Le Conseil des ministres, en sa séance hebdomadaire du mercredi 23 octobre 2024, a adopté un projet de loi portant statut général des personnels des Forces armées nationales (FAN). Selon les termes du compte-rendu des travaux de l’Exécutif burkinabè, ce projet de loi « vise à corriger les insuffisances constatées dans l’ancienne loi, notamment dans l’application des sanctions disciplinaires appliquées aux militaires et la non-prise en compte des défis liés à la lutte contre le terrorisme ». L’on retiendra particulièrement, au nombre des nouveaux dispositifs, la possibilité pour les officiers issus de rang, d’accéder à tous les grades de la catégorie des officiers ainsi que la possibilité de nommer les officiers de rang parmi les adjudants-chefs ayant au moins 3 ans d’ancienneté de grade. Autrement dit, le Burkina Faso rouvre la porte aux « officiers sac au dos » comme on les appelle. Et, il faut féliciter, sur ce point, la clairvoyance de l’Exécutif particulièrement dans ce contexte de guerre contre les groupes armés terroristes qui continuent de semer la mort et la désolation sur les parties du territoire national encore sous leur contrôle. Et pour cause.
D’abord, cette mesure mettra fin aux frustrations de nombreux militaires dont les compétences ne font l’ombre d’aucun doute, mais qui se retrouvent bloqués dans les catégories subalternes en raison seulement de certains diplômes académiques qu’ils n’ont pas sans que véritablement il ne soit établi un lien formel entre ces titres et leurs compétences militaires.
Cette mesure aura pour effet de doper le moral des forces engagées sur les théâtres d’opérations
Et point n’est besoin de démontrer l’effet de cette mise à mort des frustrations liées à la carrière pour la cohésion des Forces armées nationales qui, plus que jamais, doivent présenter un front uni pour faire face à l’adversité. Ensuite, la mesure est salutaire dans la mesure où désormais, les galons peuvent se gagner sur le terrain de la guerre et non seulement sur papier dans les écoles de guerre ou dans les académies militaires. Toute chose qui aura pour effet de doper le moral des forces engagées sur les théâtres d’opérations du seul fait que chaque homme engagé sait que les actes d’honneur et de bravoure qu’il pose pour défendre la Nation, peuvent lui valoir une promotion. Enfin, la mesure permettra de freiner un tant soit peu la bureaucratisation tant décriée de l’armée avec son revers bien connu qu’est l’embourgeoisement de la hiérarchie militaire. L’un dans l’autre donc, l’on peut dire que la relecture de la loi portant statut général des personnels des Forces armées nationales (FAN), est une mise à jour qui permettra de faire bouger davantage les lignes sur le front de la lutte contre les groupes armés terroristes.
Cela dit, il reste à espérer que l’Assemblée législative de Transition (ALT) fera diligence dans l’examen et l’adoption de ce projet de loi et que surtout, la bureaucratie se hâtera de produire les textes d’application afin qu’au plus tôt, l’on en ressente les effets sur les hommes et par ricochet sur le terrain de la guerre. Il reste aussi à espérer que les jeunes générations de militaires saisiront cette occasion pour faire éclore une nouvelle catégorie d’officiers forgés à l’épreuve des faits et qui sauront élaborer de véritables plans de guerre non pas sur papier, mais sur le terrain afin de porter l’estocade à l’hydre terroriste. En somme, il faudra que l’accès à ces grades soit mérité et que cela ne donne pas lieu à des complaisances de nature à susciter des frustrations.
G.G