Au fil des semaines

OUVERTURE DU PROCES DE LAMINE DIACK: Un os dans la gorge d’un vieux ‘’lion’’

Le procès de l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack, s’est ouvert le 8 juin dernier, devant le Tribunal correctionnel de Paris, au grand dam de ses avocats qui demandaient un nouveau report en invoquant l’absence des deux défenseurs sénégalais historiques de son client, bloqués à Dakar à cause de la maladie à coronavirus. Faut-il le rappeler, le Sénégalais Lamine Diack qui aura marqué le sport en Europe pour avoir dirigé l’IAAF durant 16 ans, est poursuivi pour corruption, abus de confiance et blanchiment en bande organisée, notamment pour son implication présumée dans un vaste système de corruption destiné à protéger des athlètes russes dopés. Sur le banc des accusés, cinq autres personnes devront répondre des faits à eux reprochés dans ce dossier, dont son fils Papa Massata Diack, ex-conseiller marketing de l’IAAF. En fuite dans son pays, ce dernier sera jugé par contumace. Pour un procès historique, c’en est un car les implications de ce dossier vont au-delà des frontières françaises, puisqu’il révèle de mauvaises pratiques qui impliquent des athlètes russes, mais aussi la politique sénégalaise. En effet, Lamine Diack aurait reconnu en 2015, devant les enquêteurs, avoir utilisé 1,5 million d’euros pour financer la campagne de Macky Sall face au président sortant de l’époque, Abdoulaye Wade. En attendant que tous ces faits soient corroborés au cours du procès, l’on peut, d’ores et déjà, dire que cette action judiciaire risque de porter un coup dur à l’athlétisme international. C’est également peu dire que ce procès constitue un os dans la gorge d’un vieux ‘’lion’’ puisque Lamine Diack risque jusqu’à dix ans de prison s’il est reconnu coupable.  Certes, l’octogénaire crie à un complot et entend, à travers ce procès qui s’avère complexe, laver son honneur. Mais ces rugissements d’un ‘’lion’’ de troisième âge, suffiront-ils à le blanchir ? Rien n’est moins sûr. Bien qu’il bénéficie de la présomption d’innocence, tout laisse croire que Lamine Diack est rattrapé par son passé et risque d’en payer le prix.

 

Peut-être que l’affaire Diack n’est que la partie visible de l’iceberg

 

Sans prédire son issue, ce procès risque, à bien des égards, d’être un procès dans le procès. En effet, au-delà de la personne de Lamine Diack, considérée par les uns comme un ange et un diable déguisé pour les autres, ce sont tous ces micmacs qui contribuent à fabriquer de fausses célébrités et de super riches qui, en réalité,  ne sont que des bandits à col blanc, qui risquent d’être étalés sur la place publique. Et ce ne serait que tant mieux, car on le sait, le sport qui déchaîne les passions, est loin d’être un milieu sain. Peut-être que l’affaire Diack n’est que la partie visible de l’iceberg. On est d’autant plus fondé à le croire que les soupçons de dopages sans suite, sont légion dans le milieu du sport et ce, depuis Mathusalem. En tout cas, il serait naïf de croire que Lamine Diack a été le seul patron d’une organisation sportive à fermer les yeux sur des cas de dopages moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes.  Cela dit, il faut souhaiter que ce procès soit équitable et pédagogique. C’est en cela qu’il pourrait contribuer à nettoyer les écuries d’Augias dans bien des disciplines sportives. Quid du côté politique de l’affaire ? Jusqu’où la Justice française pourrait-elle pousser cette affaire ? Le pouvoir de Macky Sall sera-t-il éclaboussé ? Bien malin qui pourrait répondre à ces questions.  Ce qui est, par contre, certain, c’est que Dakar n’est pas prête à livrer à la Justice française Papa Massata Diack. Faut-il voir dans cette attitude du pouvoir sénégalais, un signe de culpabilité? De quoi l’ex-conseiller marketing de l’IAAF a-t-il peur?  Certes, il n’est pas beau pour un Etat de livrer ses citoyens pieds et poings liés à une cour étrangère qui, de surcroît, l’accuse de corruption et de blanchiment d’argent. Mais en adoptant cette posture, le Sénégal apporte de l’eau au moulin de la Justice.

 

Dabadi ZOUMBARA         

 

 

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