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SIAKA DIABATE, INSTRUMENTISTE-CHANTEUR : « En rangs dispersés, il sera difficile de trouver une solution adéquate au terrorisme »

Originaire d’Orodara, à l’Ouest du Burkina, Siaka Diabaté est issu d’un père instrumentiste et d’une mère chansonnière. Multi-instrumentiste et chanteur,  c’est en 2008 qu’il débarque à Ouaga. Après avoir accompagné de grands noms de la musique comme Smockey et Solo Dja Kabako, il décide en 2017 d’embrasser une carrière solo professionnelle. Ayant pour instrument de prédilection la kora, il réalise son tout premier album en 2020. Une œuvre qui lui ouvre les portes du marché international. A travers cette interview exclusive, l’artiste nous parle de son parcours, de sa collaboration avec sa nouvelle structure de production qui est Gnogolon Production, sous la coordination du célèbre danseur-chorégraphe Ahmed Soura, revient sur des souvenirs de ses tournées européennes, de son prochain voyage ce 14 août au Canada, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Siaka Diabaté : Je vais très bien.

 

Est-ce le fait d’être né d’une famille d’artistes qui a guidé votre choix dans la musique ?

 

Je dirai oui, car dans notre famille, dès le bas âge, on est contraint de jouer au moins un instrument traditionnel ; et moi, je joue plusieurs instruments, mais je suis plus spécialisé dans la Kora.

 

Pourquoi avoir choisi la Kora comme instrument de prédilection ?

 

Je joue presque tous les instruments de musique mais la Kora m’inspire le plus. C’est de façon naturelle.

 

Savez-vous fabriquer ces instruments de musique ?           

Oui bien sûr. Nous avons été initiés dès le bas âge à la fabrication des instruments que nous jouons. La kora que j’utilise, c’est moi-même qui l’ai fabriquée. Je fabrique la flûte, le djembé et bien d’autres instruments.

 

C’est à quel moment qu’est intervenu le déclic d’embrasser une carrière professionnelle dans la musique ?

 

C’est une belle question car beaucoup d’instrumentistes même doués sont restés au village sans en faire une carrière professionnelle. Aujourd’hui, je voyage à travers toute l’Afrique et l’Europe grâce à ma kora. Au début, j’ai accompagné des artistes comme Smockey, Bilgo, Abass Vitalo et Solo Dja Kabako. Tout bascule véritablement en 2017 avec le groupe Jazz Myth, lors du festival Afro-beat ; j’ai décidé de faire une carrière solo. C’est ainsi que j’ai commencé la composition de mes propres chansons.

 

Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?

 

Je chante beaucoup l’amour et des faits de société. J’observe tout ce qui se passe autour de moi, c’est ma source d’inspiration.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis célibataire sans enfant.

 

Qu’en est-il de votre premier album sorti en 2020 ? 

 

C’est l’album « Tounga » qui veut dire en bambara l’aventure.    C’est une œuvre de huit titres qui m’a ouvert les portes du marché international mais qui malheureusement n’a pas bien été connue ici au Burkina Faso car je n’avais pas pu rencontrer des acteurs culturels qui pouvaient s’occuper de la promotion. L’album m’a permis de tourner en Allemagne et en Pologne.

 

Vous venez de signer un contrat avec Gnogolon Production, quels seront les projets avec cette structure ?

 

Il y a le nouvel album en cours, il sortira très bientôt et sera baptisé « Kanou » qui veut dire l’amour. J’ai travaillé avec de grands musiciens comme Seydou Koïta qui est le guitariste d’Amity Méria, Kantala a assuré les arrangements. C’est un album qui a une coloration variée et qui fera le bonheur de mes fans. Il y a également des scènes en Europe.

 

Comment s’est faite la rencontre avec Ahmed Soura, un célèbre danseur-chorégraphe qui est votre producteur ?

 

C’était lors de mon premier voyage à Berlin en Allemagne que je l’ai rencontré par le biais d’Aziz Sinka. Pendant tout mon séjour, nous avons bien collaboré et l’idée de travailler ensemble est venue. Je profite de l’occasion pour lui dire merci pour la confiance, cette marque de considération et la perche qu’il me tend.

 

Quel enseignement tirez-vous de cette démarche ?

 

J’interpelle les artistes qui ont des débouchés sur le marché international à tendre la perche aux autres au lieu de garder jalousement cette opportunité. C’est ensemble que nous ferons avancer notre culture hors de nos frontières. Ahmed Soura est connu mondialement et je ne suis pas le premier artiste à qui il ouvre ses portes. C’est vraiment un exemple à suivre.

 

Que pensez-vous de l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Elle est en pleine ascension. Nous avons actuellement une diversité d’artistes et de styles musicaux. Mais il nous faut travailler à ne pas nous éloigner des rythmes de notre terroir.

 

Quels souvenirs gardez-vous de vos multiples voyages à travers le monde ?

 

Ce sont de beaux souvenirs. Et ce qui m’a le plus marqué, c’est ma tournée en Pologne en 2021 car c’est le drapeau du Burkina qui flottait et cela devant des milliers de spectateurs.

 

En tant qu’artiste, qu’avez-vous à dire aux Burkinabè face à la situation sécuritaire que nous vivons ?

 

C’est triste ce que nous vivons depuis un certain moment. Nous devons nous unir pour être forts afin de vaincre le terrorisme. En rangs dispersés, il sera difficile de trouver une solution adéquate.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Oui, je vis de mon art et je m’y épanouis.

 

Vous vous envolerez ce 14 août pour le Canada, de quoi est-il question ?

 

J’y vais pour un projet musical en emportant le Burkina dans mon cœur. Cela a été possible grâce à ma nouvelle structure de production.

 

Quel est votre mot de la fin ? 

 

Je vous dis merci ainsi qu’à votre équipe pour ce temps que vous m’accordez. Merci à vos lecteurs et vivement que la paix revienne au pays.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

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