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RACHID YOMBA, ARTISTE MUSICIEN-INSTRMENTISTE PLURIDISCIPLINAIRE: « Nous sommes en train de travailler sur l’hymne national du Burkina »

Originaire de la localité de Gnaogo dans la province du Boulgou au Centre-Est du Burkina Faso, Rachid Yomba, à l’état civil Abdoul Rachid Compaoré, est un artiste pluridisciplinaire qui est né et a grandi à Bobo-Dioulasso. Passionné de musique depuis la tendre enfance, il commence par la danse, la fabrication d’instruments de musique traditionnelle, apprend à les jouer avant de prendre le taureau par les cornes en embrassant la carrière d’artiste-chanteur.

Installé dans le sud de la France depuis 2009 où il enseigne l’art et la culture dans les écoles, il tourne à travers l’Europe pour des spectacles et réalise son premier album « Yiki » en 2017.

Présent à Ouagadougou depuis quelques semaines, nous l’avons rencontré pour vous.

A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’artiste nous parle de sa passion, de sa philosophie culturelle, de son projet de construction de son centre « No Stress », jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Rachid Yomba : je dirai que par la grâce de Dieu et la force des ancêtres, je vais bien. Actuellement, j’ai le regard tourné vers les projets à réaliser.

 

Quel est le but de votre présence actuellement au bercail ?

 

Je me suis rendu compte que quand l’arbre fleurit, il doit honorer ses racines. Si en Europe, les gens apprécient ce que je fais, et me permettent de me positionner au plan mondial, je dirais que c’est grâce à mes racines et à ma culture. Voilà pourquoi je suis au bercail pour m’enrichir davantage au plan spirituel et humain.

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

Je suis mécanicien d’engins lourds de formation et cette branche m’a forgé une certaine carrure et m’a appris le travail d’équipe. Cela m’a été d’un apport particulier pour la musique qui est une passion depuis ma tendre enfance. La grande partie de mes instruments de musique, c’est moi-même qui les fabrique. Je vous rappelle que lorsque j’étais enfant, j’étais le meilleur danseur du quartier Kolsama de Bobo-Dioulasso. Plus tard, j’ai décidé de faire danser les gens à travers la musique tout en traitant des thèmes de notre vécu quotidien, de la politique et de la gouvernance africaine.

 

Dans quel style musical vous définissez-vous exactement ?

 

Quand je fais du reggae ou du blues, ce sont des rythmes que je fais à ma couleur. Moi je propose une musique inspirée du terroir de plusieurs groupes ethniques du Burkina Faso. Je suis pluridisciplinaire.

 

Pourquoi avoir décidé en 2009 d’aller vous installer en France ?

 

Au départ, j’avais des contrats de café-concert en Europe. Il y a une structure belge Africalia qui m’a proposé des tournées européennes sur un festival Jazz et au fil du temps, j’y ai eu une base et je m’y suis installé.

 

Pouvez-vous nous parler de votre principale activité en France ?

 

Je me suis aperçu qu’au-delà de la musique, il y a des messages à faire passer auprès des enfants par le biais de la culture. Je travaille sur l’éducation morale et les valeurs fondamentales de la vie. J’enseigne la culture africaine dans les écoles du sud de la France. Je leur inculque des valeurs comme l’acceptation de l’inconnu, le vivre-ensemble, le respect du doyen et bien d’autres ainsi que les arts vivants.

 

Et a quand la sortie du prochain album ?

 

Pour l’instant, je suis en phase d’observation et de réflexion sur la faisabilité. S’autoproduire n’est pas une chose facile pour un artiste. Moi, je ne produis pas d’album sur la base de programmations en studio, je réalise tout en live. J’ai tourné dans différents pays d’Europe avant de sortir mon premier album « Yiki » en 2017. J’ai déjà une bonne base de données issue de mes résidences de création, je reste ouvert à tout producteur qui voudrait travailler avec moi sur le prochain album.

 

Quel est votre projet en cours de réalisation ?

 

C’est la construction d’un centre culturel dénommé « NO STRESS » dans le but de la transmission du savoir. Il y a la musique, la danse, le théâtre, la fabrication des instruments de musique à partir des objets de récupération, le système de recyclage pour la protection de notre environnement, des résidences de création sur l’écologie et bien d’autres activités comme le cirque. Il y a un podium bien équipé en sonorisation et en lumières pour les diffusions de spectacles ainsi qu’un resto-café. Le centre est situé au quartier Dagnoen près de la maison de la femme à Ouagadougou et est déjà fonctionnel, mais les travaux de construction se poursuivent. Il y a un cinéaste Sylvain Ganou qui travaille avec moi sur le projet.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Je crois qu’il y a encore un effort à faire pour son véritable positionnement au plan international. On ne chante pas pour être juste devant un public, il faut avoir de l’ambition. Il y a des noms qui représentent la fierté du Burkina au plan international, on peut citer Victor Démé, Alif Naaba, Bil Aka Kora, certaines chansons de Floby comme « Espérance ».

 

 

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur demande de rester vrais, originaux et authentiques. J’ai besoin de leur soutien afin de pouvoir porter encore très haut les valeurs culturelles ancestrales. Grâce à leur soutien, nous allons laisser une marque indélébile à partir de nos instruments musicaux traditionnels pour le bonheur de nos enfants et la future génération.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Je dirai que je vis autour de ma musique. (Il éclate de rire).

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis père de trois enfants.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

 

Il y a un proverbe bissa qui dit que quand le papa tape le tambour, il ne peut pas empêcher ses enfants de battre les mains. Le jour que mes enfants ne sont pas à l’école, elles m’aident à la sonorisation, elles tirent les câbles et je leur montre les branchements, elles font le chœur quand je chante. Il y a Yema qui apprend la guitare, Youzra et Amdia apprennent le piano. Actuellement, nous sommes en train de travailler sur l’hymne national du Burkina.

 

Quel est votre mot de la fin ?

 

L’arbre qui s’éloigne de ses racines finira sec. Je demande au peuple burkinabè de garder ses valeurs culturelles, c’est ce qui fera notre force. Soutenons la vérité car elle est la lumière et la lumière, c’est Dieu.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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