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ADJA POUTCHOU, HUMORISTE: « Il y a des promoteurs qui veulent te draguer avant de te donner une scène »

Adja Poutchou, à l’état civil Bintou Barro, est une jeune humoriste burkinabè en pleine ascension dans la sphère du show-biz burkinabè. Originaire de la localité de Djiré à quelques encablures de la ville d’Orodara dans la province des Cascades à l’Ouest du Burkina Faso, elle est née à Ouagadougou et y a grandi. Passionnée de cinéma depuis la petite enfance, elle débute par l’humour et a réussi avec brio en quelque temps de se faire une place de choix sous les feux des projecteurs. Son talent hors pair la conduit régulièrement sur des scènes tant au plan national que sous- régional.

A travers cette interview exclusive qu’elle a bien voulu nous accorder, l’artiste nous parle de ses débuts, de sa passion, raconte les difficultés rencontrées, son quotidien, jette un regard critique sur l’évolution de l’humour burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets croustillants et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : comment allez-vous ?

 

Adja Poutchou : je vais très bien.

 

Quelle est la petite histoire de ce sobriquet Adja Poutchou ?

 

J’ai commencé ma carrière d’humoriste avec le nom Adja tout simplement. C’était lors d’une formation avec Moussa Petit Sergent sur son projet « Les Divas du rire », chacun devrait trouver un véritable nom de scène. Et Petit Sergent a dit que comme je suis de forte corpulence, Adja Poutchou collait avec ma forme. Et c’est de là que tout est parti.

 

D’où vient cette passion pour l’humour ?

 

Au début, c’était la passion du cinéma, surtout le jeu d’actrice. Mais pour un début, il était difficile de s’y frayer un chemin quand on n’a pas de référence. J’ai fait beaucoup de castings mais c’était compliqué d’être retenue. Moi, j’aime tout ce qui tourne autour de l’art. Au début, j’essayais de soutenir quelques acteurs sur des projets d’humour et de fil en aiguille, j’ai pris le taureau par les cornes à la suite de plusieurs formations. Ma première formation c’était avec Johness de Génération 2000.

 

Quelle est votre source d’inspiration ?

 

Je m’inspire de moi-même d’abord sur la forte corpulence que je possède et ensuite tout ce qui tourne autour de nous dans la société. Il y a des humoristes qui vont chercher des vannes sur les réseaux sociaux alors qu’il y a beaucoup d’histoires à raconter sur notre vécu quotidien. J’aime causer avec différentes personnes et c’est au cours de ces échanges que je prends des histoires que je transforme et qui font rire.

 

Que pensent les hommes des femmes à forte corpulence comme vous ?

 

(Elle éclate de rire)… Chacun a sa façon de voir les choses et comme on le dit souvent, chacun a son goût. Je me sens à l’aise dans mon physique et je ne me préoccupe de ce que disent les gens. Même sur scène, je fais de l’autodérision.

 

Quelle a été la réaction des parents concernant votre choix pour l’art ?

 

Au départ, c’était un peu compliqué car c’était la toute première fois dans notre famille qu’un membre embrasse cette carrière, surtout que je suis issue d’une famille musulmane. Les parents m’ont donné beaucoup de conseils que je suis, et c’est ce qui me guide aujourd’hui.

 

Peut-on savoir vos projets ?

 

C’est de vraiment faire carrière dans l’humour et de m’imposer sur le plan international. Déjà au plan national, les gens commencent à s’intéresser à ce que je fais. Le projet qui me tient à cœur c’est de me retrouver également dans le cinéma. Voilà la raison pour laquelle j’ai commencé par l’humour. Je suis convaincue que j’y arriverai un jour.

 

Et si l’on vous demandait de faire un choix entre l’humour et le cinéma, pencherez-vous sur quel côté ?

 

S’il faut faire un choix, je choisirai l’humour qui m’a déjà acceptée. Les doyens de l’humour sont très sympathiques envers moi, il y a une certaine solidarité autour des jeunes humoristes.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de l’humour burkinabè ?

 

L’humour burkinabè se porte très bien. Il y a des talents à découvrir. Il y a un véritable engouement du public autour des spectacles d’humoristes qui se déroulent pour la plupart du temps à guichet fermé avec des prix d’entrée qui tournent autour de 10.000 à 20.000 francs. C’est réconfortant. Aujourd’hui, l’humoriste burkinabè voyage pour des spectacles dans d’autres pays.

 

Que rencontrez-vous comme difficulté majeure en tant qu’une jeune humoriste de la gente féminine ?

 

En tant qu’une fille, c’est un peu compliqué face à certains géants de l’humour qui se sont déjà enracinés dans le milieu. Mais ce n’est pas seulement dans l’humour, c’est dans tous les domaines. Il y a des promoteurs qui veulent te draguer avant de te donner une scène par exemple.

 

Avez-vous déjà été victime de drague de promoteurs de spectacles ?

 

Oui bien-sûr. Moi, je n’aime pas la facilité, je sais que j’ai le talent et c’est ce talent qui va me conduire là où je rêve d’y être. Je n’ai pas besoin de baisser la culotte pour avoir un spectacle ou avoir un rôle dans un film. C’est quand on n’a pas le talent qu’on baisse la culotte.

 

Quels sont vos rapports avec les autres filles et femmes humoristes ?

 

Nous avons de bons rapports. Par exemple Philomène Nanema est comme une maman pour moi, Augusta Palenfo est mon mentor et il y a aussi Adèle Badolo qui est un bel exemple de l’humour burkinabè.

 

Vous êtes tout le temps joyeuse, est-ce qu’il y a souvent des moments où vous êtes anxieuse ?

 

(Elle éclate de rire)… Sur scène comme dans la vie de tous les jours, je suis tout le temps joyeuse, ceux qui me fréquentent ne vous diront pas le contraire.

 

A quand votre premier One Woman Show?

 

Ça viendra au moment opportun. Je m’y attèle dans ce sens.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Pour l’instant, je ne vis pas véritablement de mon humour, je suis en phase de m’installer et il arrive que je joue gratuitement. Récemment, j’étais à Lomé pour un spectacle et je vivrai de cet art du jour au lendemain. A part l’humour, je mène d’autres activités dans le domaine du commerce comme la vente d’articles pour femmes.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Quand je n’ai pas de spectacle au programme, je suis très souvent dans mon magasin. Je profite de mes temps libres pour écrire des scénarios sur tout ce que je vois et entends autour de moi.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur demande de continuer de me soutenir et je les remercie pour leurs soutiens multiformes.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis célibataire sans enfant.

 

Quel est votre plat préféré ?

 

J’adore le babenda et surtout tous les plats africains.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Merci à toute votre équipe pour cette marque de considération à mon égard. L’humour burkinabè est en pleine mutation positive, je demande du soutien pour les doyens de notre humour afin qu’ils nous aident, nous les jeunes à notre tour. Que la paix revienne au Faso.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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