Au fil des semaines

EFFONDREMENTS RECURRENTS D’EDIFICES PUBLICS AU BURKINA : Tant qu’il n’y aura pas de sanctions sévères …

Le 27 août dernier, trois agents du CCVA (Centre de contrôle de véhicules automobiles), après que leur véhicule a fauché un enfant dans la localité du Banlo, province du Poni, étaient froidement battus à mort. Alors que toute la Nation ne s’est pas encore remise de cette barbarie, voilà qu’à l’Université Norbert Zongo, une dalle d’un immeuble en construction s’est écroulée. Le bilan fait état d’un blessé et de quatre morts. Cet effondrement meurtrier, survenu à l’université Norbert Zongo, fait écho à une avalanche d’écroulements d’établissements scolaires du primaire et du post-primaire enregistrés à l’entame de la saison des pluies. L’on peut citer les cas suivants : en mai 2021 dernier, un bâtiment du lycée de l’Amitié s’était effondré à Koudougou. A la  même période, dans la localité de Dandé, province du Houet, la même scène s’est produite, occasionnant un mort parmi les élèves et en blessant une vingtaine d’autres. Quelques jours plus tard, c’est un orage qui faisait s’effondrer, tel  un château de cartes, l’école primaire de Djinbara, localité située dans la province du Sourou. La liste est loin d’être exhaustive. Seulement, ces cas ont été portés à la connaissance du peuple burkinabè, grâce surtout aux réseaux sociaux. Au passage, ils méritent qu’on leur rende hommage pour leur contribution à l’amélioration de la gouvernance du pays. Refermons la parenthèse. Le drame qui vient de se jouer à l’Université Norbert Zongo est l’une des conséquences d’une gouvernance qui est en passe de tourner le dos à la vertu et à l’intérêt général. Et cela se traduit par des actes et des comportements qui  mettent en péril l’avenir du pays. Dans le cas d’espèce, 4 vies ont été fauchées. Comme d’habitude, les autorités ont promis que toute la lumière sera faite sur l’affaire.  Six personnes ont été déjà interpellées dans ce cadre. Mais l’on peut craindre que l’affaire en reste là. Car, à vouloir y voir clair, il y a de fortes chances que l’on débusque de gros gibiers.

 

 

Au sommet de l’édifice vermoulu, se trouvent des hommes politiques véreux

 

D’ailleurs, l’on peut se permettre de faire des inférences pour déduire que c’est pour cette raison que tous les cas précédents d’effondrements d’édifices publics n’avaient connu ni de suite administrative ni de suite judiciaire. Le ministre Ouaro, pourtant, l’avait promis, la main sur le cœur. Cette fois-ci encore, le  ministre en charge de l’Enseignement supérieur, Alkhassoum Maïga, s’est fendu d’une déclaration dans laquelle il a martelé que personne ne bénéficierait d’une impunité dans cette affaire. On veut bien le croire. Mais dans cette situation de pourriture presque généralisée, il risque gros à vouloir jouer au justicier solitaire. En tout cas, on attend de voir avant de croire. Et sans chercher à se substituer à la Justice, l’on peut prendre le risque de dire que l’on n’a pas besoin d’un long temps pour  élucider cette affaire. Il suffit d’abord d’examiner la qualité des matériaux (fer, sable, ciment) qui ont servi à la construction de la dalle tueuse. Une des explications du  drame  pourrait être à ce niveau. A ce sujet, il est  de notoriété publique que  parfois, ces matériaux, en raison de la fraude et de la contrefaçon, sont de mauvaise qualité. Ensuite, l’on peut investiguer du côté des contrôleurs techniques. Soit ces derniers ne suivent pas régulièrement les travaux, soit ils ont délibérément fermé les yeux, moyennant bien sûr une contrepartie juteuse, pour laisser passer des choses inadmissibles. Dans l’un et l’autre cas, ils doivent rendre des comptes. En troisième lieu, il s’agira de voir si l’entrepreneur en charge des travaux, a la  qualification requise pour exécuter un tel  ouvrage. Le quatrième et dernier niveau d’investigation pourrait concerner le processus d’attribution des marchés publics. Les grandes magouilles et les messes basses qui sont à  l’origine de la mauvaise exécution des édifices publics, y ont droit de cité. Et il n’est pas exagéré de dire que le  « moocré », c’est-à-dire la ripaille en langue nationale mooré, est à ce niveau. Et sous les démocraties simulées et autres républiques bananières, l’un des moyens pour faire fortune en un temps record, c’est de gérer les marchés publics d’une grande structure de l’Etat. Et au sommet de l’édifice vermoulu, se trouvent des hommes politiques véreux. Ce sont ces derniers qui garantissent à tous les acteurs défaillants de la chaîne, l’impunité. Et en contrepartie, avec  l’argent sale acquis, ils financent les compagnes politiques de leurs protecteurs. En tout cas, tant que des sanctions exemplaires ne seront pas prises  à l’encontre des personnes responsables de la mauvaise exécution des ouvrages publics, l’on continuera de ramasser des macchabées sous les gravats d’immeubles effondrés.

 

P.K

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