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JEANNINE OUEDRAOGO, ACCESSOIRISTE-STYLISTE: « Aujourd’hui, le Burkinabè est fier de porter son Faso-Dan-Fani »

Née dans la capitale burkinabè où elle a grandi, Jeannine Ouédraogo est une accessoiriste et styliste originaire de la localité de Kombissiri à une quarantaine de kilomètres de Ouagadougou. Passionnée des accessoires depuis la tendre enfance, elle finira par s’intéresser davantage à cet art peu connu du grand public et en faire son cheval de bataille. A travers cette interview exclusive qu’elle a bien voulu nous accorder, Jeannine Ouédraogo qui est également une diplômée en marketing-commercial, nous parle de sa passion pour la mode, des difficultés rencontrées, de ses projets, jette un regard critique sur l’évolution de la mode burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.  

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Jeannine Ouédraogo : Je vais super bien et merci pour votre approche envers ma modeste personne.

 

Qu’est-ce qu’une accessoiriste en réalité ?  

En fait, une accessoiriste est une créatrice de parures qui accompagnent les tenues vestimentaires. Il s’agit, entre autres, de bijoux, de colliers, de sacs, etc.

 

Et d’où vient cette passion pour les accessoires ?

 

C’est une passion depuis la tendre enfance. J’en fabriquais pendant mes temps libres et surtout pendant les vacances. Ma mère y a été également pour quelque chose car elle s’intéressait beaucoup à la couture ; je profitais faire des bricolages à ses côtés.

 

Quelle a été la réaction des parents quand vous avez décidé d’en faire un métier ?

 

Je suis issue d’une famille de fonctionnaires, donc il y a eu une certaine réticence car mes parents voulaient que je me consacre davantage à mes études d’abord.

 

Les avez-vous défiés en vous lançant dans ce domaine ?

 

(Elle éclate de rire)… Vous n’allez pas me dire que je suis une femme têtue ! C’est après avoir décroché quelques diplômes dans le domaine du marketing et du commercial, et c’est quand je suis rentrée dans la vie active que j’ai développé ce projet en créant mon label qui est Guetta Wend Design.

 

Peut-on concilier le stylisme et les accessoires ?

 

Les accessoires et l’art vestimentaire vont de pair, donc on peut bien concilier les deux. Je me suis rendue compte qu’il était un peu difficile de se limiter uniquement aux accessoires, c’est ainsi que j’ai ajouté le stylisme à mon projet.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de l’art vestimentaire au Burkina Faso ?       

 

Il évolue très bien, surtout avec l’avènement du Faso Dan Fani, le koko dunda et bien d’autres matières locales. Les créateurs y ont ajouté de la valeur.

 

Avec quelles matières travaillez-vous le plus ?

 

Je travaille généralement avec toutes les matières locales. Il nous incombe de valoriser notre propre culture car personne ne le fera à notre place. Et je pense que les stylistes l’ont compris et se sont engagés dans ce sens. Aujourd’hui, le Burkinabè est fier de porter son Dan Fani, chose qui n’était pas ainsi il y a quelques années en arrière.

 

Quelle est la difficulté majeure liée à votre activité en tant femme ?

 

Nous rencontrons les mêmes difficultés que les hommes. Il y a surtout le problème de financement de nos projets mais dans une synergie d’actions, nous arrivons tant bien que mal à proposer de belles collections aux populations.

 

Y a-t-il une différence entre une styliste et les hommes qui sont dans ce domaine ?

 

Oui bien sûr, les hommes et nous les femmes n’avons pas le même regard sur les créations. Nous les femmes sommes plus attentives que les hommes. La femme fait plus attention aux détails, surtout les finitions.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Pour le moment, on se débrouille. Quand c’est une passion, il faut vivre pour l’art.

 

Quels sont vos projets ?

 

Le projet qui me tient à cœur est la création d’un centre de formation pour permettre aux plus jeunes d’apprendre un métier en plus de leur formation scolaire. Ce centre de formation aura plusieurs branches de la mode et des accessoires.

 

Peut-on savoir votre quotidien ?       

 

Je suis agent commercial dans une société de la place. Le matin, je suis au bureau jusqu’à la descente autour de 16h, ensuite, je m’occupe de ma passion et de ma petite famille.

 

Que faites-vous pour rendre visible ce domaine des accessoires qui est moins connu du public ?

 

En 2018, nous avons organisé la Nuit des accessoiristes qui a connu un véritable engouement. Et nous comptons relancer cette activité avec la tenue de la seconde édition ; ce sera pour très bientôt. Vous serez informés au moment opportun. Ma structure qui est Guetta Wend Design a aussi participé à de grands défilés de modes et d’autres cérémonies de grandes envergures pour faire connaître les accessoires et expliquer son importance. Nous avons également organisé des rencontres avec d’autres accessoiristes pour échanger nos idées.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis une femme mariée.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

J’invite  le public à nous encourager dans ce que nous faisons, car nous avons une place importante dans sa visibilité. Je remercie toute l’équipe de votre magazine et je souhaite la paix pour notre pays.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

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