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JOHN KYFFY (EX-YALLEY), ROI DU ZEZE POP, ARTISTE MUSICIEN IVOIRIEN: « J’ai hâte de venir partager avec les Burkinabè, les bonnes nouvelles »

De John Mayal à John Yallet et Aujourd’hui John Kyffy, il demeure le Roi du Zêzê Pop sur le continent africain. A l’état civil, David Wanyou, il est originaire de la localité de Gagnoa en république de Côte d’Ivoire. C’est au début des années 80 qu’il commence à se produire dans les night-clubs d’Abidjan avec son groupe les Blacks Devils avant de rejoindre Les Scorpions et plus tard les Shafts. Grand danseur de ziglibithy aux côtés de feu Ernesto Djédjé, il lance, en 1985, au stade Felix Houphouët Boigny, son style, le Zêzê Pop qui traversera le temps et l’espace. John Yalley, si vous voulez John Kyffy, est l’auteur de célèbres chansons comme « You O Non » « Toutoula » et des albums à succès comme « Zêzê Pop Expérience », « Steady », « Hygbedia ».

A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder juste après un concert à Accra au Ghana, l’artiste nous a fait voyager dans le temps, est revenu sur son parcours, nous a expliqué pourquoi des changements de noms d’artistes, a abordé sans détour ses projets et des sujets croustillants tout en levant le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

John Yalley : Très bien, je me sens super bien, plus que jamais, prêt à ne rien lâcher, à tout donner pour que le Zêzê Pop soit reconnu comme entité à part entière de la culture africaine.

 

De John Mayal à John Yalley et aujourd’hui John Kyffy, qu’est-ce qui justifie tous ces changements de noms ?

 

La vie n’est pas linéaire. Selon que les années passent, il y a des variantes. A l’époque de John Mayal, j’étais un peu féru de la pop music, du rock’n’roll, de la soul et du blues. C’étaient les couleurs musicales de notre jeunesse. C’est sur ces musiques que nous rêvions de carrières prometteuses alors qu’il fallait avoir un surnom pour être présenté aux boom party, des soirées dansantes que nous organisions avec nos grands frères du quartier à Gagnoa. C’est ainsi que l’un d’eux m’a baptisé John Mayal….  (Il éclate de rire). Donc, c’est avec John Mayal que je trace mon chemin de Gagnoa à Dikodougo en débarquant à Treichville, périodes de décisions, de formations et d’expérimentations à la pratique véritable de mon métier de chanteur.

 

Et quelle a été la suite ?

 

En 1981, je décide de relancer ma carrière et je débarque à Paris, un terrain méconnu. Cette période de ma vie a été très dure, mais j’avançais lentement et sûrement dans ma compréhension structurelle du métier telle que présentée en France et en Europe. Ça n’a pas été du tout facile. Dieu n’oubliant jamais ses enfants, nous avons eu l’opportunité de sortir un disque, notre compréhension du mélange de la pop music et des rythmes africains. Alors, avec des professionnels comme Jean François Kelner, Xavier Descampatrie et d’autres musiciens, nous enregistrons l’album « Tchétché » et au final, John Mayal cède la place à John Yalley pour qui la période était propice car les temps étaient très rudes. Donc, il me fallait porter les habits de la difficulté, en plus, je découvre que John Mayal est un grand chanteur de blues mondialement connu, voilà comment je deviens John Yalley. Les portes s’ouvrent, « Tchétché » cartonne et le Zêzê Pop est un succès. Steady Zêzê délire dans la cité et avec Destiny, je deviens plus posé, la situation de ma vie a changé et donc, après une décennie de John Yalley, je pouvais enfin m’en débarrasser pour devenir John Kyffy désormais et pour toujours.

 

Ne pensez-vous pas que vous déroutez vos fans ?

 

Non, pas du tout, les fans s’adaptent. Ce n’est pas nouveau dans le show-biz. Et puis les fans, c’est la qualité de ta musique qui les intéressent.

 

Apres toutes ces années de carrière, quel est l’état d’esprit du Zêzê Pop ?

 

John Kyffy se porte très bien tout comme le Zêzê Pop, grâce à Dieu et prêt pour le service là où le devoir m’appelle. Je porte fièrement mes 70 ans au top physiquement.

 

Ne pensez-vous pas que le coupé décalé et le zouglou ont fait ombrage à plusieurs styles musicaux en Côte d’Ivoire ?

 

Non, pas du tout, c’est la vie qui est comme ça. La jeunesse d’aujourd’hui pratique la musique, les rythmes et les danses de leur époque, donc ils sont présents avec leurs fans plus dynamiques, plus remontés et plus actuels. C’est normal qu’ils occupent les espaces mais ils ne font ombrage à personne et c’est très bien qu’ils existent.

 

Concernant votre actualité, il est question d’un nouvel album. Pouvez-vous nous en parler davantage ?

 

Ma trop longue absence sur le terrain du disque, a franchement fatigué mes fans à travers le monde et donc, j’aimerais profiter de votre tribune pour présenter mes excuses les plus sincères et promettre que plus jamais cela n’arrivera. Donc, en 2023, j’ai sorti « Ethiopia » qui est un album de 11 titres et, en 2025, j’ai réalisé « Wise », une œuvre de 6 chansons. J’invite mes fans du monde entier à se procurer ces albums afin de renouer le contact avec la qualité.

 

Quels sont vos grands projets ?

 

C’est de ne plus arrêter de produire de la musique. J’ambitionne de faire les plus grandes scènes du monde, faire la promotion de ma musique à travers le monde et chanter la vie à l’unisson avec les autres artistes du monde.

 

A quand votre prochain concert au Burkina ?

 

J’ai hâte de venir partager avec les Burkinabè, les bonnes nouvelles de « Ethiopia » et « Wise » sur scène. Mais tout dépend des organisateurs de spectacles où de festivals ainsi que des mécènes avertis. Force à vous, peuple du Burkina Faso, pour les épreuves que vous endurez, Dieu va faciliter.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

A mes fans, qu’ils s’approprient nos œuvres et qu’ils viennent aux activités des artistes afin de leur donner la force et de réagir activement sur les plateformes de téléchargement.

 

Quels sont les souvenirs qui vous ont le plus marqué durant votre carrière ?

 

Il y a beaucoup de beaux moments comme il y en a de tristes. On va retenir la production de l’album le Zêzê Pop, une expérience de grands moments de reconnaissance pour le travail abattu. Il y a également le « Concerto » à Abidjan devant 15 000 personnes. C’était la folie, un jeudi après-midi, une sacrée connexion avec le monde universitaire en 1994. Voila quelques fabuleux moments avec mon public.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je vis avec Sally, ma toute gentille petite femme et j’ai des enfants qui ne font rien avec mon métier ; ils sont dans d’autres activités….  (Il éclate de rire) …

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos traces dans la musique ?

 

Le jour que ça les intéressera, ils vont s’approcher de tout le matos qui est à la maison et se mettre à la pratique.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Mon mot de la fin, c’est un soutien fort au peuple burkinabè et demander à Dieu de dire seulement un mot pour le vaillant peuple qu’il incarne. Merci a votre magazine et à très bientôt.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

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