La commande publique, c’est connu, est la poule aux œufs d’or pour certains acteurs de la chaîne financière dans les départements ministériels. Pour s’en convaincre, l’on peut se référer au seul exemple qui a, entre-temps, défrayé la chronique : le procès de l’ex-ministre Vincent Dabilgou. Les gens s’en mettent plein les poches et cela, au détriment de l’Administration publique et de ses usagers. C’est, sans doute, pour mettre fin à cette situation que le gouvernement a adopté lors du dernier Conseil des ministres, un projet portant attributions, organisation et fonctionnement de l’Autorité de régulation de la commande publique. Selon le ministre porteur du dossier, Aboubacar Nacanabo, l’adoption de ce décret permet d’apporter un certain nombre d’innovations en termes de transparence, de diligence et surtout d’amélioration de l’accès aux marchés publics pour les entreprises burkinabè.
En attendant de connaître les nouvelles dispositions réglementaires, l’on peut déjà se féliciter de la volonté de l’Exécutif de mettre un peu de lumière dans un domaine qui, à bien des égards, ressemble à une caverne d’Ali Baba. Ce manque de transparence est, sans doute, l’une des nombreuses causes des attaques plus que fréquentes devant les juridictions compétentes, de nombreuses entreprises qui s’estiment lésées dans les procédures d’attribution des marchés publics. Toute chose qui retarde la satisfaction des besoins de l’Administration et de ses usagers. Il faut le dire, et les nombreux rapports du Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC) n’ont cessé de le relever, les marchés publics constituent l’un des nids de la corruption au Burkina Faso. Il était tout à fait attendu de l’Exécutif qu’il donne un coup de pied dans la fourmilière en espérant y ramener plus de transparence.
Dans la même veine, l’on peut aussi saluer le souci du gouvernement d’améliorer l’accès aux marchés publics pour les entreprises burkinabè. On sait, en effet, que dans certains domaines, les entreprises burkinabè, encore fragiles, ont de la peine à tenir la concurrence avec les grandes firmes internationales. Il était tout à fait indiqué, pour les marchés nationaux, que le gouvernement prenne des dispositions préférentielles pour leur donner un coup de pouce. Cela a de nombreux avantages au nombre desquels l’on note la valorisation de l’expertise nationale, le maintien des capitaux sur le territoire national, l’encouragement aux entreprises nationales à créer des partenariats dynamiques avec les entreprises nationales dans les domaines où elles sont limitées, la création d’emplois, etc.
Cela dit, le tout n’est cependant pas de favoriser l’accès des entreprises burkinabè aux marchés publics. Il faut qu’elles en aient les compétences. Car, le paysage burkinabè est plein de ces chantiers abandonnés par des entreprises qui ont pris des marchés sans avoir les capacités de les exécuter. Ce faisant, l’Etat se doit d’être exigeant envers les entreprises burkinabè en termes de capacités et d’expertise. Il faut certes les accompagner, mais il faut aussi être strict en matière de sanctions quand une défaillance est constatée et pénalise finalement le contribuable burkinabè.
G.G