Au fil des semaines

OFFENSIVE AGROPASTORALE ET HALIEUTIQUE DE LA TRANSITION: Le défi de l’auto-suffisance alimentaire sera-t-il relevé ?

L’opération fait grand bruit. Depuis le 5 septembre 2023, le gouvernement a adopté en Conseil des ministres, un nouveau référentiel qui devrait garantir aux Burkinabè l’autosuffisance alimentaire : l’offensive agropastorale et halieutique 2023-2025.  D’un coût estimé à 592 milliards de francs CFA, l’initiative fait la part belle à huit filières : riz, maïs, pomme de terre, blé, poisson, bétail/viande, volaille et mangue. L’ambition clairement affichée est d’assurer la souveraineté alimentaire du Burkina Faso et au passage, créer au moins 100 000 emplois décents dans le secteur agropastoral pour les jeunes, les Personnes déplacées internes (PDI) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faut féliciter le gouvernement de la Transition qui multiplie les initiatives pour relever le défi de la sécurité alimentaire. Cette question, faut-il le rappeler, est des plus urgentes dans le contexte actuel du Burkina Faso où les attaques terroristes ont hypothéqué la production agricole et contraint de milliers de personnes à l’exil, les rendant dépendantes de l’aide humanitaire. L’un des pans importants de la gestion de la crise sécuritaire et alimentaire qui frappe de plein fouet le pays, est la gestion des PDI en leur donnant les moyens de survie mais aussi en les outillant pour leur permettre de se passer de l’assistanat, en attendant qu’elles retrouvent un jour le chemin du retour.

 

Nos pays dépensent des sommes colossales pour importer des denrées alimentaires

 

Mais au-delà de la question de la crise sécuritaire, l’offensive agropastorale et halieutique s’attaque à un problème de fond : celui de la souveraineté alimentaire. On le sait, nos pays dépensent des sommes colossales pour importer des denrées alimentaires et se privent ainsi de ses devises pour l’investissement. Pire, cette dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur les rend  vulnérables aux crises internationales comme on a pu le constater avec la guerre en Ukraine. C’est dire, en un mot comme en mille, que l’offensive lancée par le gouvernement, est des plus pertinentes mais encore faut-il la réussir.

En effet, le succès de l’opération n’est pas garanti. Car il exige de relever de nombreux défis. Le premier est de garantir la sécurité sur les sites de production. L’on sait, en effet, que les régions qui sont traditionnellement les bastions de la production alimentaire sont en proie à l’insécurité liée au terrorisme. C’est le cas de la Boucle du Mouhoun, des Hauts-Bassins et des Cascades. Il faut donc sécuriser les sites de production et les voies pour évacuer les différents produits. L’autre grand défi est celui de la mobilisation des ressources à la fois foncières, hydriques, financières et matérielles qui constituent le capital d’investissement de l’offensive. Ce n’est pas gagné d’avance quand on sait que la question foncière est une véritable bombe sociale au Burkina Faso et que, du fait de la crise sécuritaire, la pression sur les ressources naturelles, va croissante avec les risques d’une crise sociale. Ce n’est pas non plus gagné d’avance pour la mobilisation des ressources financières dans un contexte national où la priorité des investissements privés n’est pas le retour à la terre sauf à la spéculation immobilière. Cela dit, il faut que l’offensive agropastorale et halieutique soit accompagnée d’une grande campagne de sensibilisation et de communication pour susciter l’adhésion des populations. Un troisième défi à relever sera celui de la transformation des habitudes alimentaires des Burkinabè pour assurer le règne du « consommons burkinabè ». Il est tout à fait inutile, en effet, de multiplier la production alimentaire si les Burkinabè snobent leurs denrées locales pour faire la part belle aux produits importés. C’est pourquoi, tout en augmentant la production agricole et pastorale, il faudra accélérer les circuits de transformation des produits locaux pour garantir et la qualité et la diversité et l’accessibilité.

En tout cas, tout le mal que l’on souhaite à l’offensive agropastorale et halieutique, est qu’elle réussisse au grand bonheur des Burkinabè.

 

G.G

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