walib Bara et le dynamisme des ministres en charge de la culture.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis de tenir bon, quel que soit ce qui arrivera, nous y arriverons. Burkin sakda Naaba. Pour ce qui se passe dans notre pays, la lumière viendra. Merci à mes fans pour leurs soutiens multiformes, bientôt ils auront l’occasion de sentir la saveur du nouvel album.

 

Peut-on savoir la coloration de ce nouvel album ?

 

Je reste fidèle à moi-même en espérant avoir un message plus profond, en espérant y mettre toute mon expérience et en espérant aussi garder ma notoriété, mon niveau car avec le temps, on apprend. J’irai beaucoup en profondeur dans la spiritualité et dans le reggae qui est mon style de prédilection. Ma vocation dans la musique est d’enseigner et d’ouvrir les yeux. Il y a assez d’éléments qui seront des surprises dans cet album d’engagement.

 

Y-a-t-il des projets autour de ce nouvel album ?

 

Bien évidemment oui, il y a de grands projets qui feront le bonheur de tous mes fans et les amateurs du bon reggae. Mais cela reste un secret car je n’aime pas dévoiler ce que je considère comme une surprise.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Pas actuellement, il faut d’autres activités en plus pour pouvoir joindre les deux bouts.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Il est occupé par le studio, la petite famille et ma profession d’enseignant et de coach.

 

Quel est votre mot de la fin ?

 

Je souhaite vivement le retour de la paix dans mon pays et le retour des déplacés dans leurs localités d’origine. Je présente mes condoléances à ceux qui ont perdu des proches, je souhaite un prompt rétablissement à tous les malades. Je suis très triste par ce qui se passe au pays.

 

Propos recueillis et transcris par Aboubakar Kéré KERSON

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