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MARECHAL BEN CARLOS (Artiste-musicien) : « Je suis contre ce qui se passe dans mon pays »

 

Né à Pitmoaga près de la localité de Kokolgho, à une quarantaine de kilomètres de Ouagadougou, sur la Nationale 1, Maréchal Ben Carlos, à l’état civil  Talémanegba Nikièma, est un reggae maker Burkinabè qui a trois albums à son compteur.  En 1999, il s’installe en Côte d’Ivoire et se lance dans la mode avec l’aide de son oncle et crée par la suite des ateliers de couture aux quartiers Attécoubé et Alocodjro d’Abidjan, après s’être perfectionné en stylisme-modélisme. Revenu au Burkina depuis 2002, juste avant la crise ivoirienne, l’artiste nous raconte dans cette interview, ce qu’il a eu comme choc après la destruction de ses ateliers, il évoque également sa carrière musicale et ses projets. Lisez plutôt.  

Comment va le Maréchal ?

Je vais très bien malgré une situation socio-politique qui ne donne pas la bonne humeur.

Peux-tu nous parler de ton retour au Burkina en 2002 ?

C’était avant la guerre, et je n’étais pas venu pour rester. C’était pour la sortie de mon premier album, malheureusement la crise ivoirienne a débuté et je suis resté bloqué ici au Burkina, car mes deux ateliers de couture, sis aux quartiers Attécoubé et Locodjro d’Abidjan, ont été saccagés.

Comment as-tu pu réaliser un album pendant que tu étais plus ancré dans la mode ?

J’arrivais quand même à trouver du temps pour mes compositions et mes créations en matière de musique. C’est le titre « Tid bao yéla vonré » que je suis venu lancer au Burkina. Mes apprentis que j’ai laissés à Abidjan pour la gestion de mes ateliers m’ont appelé un jour pour m’informer que les ateliers ont été saccagés, et ça été un coup dur pour moi.

Et tu n’es plus reparti à Abidjan depuis 2002 ?

Depuis le début de ma carrière musicale, je travaille avec le doyen Prince Edouard Ouédraogo comme arrangeur. C’est ainsi que je suis reparti en Côte d’Ivoire en 2006 pour l’enregistrement du second opus, car Prince n’était pas encore installé au Burkina.

Qu’en est-il de ce second album ?

Je l’ai baptisé « Rogom » qui veut dire la fraternité, et il est sorti en 2007. Il n’a pas connu le succès escompté, faute de promotion, car mes albums sont des autoproductions et les moyens me manquent.

Et le nouvel opus ?

C’est ce que j’évoquais de suite, il y a un problème de moyens financiers. Le nouvel album qui est le troisième de ma carrière s’appelle « Yikipinda », il était prévu pour sortir le 3 octobre 2014, mais c’est finalement en janvier dernier que je l’ai mis sur le marché du disque ; il comporte neuf titres.

On t’a connu avec le pseudonyme Ben Carlos, pourquoi as-tu ajouté Maréchal depuis ton troisième album ?

Dans tout domaine d’activités, il y a des supérieurs et on évolue en grade. Par rapport au temps que j’ai passé dans le domaine de la musique et surtout dans le ghetto, ce n’est pas facile. Moi, j’ai eu vraiment le courage de continuer et les amis m’ont surnommé le Maréchal. J’ai commencé avec un album de six titres pour me retrouver avec un troisième de neuf titres.

Que penses-tu de la crise sociopolitique que traverse le Burkina ?

En tant qu’Africain, je suis contre ce qui ce passe dans mon pays. Il faut trouver une solution pour éviter le pire.

Es-tu satisfait de ta carrière ?

Je peux dire que oui, même si financièrement je n’ai pas d’argent. Par rapport à certains artistes de ma génération, je trouve que j’ai progressé. Il y a certains artistes avec qui j’ai commencé la carrière, mais qui n’ont pas pu tenir le coup et ont raccroché. Il y a des gens qui me soutiennent d’une manière ou d’une autre et je trouve que c’est l’essentiel, le meilleur reste à venir. Dieu m’a toujours donné la santé, c’est pour que je persévère dans ma carrière.

Qu’en est-il de tes concerts à travers le pays ?

Je tourne à travers toutes les provinces du Burkina et c’est ce qui me permet d’enregistrer mes albums et d’assurer la promotion. Je peux dire que ça va. Il y a des dates qui étaient en cours, mais la situation nationale a fait qu’on a mis tout en stand-by.

Es-tu passé dans des chorales ? Car on sent une coloration gospel sur certains titres de tes albums.

(Il éclate de rire………) j’ai été plus ou moins dans des chorales, car je suis catholique, j’ai même été baptisé en 1980. Je chantais beaucoup à l’église et c’est ce qui peut expliquer cela.

Continues-tu la couture ici à Ouagadougou ?

J’évolue timidement dans l’art vestimentaire ici au Burkina, je n’ai pas assez de moyens pour installer un atelier, je couds à la maison. Ceux qui savent que je suis un styliste de haut niveau viennent me donner leurs tissus ou pagnes pour la confection de leurs habits et ils sont toujours satisfaits. J’ai des petits contrats que je réalise à la maison.

Quels sont les projets du Maréchal du reggae Burkinabè ?

C’est quand on a la paix qu’on parle de projet. Voilà pourquoi je souhaite la paix dans mon pays. Je compte organiser une tournée nationale pour faire découvrir mon album qui est intitulé « Yikipinda ». Mon souhait est d’ouvrir un centre de formation pour les jeunes afin de leur transmettre mon savoir. Cela peut éviter le chômage, car l’Etat ne peut pas employer tout le monde.

Qu’est ce qui justifie le choix du titre « Yikipinda » pour ton nouvel album ?

Ça veut dire beaucoup de choses : je parle d’abord de la circulation routière, car qui veut aller loin ménage sa monture. Il ne faut jamais se lever à la dernière heure pour vouloir faire vite. Je parle de la prévoyance des conflits dans la chanson « wakata taamè » ; il faut prendre ses précautions pour préserver la paix.

Quel est ton mot de la fin ?

Je remercie le magazine Evasion pour l’intérêt que vous me portez. Je salue mes fans, sans oublier de dire merci aux promoteurs qui me contactent régulièrement pour des spectacles ; le combat ne fait que commencer et que Dieu bénisse le Burkina Faso !

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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