Au fil des semaines

SALAIRES DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT: Seule la transparence compte !

Le Conseil des ministres du vendredi 6 mai dernier a abordé, entre autres, la question de la rémunération des membres de l’Exécutif. A ce sujet, le porte-parole du gouvernement, le ministre Lionel Bilgo, a laissé entendre ceci : « La rémunération des membres du gouvernement n’est pas au cas par cas. Il n’y a pas de super payé ou de sous-payé ». Le ministre a, en outre, ajouté qu’ : « aucun ministre n’a négocié sa rémunération». Dans l’hypothèse où les propos du ministre seraient avérés, l’on peut dire d’emblée que le gouvernement de transition a été bien inspiré de ne pas donner la latitude aux ministres de négocier leur rémunération. Et pour cause, l’homme est, peut-on dire, par nature égoïste. De ce point de vue, si on lui donne la possibilité de négocier son salaire, le risque est grand qu’il fasse dans l’exagération. Sous Roch Marc Christian Kaboré, en effet, des ministres avaient négocié leur salaire de sorte à ne pas être rémunérés en deçà du traitement qu’ils avaient, avant d’être appelés au gouvernement. L’enfant de Tuiré n’avait pas trouvé à redire. L’argument invoqué est que les textes le permettaient. Un autre argument brandi pour calmer la colère des Burkinabè qui étaient indignés par ces « salaires négociés », était que la pratique était antérieure à l’avènement du régime du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès). Un tel argumentaire, à notre sens, a un caractère spécieux. Car, quelque part, il tente de justifier une pratique susceptible de léser l’intérêt général au profit des intérêts individuels et égoïstes. En vertu desdits textes, des salaires hors norme étaient versés à des ministres. Pendant ce temps, l’écrasante majorité des populations vivait en dessous du seuil de pauvreté.

 

Les uns et les autres ne doivent pas perdre de vue l’étymologie du mot ministre

 

Ce paradoxe était tout simplement révoltant, à cause de son caractère indécent. Ce sont ces arrangements entre copains et camarades de parti, sous la table, qui ont, entre autres, constitué le lit de la fronde sociale permanente contre le régime Kaboré. C’est pourquoi les nouvelles autorités gagneraient à abroger purement et simplement les textes qui ont permis légalement à des ministres du gouvernement Roch, d’imposer, peut-on dire, leur rémunération au Trésor public. Le MPSR, pardon le régime de Damiba, gagnerait ensuite à être transparent avec les Burkinabè sur les questions de rémunération de l’ensemble des membres de l’Exécutif et des présidents d’institutions. Et la personnalité politique dont le salaire, les indemnités et autres avantages doivent être officiellement portés à la connaissance du peuple burkinabè, est le président du Faso, c’est-à-dire le lieutenant-colonel Damiba. C’est un impératif catégorique de la bonne gouvernance. S’il était resté commandant de région militaire, on ne lui aurait pas exigé de publier son salaire et ses indemnités et autres avantages dans le Journal officiel. Maintenant qu’il a fait le choix conscient de devenir une personnalité publique, la transparence et la redevabilité deviennent pour lui une exigence républicaine. Dans les pays civilisés où les institutions sont plus fortes que les hommes forts, la transparence est devenue presqu’un réflexe. Les ministres doivent également s’inscrire dans cette logique. Les uns et les autres, en tout état de cause, ne doivent pas perdre de vue l’étymologie du mot ministre. En effet, ce mot vient du latin « minister », c’est-à-dire « serviteur ». Donc, on devient ministre pour servir et non pour se servir. L’on peut avoir l’impression que bien des Burkinabè qui ont eu à exercer cette charge, se sont assis délibérément sur le sens étymologique pour se comporter en véritables prédateurs et pilleurs des ressources de l’Etat. Et pour un pays qui est confortablement installé parmi les pays les plus pauvres du monde, cela est un grand crime qui doit être puni. On peut aller au-delà des membres du gouvernement pour exiger la même transparence à l’Assemblée législative de transition. En effet, bien des Burkinabè trépignent d’impatience de savoir exactement, combien gagnent nos honorables députés en termes de salaires, d’indemnités de session, de frais de carburant et autres avantages fiscaux. Ces données peuvent permettre au peuple du Burkina, de savoir s’ils sont venus au pouvoir pour sauver le Burkina ou pour se sauver. Sangoulé Lamizana et Saye Zerbo avaient mis en place des organes législatifs quand ils étaient aux affaires au Burkina. Comparaison n’est certes pas raison, mais à l’époque, le mandat était gratuit. Seulement une indemnité de 75 000 F CFA était octroyée à ceux qui faisaient office de députés. Aujourd’hui, on en est bien loin, puisque chaque député doit palper au moins 600 000 F CFA. Sans compter les frais de sessions ordinaires et extraordinaires. Dévoilez, s’il vous plaît, le reste de vos avantages aux Burkinabè ; ils en ont besoin.

 

P.K

 

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