Cela fait longtemps que je lis « Solutions à nos problèmes ». Les lettres de certaines personnes paraissent proches de mon cas et je voulais lancer moi-même un appel au secours. Mais ce n’est pas facile d’étaler la nudité de ma vie. J’ai 38 ans et depuis l’école maternelle, ma vie est un vrai cauchemar. Le regard des autres me pétrifie à tel point que je ne peux plus parler avec cohérence, mon esprit se bloque et j’ai l’air d’un idiot.
J’ai donc pris l’habitude de fuir. J’ai enduré mon manque de confiance en moi. Il m’est impossible d’avoir une conversation. J’ai beaucoup de mal à gérer ma vie. Pendant l’adolescence, ça allait plus ou moins bien. J’étais entouré de mes parents et de mes deux frères. Je pensais naïvement que comme tout le monde, j’aurai plus tard une vie normale, avec femme, enfants et amis. Mais lorsque mes deux frères sont partis de la maison, j’ai dû faire face à ma solitude imprévue. Un jour, j’ai bu l’alcool et cela m’a fait du bien. Depuis ce temps, je suis devenu un grand buveur. J’ai toujours espéré trouver quelqu’un qui m’aime suffisamment pour que je puisse arrêter de boire et ranger ma vie. J’ai connu quelques aventures sentimentales, mais elles ont été de courte durée, sauf une. Nous avons vécu un an en concubinage, et elle m’a largué plus tard. Bien que je sois chrétien catholique pratiquant, j’ai alors fait une tentative de suicide car, dans mon désespoir, même l’alcool ne m’aidait plus. J’avais 30 ans, j’ai sombré dans la déprime et je suis retourné chez mes parents. Je commence à vieillir, ma mère aussi et mon père sont morts, il y a cinq ans. Les angoisses deviennent de plus en plus fortes maintenant et ma vie reste chaotique. Je dois souvent changer d’entreprise. En effet, faute de pouvoir m’exprimer et communiquer, les collègues pensent que je les méprise ou que je suis carrément idiot. Du coup, ils se mettent à l’écart, ça ne peut plus durer, ma vie n’est qu’un échec. Je me sens inutile, ma souffrance même, ne sert à rien. J’en ai marre d’attendre le soir pour boire seul et me redonner ainsi de faux espoirs. J’arrive bientôt à 40 ans et ma solitude devient un enfer. Est-ce que je ne suis pas maudit ?
M.Y Sanogo, Ouaga
Vous avez déjà fait un grand pas en avant, le fait de parler de votre histoire dans notre rubrique. Cela prouve que vous êtes conscient et que vous cherchez à améliorer vos conditions de vie. Vous pouvez passer par les réseaux sociaux ou les agences matrimoniales ou autres sites de rencontres pour trouver une copine pour discuter et passer de bons moments. Vous pouvez également militer dans les associations par exemples les associations catholiques ou autres. Mais le mieux, c’est de se faire suivre par un psychologue parce que vous n’êtes pas bien dans votre peau et dans votre tête. Vous êtes animé d’une peur intérieure et cela vous ridiculise et vous pousse à devenir alcoolique. Prenez soin de vous, sinon la dépression prendra totalement le dessus. Soyez fier et digne de vous-même. Ne soyez pas bloqué car à 38 ans, il n’est pas encore tard d’organiser votre vie. Si vous avez une copine, c’est bien, mais n’en faites pas un grand problème, car chaque chose a son temps. L’essentiel pour vous, c’est d’être bien équilibré et d’être joyeux comme la plupart des gens de votre génération. Le départ de votre copine vous a marqué et cela explique peut-être votre tentative de suicide. Vous avez pris une solution sage en revenant vivre avec vos parents, parce que vu votre état, ce n’est pas du tout conseillé de vivre tout seul. L’alcool n’arrange en rien vos affaires. Bien au contraire, il vous détruit plus. Vous pouvez boire un verre en passant, mais se mettre à consommer des quantités énormes, vous nuira. Vous- même vous avez si bien dit que l’alcool vous redonne de faux espoirs. Ayez confiance en vous et prenez plusieurs séances avec un spécialiste des troubles psychosomatiques. Aussi, je suis sûr que vous aurez gain de cause. Vous êtes déjà réveillé, et sur la bonne voie de guérison. Il suffit d’un petit pouce et tout rentrera dans l’ordre. Vous n’êtes pas maudit. Loin de là, vous êtes mentalement malade et on peut toujours vous soigner. Je compte sur votre courage et votre volonté, je vous souhaite meilleure santé.
NB : Nous vous rappelons que cette rubrique est la vôtre. Ceux ou celles qui ont, de par leurs expériences propres ou non, des conseils à prodiguer aux âmes en détresse, sont prié (e)s de nous les envoyer. L’anonymat leur est garanti s’ils/elles le souhaitent. Ils/elles peuvent également déposer directement leurs courriers au siège des Editions « Le Pays », sis au quartier 1 200 Logements de Ouagadougou ou auprès de nos représentants dans les différentes provinces.
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