Originaire de la localité de Toudou à quelques encablures de Kombissiri, Abdoul Razack Ouédraogo est un jeune promoteur culturel passionné de ce métier depuis la tendre enfance. Né et grandi à Ouagadougou, il suivra les traces de son géniteur dans cette noble activité de promotion culturelle et artistique.
A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, il nous parle de sa passion, de ses rapports avec les artistes, de Galaxy Plus et de la chaîne de ses espaces. Il revient sur des difficultés du métier, ses projets, son quotidien, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè et l’état de santé du show-biz, en affirmant que la promotion de la culture s’améliore de plus en plus, il aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.
Evasion : comment allez-vous ?
Abdoul Razack Ouédraogo : Je vais super bien.
D’où vous vient cette passion pour la promotion des arts du spectacle ?
Tout a commencé depuis le bas-âge car mon père y était déjà engagé, donc j’ai suivi ses pas dans cet élan de la promotion de notre culture. Donc je me suis inspiré de mon père qui était dans la promotion culturelle, ainsi que le mécénat.
Depuis quand êtes-vous engagé dans ce domaine ?
C’est depuis 2011 que je me suis véritablement lancé dans ce domaine.
Après treize ans d’activités, pensez-vous que la promotion culturelle et artistique se porte bien ?
Oui, la promotion de la culture se porte de mieux en mieux. Au niveau de son évolution, il y a eu diversité qui s’impose. Les artistes produisent des œuvres de qualité avec de nouveaux concepts et une autre façon d’organiser les spectacles. C’est vraiment positif.
Comment sont vos rapports avec les artistes ?
Ce sont de bons rapports professionnels où chacun remplit sa part de contrat. Par exemple, j’ai de très bons rapports avec Kayawoto, Amzy et Floby avec qui on se retrouve pour causer et échanger souvent.
Quelles sont les stars de la musique qui sont passées sous votre houlette ?
La liste est longue car j’y suis depuis plus d’une décennie. Il y a des noms qui peuvent m’échapper. Je peux citer Imillo, Reman, Sofiano, Floby, Kayawoto, Amzy, Floman Boy et des vedettes ouest africaines.
Pouvez-vous nous parler de votre nouveau cadre d’expression artistique qui est Galaxy Plus ?
C’est une chaîne d’espaces culturels qui existe depuis 2014 ; nous avons commencé l’aventure au quartier Boassa et nous sommes dans une dynamique de décentralisation de nos activités afin d’être plus proche des populations pour mieux vulgariser notre patrimoine culturel. Galaxy Plus est le nouveau site situé au quartier Pissy, plus précisément à Nabpougo.
Quelle est votre particularité ?
Je mets beaucoup l’accent sur le cadre et l’accueil, avec un personnel composé de nationalités diverses ; l’intégration des peuples est très importante pour moi. Vous y trouverez des Ivoiriens, des Maliens, des Nigériens, des Camerounais, des Togolais, des Béninois et bien évidemment des Burkinabè. On compte une centaine de personnes qui travaillent à Galaxy Plus. Il n’y a pas de secret qui justifie l’affluence, il faut avoir la passion de ce qu’on mène comme activité. La musique burkinabè occupe une place importante dans nos différentes programmations.
Bénéficiez-vous du soutien de structures étatiques dans cette action de lutte contre le chômage ?
(Eclat de rire) … Pas en tant que tel. Mais le fait de nous accompagner au niveau administratif pour avoir les autorisations d’exercer le métier et autres documents n’est pas négligeable. Au niveau financier je n’ai pas encore eu de fonds de soutien.
Quel est votre message particulier ?
Je demande au public de venir découvrir ce que nous faisons car c’est ensemble que nous allons mieux promouvoir notre culture. Je souhaite un accompagnement financier de l’Etat envers les promoteurs d’espaces culturels pour pouvoir mieux valoriser nos artistes. Nous faisons ce que nous pouvons mais nous avons aussi besoin d’un coup de pouce.
Pensez-vous que le show-biz burkinabè se porte bien ?
Oui je peux dire que le show-biz burkinabè se porte bien.
Peut-on savoir vos projets ?
Il y a des projets futuristes avec la rénovation du site de Boassa et un autre site à Gounghin. Il y a également d’autres projets de promotion artistique en cours et vous serez informés au moment opportun. En ce qui concerne la production des artistes, ce n’est pas exclu.
Quelle est la difficulté majeure pour un jeune promoteur culturel comme vous ?
Le métier n’est pas de tout repos, je ne dors pratiquement pas. Il faut rentrer tard et se lever tôt. Tant qu’il n’y a pas la passion, ce n’est pas évident. Il y a le manque de fonds pour nos activités artistiques et il faut aussi être un bon manager pour pouvoir gérer les humeurs du personnel composé de différents caractères. Mais comme j’aime ma culture, je m’accroche. Il faut savoir que dans tout travail, il y a des difficultés.
Quel est votre quotidien ?
Tôt le matin je fais le contrôle, le ravitaillement et vérifie si tout le monde est à son poste. La journée n’est pas de tout repos ; il faut être régulièrement présent car personne ne peut bien faire ton travail plus que toi même. Je me repose un peu les après-midis et les nuits, je suis sur pieds.
Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la promotion culturelle ?
Je vais l’encourager tout en attirant son attention sur le fait que c’est un domaine qui n’est pas facile. Je vais guider ses pas.
Quelle est votre situation matrimoniale ?
Je suis célibataire et père d’un enfant.
Qu’avez-vous à dire pour conclure ?
Comme le disait Thomas Sankara, « seule la lutte libère » ; j’encourage donc chacun à se mettre au travail afin que la génération future soit meilleure. Merci à votre journal pour ce travail impressionnant qui met en lumière les acteurs de l’ombre de notre culture.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON