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BLASS COOL SANE, ARTISTE-MUSICIEN:« La réconciliation pourrait mettre fin aux difficultés que nous rencontrons»

Il est l’un des artistes qui pensent que sans paix, la Nation ne peut se développer. C’est pourquoi il vient de mettre à la disposition de ses fans, un nouvel album baptisé « La réconciliation nationale, Zeems’taaba ». A travers cet opus de dix titres, chanté en français, mooré et dioula, Blass Cool Sane, à l’état civil Sana Ablassé, appelle tous les Burkinabè à accepter la réconciliation nationale, à se pardonner afin de faire régner la paix. Dans l’interview qu’il nous a accordée, le 21 mars dernier, au siège des Editions « Le Pays » à Ouagadougou, l’artiste donne son avis sur le schéma qu’il juge meilleur pour aboutir à une vraie réconciliation des filles et fils du Burkina, parle de la promotion de son album, apprécie la politique culturelle du Burkina et exprime ses attentes vis-à-vis de la nouvelle ministre de la Culture, des arts et du tourisme. Lisez plutôt pour en savoir davantage.

Evasion : Vous venez de mettre sur le marché discographique un nouvel album. Quelles sont les thématiques abordées ?

 

Blass Cool Sane : C’est un album de dix titres, chanté en français, en mooré et en dioula. C’est mon troisième album. La principale thématique abordée dans cet opus, c’est la réconciliation nationale. Le premier titre de l’album interpelle tous les Burkinabè à accepter la réconciliation nationale, gage de paix et de prospérité. Le second titre porte sur l’après réconciliation, décrit le climat que l’on pourrait avoir après réconciliation, qui n’est autre que celui de la paix, de la joie, etc.

 

Pourquoi le choix de la réconciliation ?

 

Parce que la réconciliation est une préoccupation majeure en ce moment au Burkina, tous les acteurs se mobilisent pour la réaliser. Et je voudrais profiter de l’occasion qui m’est offerte pour remercier le président Roch Marc Christian Kaboré  pour avoir retenu la réconciliation comme un sujet majeur et mieux,  pour avoir nommé un ministre en charge de cette question en la personne de Zéphirin Diabré que je salue au passage. Mon souhait est que ce dernier réussisse sa mission. Car, nous savons tous que sans la paix, il ne peut y avoir de développement. Je pense que la réconciliation pourrait mettre fin aux difficultés majeures que nous rencontrons, notamment le terrorisme qui endeuille régulièrement des familles. Et quand je pense à ces jeunes soldats et aux civils qui tombent sous les balles assassines des terroristes, particulièrement au Sahel, à l’Est, au Nord, je perds le sommeil. C’est pourquoi j’ai décidé de consacrer les deux premiers titres de mon nouvel album à la réconciliation.

 

Selon vous, comment faut-il s’y prendre pour aboutir à une vraie réconciliation au Burkina?

 

Pour aboutir à une vraie réconciliation, il faut réunir tous les acteurs majeurs dont les hommes politiques, les Forces de défense et de sécurité, nos différentes ethnies afin qu’ils se parlent, se réconcilient. Dans une de ses interventions, le président du Faso a confié qu’il y avait cinq mille dossiers à traiter. Ces dossiers portent sur des cas de violences en politique et dans bien d’autres domaines.  Si on arrive à les traiter comme il se doit, on aura fait un pas de géant sur le chemin de la réconciliation.

 

Quel type de justice proposez-vous pour aller à une vraie réconciliation ?

 

De par ma petite expérience et mes connaissances, je pense que la justice transitionnelle est la meilleure voie pour réconcilier les Burkinabè. La Justice classique n’est pas mauvaise certes, mais, elle nécessite beaucoup plus de temps, d’énergies et de moyens. Je ne dis pas que les juges ne font pas leur boulot, loin s’en faut, ils font ce qu’ils peuvent mais, il faut reconnaître que le rythme de la Justice classique n’est pas souvent celui souhaité par les parents des victimes.

 

Faut-il passer par pertes et profits tous les crimes de sang et crimes économiques ?

 

Non, je ne dis pas qu’il faut passer par pertes et profits tous ces crimes. On peut, par le dialogue et le pardon,  trouver des solutions. Pour les crimes économiques par exemple, on peut demander à ceux qui se sont rendus coupables de ces crimes, de rembourser certaines sommes de façon échelonnée, parce qu’on ne peut pas permettre à des personnes de détourner impunément des biens de la Nation.

Pour les cas de crimes de sang, on pourrait convoquer les différentes ethnies et leur parler du fond du cœur: « c’est nous qui avons fait ceci et nous demandons pardon pour cela ». Si les familles des victimes l’acceptent, le pardon est accordé. Certes, je ne peux pas parler à leur place mais, je demande à tous les Burkinabè d’accepter le pardon. Pour le repos même des âmes des défunts, il faut éviter de ressasser le passé.

 

Donc, si on vous comprend bien, ceux qui ont commis des crimes doivent faire leur mea-culpa avant de se faire pardonner ?

 

Il faut discuter ensemble car, nous sommes tous des fils de ce pays. Chacun doit pouvoir dire ce qu’il a fait du fond du cœur. Dans ma chanson, je dis : « pardonnons-nous béogoyinga ». Aujourd’hui, c’est une famille qui a fauté, demain, ce sera une autre famille d’où la nécessité impérieuse de se pardonner. Si nous mettons en avant le pardon comme le premier pas de notre réconciliation, ça devrait aller.

 

Vous parlez de réconciliation entre FDS, voulez-vous dire qu’il y a un problème au sein de cette entité ?

 

J’ai dit de réconcilier les FDS, parce que sous la Transition, j’ai vu un corps qui a été supprimé et ses éléments qui sont dans notre Armée, peuvent nourrir des ressentiments  vis-à-vis de leurs frères d’armes. Mon souhait est qu’ils s’asseyent devant la commission de réconciliation et qu’ils se pardonnent du fond du cœur. Ce sont les FDS qui assurent notre sécurité mais s’il y a des bisbilles entre elles, cela peut nous porter préjudice. Donc, je leur demande une solide réconciliation. C’est d’autant plus important que ce sont elles qui défendent la patrie au péril de leur vie. Je salue d’ailleurs leur courage, leur sens du devoir et du patriotisme. Je m’incline devant la mémoire de tous nos valeureux soldats tombés sur le champ d’honneur. Je présente mes condoléances aux familles de ces soldats ainsi qu’aux familles de tous ceux qui ont été fauchés par les balles assassines des terroristes. Que leur âme repose en paix.

 

Comment comptez-vous faire la promotion de votre nouvel album ?

 

Je compte faire la promotion de mon album à travers l’accompagnement du ministère en charge de la réconciliation nationale. Je suis disposé à accompagner le ministre Zéphirin Diabré où qu’il ira pour prôner la réconciliation nationale. Je salue au passage les efforts déjà consentis pour mettre les filles et fils du Burkina sur le chemin de la réconciliation. Puisse Dieu l’assister pour qu’il réussisse sa mission au grand bonheur de tous. Je compte également sur la presse et le ministère de la Culture, des arts et du tourisme pour faire la promotion de mon album.

 

En tant qu’artiste, quelle appréciation faites-vous de la politique culturelle du Burkina ?

 

Notre politique culturelle mérite d’être réorientée, elle doit mettre un accent particulier sur la promotion des œuvres des artistes. Certes, des efforts ont été faits, reste que nous artistes nous manquons d’accompagnement pour la promotion de nos œuvres, notamment la réalisation des clips vidéos. Même pour que votre album soit diffusé au sein des radios et télés, il faut parfois faire des pieds et des mains ou débourser une certaine somme. Or, nous réalisons des produits de notre pays à l’image de ma chanson dont le titre est : « Allah Akhbar ». C’est une chanson qui interpelle nos frères qui se battent tous les jours. C’est une chanson qui peut aider la jeunesse à avancer. Donc, le ministère devrait faire la promotion de cette chanson.

 

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la nouvelle ministre en charge de la culture ?

 

Je lui adresse d’abord mes félicitations, mon souhait est qu’elle réussisse sa mission. Comme attentes, il faudrait qu’elle ait une bonne politique de promotion des œuvres des artistes. Nous valorisons notre culture mais nous ne sommes pas toujours soutenus dans notre élan de promotion de la culture burkinabè. Il faudrait qu’elle travaille à ce que les artistes aient un plus grand accès aux médias pour faire la promotion de leurs œuvres. On peut dire qu’aujourd’hui, nos artistes persévèrent mais ils n’ont pas les moyens nécessaires pour faire la promotion de leurs albums.

 

Que faites-vous en dehors de la musique ?

 

Je suis également dans l’immobilier.

 

Avez-vous autre chose à ajouter pour clore cet entretien?

 

J’invite tous les Burkinabè à s’unir, à accepter la réconciliation, à travailler main dans la main, pour une vraie réconciliation. Je profite de votre micro pour remercier tous ceux qui me soutiennent, notamment le Fondateur des Editions « Le Pays », Boureima Jérémie Sigué, le ministère en charge de la réconciliation nationale, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale, les chefs coutumiers, les leaders religieux, les opérateurs économiques, les promoteurs immobiliers, les services administratifs, le groupe Kamsonghin C, etc.

 

Propos recueillis par Kabè Yalo

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