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HERVE DAVID HONLA, COMMISSAIRE GENERAL DES 12 PCA, JOURNALISTE CULTUREL ET CARICATURISTE:« Il y a beaucoup d’artistes qui trichent dans le live »

Originaire de Douala au Cameroun où il est né, Hervé David Honla qui a obtenu la naturalisation burkinabè, s’est vite introduit dans le système culturel au Faso où il a débarqué il y a vingt ans. Basketteur, caricaturiste, journaliste et commissaire général des 12 PCA, il s’est ouvert à nous à travers cette interview exclusive. Il nous parle de sa passion pour le sport et la presse, de ses relations avec les artistes, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè aborde sans détour d’autres sujets, présente son évènementiel et la date de cette 10e édition et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

Hervé David Honla : Tout va bien, je remercie le Seigneur d’avoir atteint cette année 2022. Cela fait vingt ans que je suis au Burkina Faso et c’est une année cinquantenaire pour moi.

 

Etant formateur en basket-ball, comment vous vous-êtes retrouvé dans la caricature de presse ?

 

Je me suis retrouvé au Burkina Faso en tant qu’entraîneur de basket-ball. Je devrais continuer à Lyon en France pour copter des joueurs ouest africains. Malheureusement, mon visa a été refusé et comme j’ai des talents en caricature, je me suis retrouvé au journal l’Indépendant. Ensuite, il y a eu le perfectionnement avec des structures comme le GTZ et la Deutsche Welle. Mais aujourd’hui, j’écris beaucoup car c’est devenu une passion pour moi.

 

Pourquoi avoir viré de la caricature à l’écriture ?

 

Je me suis dit que la caricature restait élitiste et comme j’aimais écrire, j’ai fait un article à l’Indépendant et c’est ce qui m’a fait partir de ce journal. Je me suis ensuite retrouvé à L’Observateur Paalga vers 2002 et je me suis focalisé sur le people, la critique et les analyses culturelles. Et c’est devenu un métier.

 

Vu votre talent de caricaturiste, êtes-vous frustré de n’avoir pas eu de prix aux Galians ?

 

Je dirai frustré, car j’ai déposé mes œuvres pendant huit ans mais rien et je ne sais pas pourquoi. J’ai gardé une très mauvaise image des prix Galians et j’ai refusé de participer à ce concours.

 

En tant que critique, ne pensez-vous pas que c’est votre article paru dans l’Obs Dim qui a engendré la dislocation du groupe Yeleen ?

 

C’est dommage et c’est ce que beaucoup de personnes pensent. A l’époque, je ne savais pas que cet article allait frustrer les membres de Yeleen. Moi je faisais du people et du sensationnel. C’est la question des dix millions que j’ai fait ressortir. Lors d’une virée nocturne, j’ai posé la question à un membre du groupe et le lièvre a été levé. Je n’ai pas fait cet article dans l’intention de créer le cataclysme qui est arrivé. Il y a eu aussi d’autres comme celui avec Adji. Mais avec du recul, je critique plus les œuvres des artistes que leur vie privée.

 

Ne pensez-vous pas que les artistes vous traitent de méchant ?

 

Les artistes me collent cette casquette de méchant et j’assume ça. Mes critiques peuvent être acerbes mais elles restent professionnelles. Je fais des critiques et parfois des suggestions.

 

Avez-vous de bons rapports avec les artistes ?

 

Oui, j’ai de bons rapports avec eux. Prenons le cas de Bam Raady où l’affaire a failli aller au tribunal, mais actuellement, on se côtoie et on partage souvent un verre ensemble. Après tout, nous restons des acteurs pour le développement de notre culture. Certains ne me considèrent pas comme un journaliste, mais je ne pense pas qu’il faut avoir un Bac+8 pour être un bon journaliste. Aujourd’hui, je suis responsable d’un organe de presse, je forme les jeunes et je suis fier.

 

 

Quelle est la particularité de votre organe de presse qui est Oxygène Mag ?

 

Je profite dire merci à L’Observateur Paalga, car c’est grâce à ce journal, que je suis ce que je suis aujourd’hui. Avec l’avènement des réseaux sociaux, j’ai décidé de partir pour créer mon propre journal, j’ai d’abord commencé par la version papier et aujourd’hui, nous sommes à la version en ligne. C’est un groupe de presse qui fait du conseil en communication, les évènementiels comme les 12 PCA et la formation.

 

 

Que pensez-vous de l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Je suis satisfait, les gens consomment du 226. Les artistes sont fiers de dire qu’ils sont Burkinabè à l’extérieur mais avant ça n’existait pas. La musique burkinabè a connu un essor même s’il y a encore du travail à faire. Il y a beaucoup qui trichent dans le live et il faut qu’on commence à critiquer cela. Nos artistes doivent aller dans les villages et fouiller dans le folklore pour nous sortir une musique originale car il y a trop de copier-coller.

 

Vivez-vous du journalisme culturel ?

 

Honnêtement, je vis de ma plume. Aujourd’hui, je suis l’un des journalistes attitrés du festival de Cannes.

 

Que pouvez-vous nous dire sur les 12 PCA ?

 

On a commencé il y a dix ans, c’est à la suite d’une série de rencontres avec les acteurs culturels pour faire les bilans. Je pensais que j’allais arrêter après trois éditions mais l’idée était tellement novatrice qu’il fallait continuer. Nous sommes à la 10e édition, nous récompensons les acteurs culturels qui se sont illustrés au cours de l’année. L’édition 2022 aura lieu ce vendredi 4 février à Canal Olympia de Ouaga 2000.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un promoteur culturel comme vous ?

 

La difficulté majeure c’est le préfinancement de l’activité. Aucune activité culturelle ne peut s’organiser au Burkina Faso sans que le promoteur ne préfinance, tous les promoteurs savent cela. Le minimum pour un évènement c’est cinq millions et quel est cet acteur qui peut en disposer à l’avance, difficile. Les sponsors ne nous accompagnent pas de façon conséquente.

 

 

Quel est votre quotidien ?

 

Le matin après avoir chouchouté mes enfants, je me retrouve au bureau pour faire le bilan de l’actualité culturelle de la veille. J’écris jusqu’à 15h car avec l’âge, à partir d’une certaine heure, je ne tiens plus. Je fais une pause et vers 18h, il y a les conférences et je vais dans les night-clubs. Je rentre chez moi vers 4h du matin. (Il éclate de rire).

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de trois filles.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je souhaite la paix au Burkina Faso et que tout le pays se réconcilie. Il faut qu’on laisse la liberté aux uns et aux autres de dire ce qu’ils pensent et que nous soyons unis malgré nos différences. Les mots me manquent pour dire merci à toute l’équipe de la rédaction d’Evasion, encore merci.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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